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fois de plus le type bas de cette Lucrezia qui n'eut de commun avec Madeleine que les fautes. Ici ce type, étudié d'après nature, va jusqu'à l'ignoble; mais il est si puissamment saisi, et rendu avec un sentiment si vif de la nature, qu'on ne peut qu'admirer l'art du maître. Et toutefois l'exécution, facile et lâchée, montre bien que le temps des Léonard et des Raphaël n'est plus on sent venir la décadence.

319-320. Deux têtes d'enfants, à la sanguine. L'une se renverse en riant; l'ombre qui enveloppe le cou et les joues produit un admirable effet de clair-obscur. L'expression, très-étudiée, n'òte rien au caractère enfantin des traits. L'exécution est large, grasse, onctueuse : deux superbes dessins où l'art le plus charmant a trouvé sans effort la beauté la plus aimable.

321. Croquis à la sanguine, représentant l'Adoration des rois. C'est, parait-il, la première pensée d'un tableau qui se trouve à Florence, dans la galerie Guadagni.

322. Sainte Famille, dessin au crayon noir, estompé, sur un papier gris, de forme ronde la Vierge Marie et son fils, saint Joseph et saint Jean.

323 à 333. Études de diverses figures, entre autres une figure nue répétée deux fois.

334. Un ange à genoux, étude pour une des Annonciations du palais Pitti : le mouvement est beau, le jet des draperies plein d'ampleur et d'élégance.

335. Très-beau portrait d'homme, vu de face.

336-337. Études de mains, à la pierre noire et à la sanguine. On reconnaît la main du saint Jean qui tient un livre dans la célèbre Madonne de la Tribune.

338-339. Deux compositions à la pierre noire. L'une est une Visitation.

340. Prédication de saint Jean, étude, à la sanguine, de la composition reproduite en grisaille dans une des fresques de l'ancienne église dello Scalzo, devenue aujourd'hui l'Académie de Florence.

344. Résurrection, à la sanguine.

342. Une Cène. On y retrouve avec étonnement plus d'une attitude directement empruntée à Léonard de Vinci, et très-peu de points de ressemblance avec la fresque peinte par Andrea au couvent de' Salvi.

343-344-345. Trois compositions: une Adoration des rois, une Pietà, une Madonne.

Ces compositions d'Andrea del Sarto, exécutées d'ordinaire en petites proportions et arrêtées sans vigueur, n'offrent pas un grand intérêt. Ce n'est plus, comme chez les maîtres des maîtres, l'inspiration coulant à flots et forçant les digues; c'est une combinaison plus ou moins neuve d'éléments connus, qui sent souvent la lassitude. L'art est déjà sur la pente fatale, il va glisser, et la main d'Andrea del Sarto est impuissante à le retenir.

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346-347. Trois dessins, entre autres un très-beau clair-obscur sur papier vert, dont le sujet paraît emprunté à quelque poëme de chevalerie.

L'école florentine épuisée, il nous faut maintenant revenir en arrière pour suivre dans les autres écoles la marche progressive de l'art italien. Le groupe des Vénitiens se présente d'abord.

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La Turquerie de Bellini, que possède le musée du Louvre, et qu'un nettoyage, j'allais dire un étamage récent, a encore défigurée, ne saurait donner qu'une idée très-incomplète et très-fausse de ce maître, une des individualités les plus originales de l'école vénitienne. Le double portrait qui lui est attribué par le catalogue du Louvre, sur la foi de Félibien, ne serait qu'un accident de son talent, en supposant que cette attribution ne dût soulever aucun doute. C'est à l'Académie de Venise, c'est au musée Bréra de Milan qu'il faut voir Gentile Bellini, pour apprécier les qualités caractéristiques qui font de lui le portraitiste le plus sincère des mœurs et des gens de son siècle, et un coloriste éblouissant.

348 à 350. Ses dessins, au nombre de trois, représentent des personnages en costume du temps, tels que ceux qu'il a placés dans la Procession de la place SaintMarc ou dans la Prédication à Alexandrie.

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Giovanni, frère de Gentile, dont les œuvres remplissent les églises de Venise, commence seulement à avoir droit de cité en France, grâce à l'acquisition récente du musée du Louvre, acquisition tardive et bien insuffisante pour représenter le maître de Titien et de Giorgione.

351. Belle étude pour un saint Pierre.

352. Une madone sur le trône, entourée de quatre saints. Composition dessinée a la sanguine.

353-354. Études de têtes également à la sanguine, d'un beau caractère.

355. Très-beau portrait, vu de trois quarts, les cheveux longs, un béret sur la tête; il est aussi dessiné à la sanguine. On veut y reconnaître le portrait même de Jean Bellin, dont le nom se lit au haut de la feuille.

