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du XVIIe siècle. Il y a joint des notes nombreuses, qui éclaircissent autant de points obscurs et comblent des lacunes. A cet effet, il s'est adressé à divers érudits, versés, chacun pour sa spécialité, dans l'histoire du Forez et du Lyonnais. Tels sont MM. A. Steyert, aujourd'hui archiviste de l'Hôtel-Dieu de Lyon; Guigue et de L'Épinois, archivistes paléographes, anciens élèves de l'École des Chartes; De LatourVaran, bibliothécaire de Saint-Étienne; A. Barban, archiviste du département de la Loire, et plusieurs autres. Avec une justice pleine de courtoisie, l'écrivain à qui l'on doit la publication de La Mure énumère tous ses collaborateurs, en rendant à chacun ce qui lui est dû. Un seul nom manque à cette liste, c'est celui de l'éditeur lui-même, absent du titre, et que le bibliographe est obligé de déterrer sous cette modeste

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SCEAU ÉQUESTRE DE JEAN 1er, COMTE DE FOREZ, NÉ EN 1275, MORT EN 1333, d'après un acte de 1307.

rubrique qui termine une savante Notice sur La Mure, insérée après l'Avertissement; cette rubrique est ainsi conçue L'éditeur, R. C.

La partie d'art ou d'exécution typographique ajoute un grand prix à ce travail, et lui conquerra légitimement toute une classe d'acquéreurs. Ce livre, imprimé à Lyon chez Louis Perrin, a été tiré à cinq cents exemplaires, savoir: quatre cents sur papier vergé, cinquante sur papier vergé fort, el cinquante sur papier vergé teinté à l'antique. L'aspect général de cet in-4° rappelle tout à fait le Recueil des rois de France, de Du Tillet, Paris, 1602 (in-4°, fig.), recueil bien connu et justement estimé de tout bibliophile. Nous ajouterons sans flatterie que l'imitation de M. Perrin fait au moins autant de plaisir à voir que l'œuvre de son prédécesseur du XVIIe siècle, «< Adrian Périer, rue Sainct lacques, au Compas d'Or, » éditeur du Recueil. Un goût rare et une libéralité digne de la seconde ville de France ont présidé à l'établissement de cette publication. Parmi les collaborateurs de M. R. de Chantelauze, le premier rang appartient à M. André Steyert, qui joint à la plume d'un antiquaire le très-habile crayon du dessinateur. M. Steyert a étudié avec amour les monuments de l'art du moyen âge. Peu d'artistes de notre temps ont aussi bien réussi à comprendre et à s'assimiler le caractère de ces monuments, principalement des monuments héraldiques.

Nous reproduisons, pour illustrer la présente analyse, quelques-uns de ces dessins, empruntés à l'Histoire des comtes de Forez et des ducs de Bourbon. Les peintres, sculpteurs, etc., qui traitent les sujets de notre histoire nationale, ont de plus en plus

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GRAND SCEAU DE LOUIS er, DUC DE BOURBON, NE VERS 1285, MORT EN 1342

besoin de s'initier à ces détails iconographiques. Sous ce rapport, ils consulteront spécialement, avec fruit, l'ouvrage qui a fait l'objet de cet article.

A. V.-Y.

Parmi les nominations dans l'ordre de la Légion d'honneur, à l'occasion des fêtes du 15 août, nous signalerons à nos lecteurs les noms suivants :

Au grade de commandeur: MM. de Saulcy et Ravaisson, membres de l'Institut; au grade d'officier: M. Sébastien Cornu, conservateur provisoire du Musée Napoléon III; au grade de chevalier MM. Édouard Fournier, Henri Lavoix, Vallet-Viriville, hommes de lettres; Clément, conservateur adjoint provisoire du Musée Napoléon III; Lance, architecte; Lenepveu et Belly, peintres; Geoffroy de Chaume et Marcellin, sculpteurs; Hucher, directeur adjoint du Musée du Mans, et Chenavard, ancien professeur à l'École des beaux-arts de Lyon.

- M. Guillaume, sculpteur, a été nommé membre de l'académie des beaux-arts, en remplacement de M. Petitot, décédé.

Le directeur : ÉDOUARD HOUSSAYE.

PARIS.- IMPRIMERIE DE J. CLAYE, RUE SAINT-BENOIT, 7

MUSÉE NAPOLÉON III

COLLECTION CAMPANA

LES MAJOLIQUES ITALIENNES

'APPRÉCIATION des objets d'art et de curiosité doit être très-différente, selon qu'on se place au point de vue de leur valeur vénale ou de leur intérêt historique.

Pour le marchand, dont les capitaux veulent obtenir un accroissement sûr, un roulement rapide, la beauté première d'une pièce réside dans son intégrité; si le volume, l'agrément de la forme et du décor, l'éclat et la fraîcheur de l'ensemble se joignent à ce mérite fondamental, le prix s'augmentera en raison de l'extension du cercle des acquéreurs, l'objet pouvant aussi bien enrichir la vitrine d'une collection qu'ajouter au relief d'un mobilier luxueux, à la variété d'un salon artistique.

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Pour le savant- en écartant de ce mot toute signification pédantesque les bases du jugement sont pour ainsi dire inverses. Les dates, les signatures attireront d'abord son attention: établir les commencements ou la décadence d'une fabrique, ajouter un nom d'artiste aux listes déjà publiées, déterminer les caractères d'un produit encore peu connu, trouver dans certaines tares un moyen de restituer la technique ancienne, chercher, par les sujets et les armoiries, à circonscrire les écoles et les provenances telles seront ses principales préoccupations.

