Page images
PDF
EPUB

TROISIÈME PARTIE.

APPENDICE.

[graphic][merged small][subsumed][subsumed][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Par le terme de négociation, on entend communément l'art de manier les affaires d'État, en tant qu'elles regardent les intérêts respectifs des grandes sociétés qui sont censées indépendantes, et se trouver entre elles dans la liberté naturelle. Il n'est pas étonnant que l'éclat des affaires de cette espèce en impose assez aux hommes, pour les porter à donner à l'art de traiter ces affaires le nom qui devrait convenir à l'art de traiter les affaires en général, qu'elles soient publiques ou particulières. C'est le plus grand intérêt d'une nation, qui décide de la valeur d'une idée, et c'est cette valeur qui est exprimée par les termes qu'on reçoit exclusivement dans une langue.

Cependant la négociation ne se borne point aux affaires qui se traitent de peuple à peuple : elle a lieu partout où il y a des différends à concilier, des intérêts à ménager, des hommes à persuader, et où il s'agit de faire réussir un dessein. Toute la vie, par conséquent, peut être regardée comme une négociation continuelle. Nous avons sans cesse besoin de gagner des amis,

* En 1833, un auteur que nous nous abstenons de nommer, autant par égard que par rapport à la gravité du fait, a reproduit et tronqué ce même article, qu'il n'a pas craint de donner comme étant du célèbre (Albert) DE HALLER, dont il prétend posséder le manuscrit autographe. Il est à regretter qu'un homme qui ne saurait être indifférent à l'opinion que l'on peut concevoir de sa véracité ait recours à de pareils moyens pour donner du relief à ses productions.

et de

de ramener des ennemis, de redresser des impressions désavantageuses, de faire entrer les hommes dans nos vues, nous servir enfin de tous les ressorts propres à faire prospérer nos projets. Il est des affaires de particulier à particulier qui, par le choc des passions, par la contrariété des caractères, et par la différence de la façon de penser des parties, deviennent si embrouillées, qu'elles ne demandent pas moins d'art et d'habileté pour être terminées, qu'un traité de paix entre les plus grandes puissances. J'ai vu traiter une bagatelle, qui, par la difficulté de réunir un grand nombre de personnes différentes d'état, de nation, de religiou et de sentimens, occasiona autant de pourparlers, exigea autant de finesse et causa autant de peine que l'affaire la plus importante.

[ocr errors]

Quoique l'art de négocier les affaires publiques ait mérité jusqu'ici et mérite encore préférablement notre attention, l'étendue et l'utilité de celui de traiter les affaires en général devrait nous engager à ne pas le négliger. Son examen sera d'autant plus nécessaire, que la théorie de la négociation, prise dans le sens le plus universel, est commune aux affaires de toute espèce, et que la négociation publique ne diffère de la particulière que par son objet et par quelques nuances de l'exécution, accommodées à la diversité des circonstances. Il ne sera donc pas inutile de faire la recherche des règles de la négociation en général, et de les appliquer alors à la publique avec les modifications requises.

A cet effet, j'aurai besoin de quelques principes relatifs à la théorie des passions, et je dois présupposer ces principes en faveur de la brièveté et pour éviter le dégoût des répétitions.

Pour ne point tâtonner dans l'obscurité, et pour ne point tomber dans des inconséquences continuelles, il est indispensable de se former une idée nette de l'affaire à traiter et d'en dresser un plan bien lié, et pour le fond et pour les moyens les plus propres pour obtenir le but désiré. Il est des hommes naturellement inquiets, qui s'agitent sans cesse, qui portent leur inconstance d'objet en objet, et qui, sans dessein arrêté, s'occupent de tout sans paraître occupés. Ce défaut gagne souvent ceux qui décident du sort des nations. Une cour a des yues vagues d'agrandissement; elle veut se faire valoir et

« PreviousContinue »