VITTORE CARPACCIO. 1450?-1522?

L'auteur des notes de Paris à Venise a fait ressortir l'importance de ce maître charmant qu'il a justement nommé le Hemling vénitien. On ne peut que partager cette admiration quand on a vu les deux tableaux de la légende de sainte Ursule placés à l'Académie de Venise. Toutefois, notre enthousiasme ne va pas jusqu'à déclarer Carpaccio bien supérieur à Jean Bellin. La gloire d'Hemling ne saurait effacer celle de Van Eyck.

356. Un seul dessin, représentant deux figures debout, en costume du temps, exécutées à la gouache, saint Cosme et saint Damien.

LE PERUGIN (PIETRO VANUCCI, DIT).

1446-1524.

Les dessins de la première salle, presque exclusivement empruntés aux initiateurs de l'école florentine, offraient dans leur ensemble ce qu'on

pourrait appeler la légende de l'art primitif. Le Pérugin appartient à la grande époque, à celle qui nous a déjà montré vingt-cinq dessins de Léonard de Vinci, vingt-deux de Michel-Ange, trente et un d'Andrea del Sarto, et qui va nous donner, suprême bonne fortune, trente-deux dessins de Raphaël. Au milieu de ces grands noms, le maître de Pérouse se soutient noblement. Il occupe six cadres, et ses dessins, tous de premier choix, sont au nombre de dix-huit.

357. On a rajusté dans le premier cadre trois fragments, études des figures principales du tableau de Jésus au jardin des Oliviers, que l'on voit à l'Académie de Florence 1. Jésus prie, agenouillé sur un tertre au pied duquel dorment les trois disciples. L'ange descend du ciel lui présenter le calice, tandis qu'au second plan les soldats et les Juifs, guidés par Judas, cherchent leur victime. Le dessin ne comporte que le groupe principal, Jésus et les trois disciples. C'est une étude complète, exécutée d'une main assez libre à la pierre d'Italie sur un papier très-fatigué.

358-359-360. Trois feuilles d'études pour le tableau du palais Pitti. Ce tableau est ce que les Italiens appellent une Pietà, c'est-à-dire la réunion, autour du Christ mort, de tous ceux qui lui ont conservé une pieuse affection. La composition comprend douze figures admirablement groupées au milieu d'un ravissant paysage. Quand le Pérugin exécuta cette peinture en 1496, Raphaël avait treize ans ; et cependant elle rappelle, ou plutôt elle annonce avec tant de puissance les qualités du peintre d'Urbin, qu'on dirait que le maître a profité des leçons de l'élève. C'est Raphaël, et ce n'est pas Raphaël. C'est Raphaël par l'harmonie, par la grandeur, par l'émotion, par l'idéal. C'est plus que lui par la tendresse naïve, la componction grave de certaines expressions, par cette fleur de sentimentalité chrétienne que le païen Sanzio a laissé faner entre ses mains. C'est moins que lui par l'insuffisance du nu, la dureté de certaines lignes, la froideur de quelques personnages, l'uniformité des types. Qui n'a pas vu cette Pietà, ne connaît pas le Pérugin, aussi supérieur ici à son Assomption du Musée de Lyon, que l'Assomption elle-même est supérieure aux tableaux de ce maitre que possède le Louvre. Les dessins sont, comme les précédents, des études complètes des groupes principaux lavés au bistre avec rehauts de blanc, et même sur plusieurs têtes des touches de sanguine, ils ont je ne sais quoi de lourd et de pénible que l'on ne retrouve pas dans la peinture. Ainsi, le visage de la Vierge mère témoigne d'une recherche de l'expression douloureuse qui nuit à la beauté; mais ce que le crayon et le lavis accusent durement, le pinceau a su le fondre en une douce harmonie. Ainsi encore, les mains de l'homme agenouillé qui tient le linceul, dessinées deux fois sur la même feuille, affectent une rigueur géométrique qui les fait presque ressembler à des mains de bois; la couleur leur a rendu la souplesse de la chair. De tels défauts, résultats volontaires d'une étude trop poussée, n'enlèvent rien à la beauté de ces dessins, ou plutôt ils leur donnent un intérêt de plus. Toutefois, ils ont pu faire naître des doutes sur leur authenticité..

364-362. Deux feuilles, également réunies dans le même cadre, études très-avancées de huit figures pour une Assomption de la Vierge. Les unes sont lavées au bistre et rehaussées de blanc, les autres à la plume; on reconnaît, entre autres, cinq des

1. Ce tableau est gravé par Chiassone, dans l'ouvrage d'Antonio Perfetti, Illustrazione della galleria dell' I. et R. Academia delle Belle Arti; 1843-1844.

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