XIII.

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Aussi, dans ces études ardues, il n'est pas de témoignage méprisable; sans méconnaître le mérite des œuvres admirées de tous, on devra s'arrêter de préférence devant le spécimen instructif, si modeste qu'en soit l'apparence, quelque imparfaite qu'en soit la conservation.

C'est pour ne s'être pas suffisamment pénétrés de la divergence de ces deux points de vue, que tant d'écrivains ont erré en parlant des collections réunies au musée Napoléon III. Les uns y ont vu trop d'ouvrages secondaires, parmi lesquels se perdaient en quelque sorte les pièces capitales, ceux-ci raisonnaient en marchands; les autres ont récapitulé des chiffres, admettant que toute production antique ou de la renaissance a sa valeur dans l'histoire des industries d'art, et qu'une collection nombreuse est par cela seul une collection riche. C'est l'exagération du point de vue savant.

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La vérité est entre ces deux extrêmes, et nous allons la chercher, pour les majoliques de l'ancienne collection Campana, dans une étude des principaux ouvrages de chaque école et de chaque maître.

D'abord, qu'est-ce que les majoliques, et d'où vient leur nom? Cette question a été résolue. D'accord avec Scaliger et Fabio Ferrari, les écrivains modernes admettent que les célèbres poteries hispano-moresques, fabriquées à Majorque et portées de là dans toute l'Europe, ont fourni le modèle et la dénomination des faiences émaillées à reflets de la péninsule italique.

Passeri, habitué aux recherches historiques, semble adopter cette définition, puisqu'il établit, dans son livre sur les poteries de Pesaro, une délimitation entre les faïences émaillées primitives et les produits plus parfaits décorés du nom de porcelaine. Parlant de Guidobaldo II della Rovere, il dit : « Ce prince magnanime, qui fut véritablement notre « Auguste, ayant établi à Pesaro sa résidence ordinaire, prit tellement à « cœur de cultiver dans sa principauté la peinture sur majolique que, dès « ce moment, abandonnant la première dénomination, on commença à se «< servir du nom de porcelaine, pour désigner une vaisselle de qualité « faite avec les matériaux habituels plus raffinés; en un mot, une poterie plus parfaite et plus élégante que l'ancienne. » Mais, outre cette différence, le savant auteur en indique une autre : il distingue entre la majolique proprement dite et la demi-majolique. Or, ici son texte n'est pas aussi clair, et il exige quelque discussion.

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« Vers 1300, écrit-il, s'introduisit l'usage de couvrir le vase encore «< cru d'une couche légère de terre très-blanche qui se tire du territoire « de Sienne... et qui servait de fond aux couleurs qu'on commençait à «mettre en usage... Il y avait quatre couleurs qu'on employait alors : le

« jaune, le vert, le noir et le bleu. » Il est impossible de ne pas reconnaître, à ce signalement, une foule de produits italiens de dates trèsanciennes; ce sont, en général, de grands plats à engobe blanc, décorés de portraits, de personnages à cheval, d'arabesques empruntées à l'école de Modène, et, plus rarement encore, de sujets historiques ou sacrés. Le dessin en est rigide, mais saisissant de grandeur et de style, comme la plupart des ouvrages des premiers temps de la renaissance.

Nous admettons volontiers qu'on appelle ces pièces demi-majoliques; mais Passeri en indique d'autres qu'il décrit ainsi : « Les sujets étaient << pour l'ordinaire des arabesques et des armes de famille qui remplis«saient toute la circonférence, et dans les ouvrages les plus recherchés << on plaçait des bustes de déesses, des portraits de princes et d'épouses « pour en faire, comme je le crois, présent aux uns et aux autres.

« Les contours étaient tracés avec le manganèse, les chairs restaient « blanches, et les vêtements étaient réchampis en couleur. La manière « est sèche et dure, quoique correcte; il n'y a ni ombres ni demi-teintes; « mais ce qui manque dans le fini est remplacé par la perfection du ver« nis. Celui-ci a non-seulement un lustre merveilleux auquel n'atteignent les plus fines majoliques, mais en outre il brille, lorsqu'on tourne « la pièce à la lumière, d'un éclat nacré qui, à chaque mouvement, «< change de couleur, et produit mille reflets divers comparables aux « feux du diamant. »>

« pas

Si peu qu'on ait vu de faïences italiennes, on reconnaît que ce passage doit s'appliquer à des pièces tout à fait semblables de décor à celles peintes sur engobe dont nous parlions plus haut, mais qui se spécialisent par leur aspect monochrome et le brillant éclat de l'or et l'orient des perles.

La différence des deux espèces résulte donc uniquement des sources diverses auxquelles les artistes ont puisé leurs inspirations. La Perse, l'Inde, la Chine, devaient avoir, non moins que Majorque et Malaga, leur influence morale sur un peuple intelligent livré, dès le moyen âge, à un commerce actif avec les nations de l'extrême Orient, et, comme nous l'avons expliqué ailleurs1, le nombre considérable des poteries chinoises et persanes, recueillies depuis peu en Italie, prouve assez combien on y attachait de prix à la conservation de ces premiers modèles de l'art national.

La collection ne le démontre-t-elle pas elle-même par la belle pièce n° 43? Ce plat, bleu foncé, sur lequel ressortent des rosaces d'or char

A. Histoire de la Porcelaine, p. 383.

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