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VI

vait, et par la logique et par l'histoire, à une même conclusion: c'est que sa glorieuse patrie est désormais le pilote du vaisseau de l'humanité. Mais ce vaisseau vole aujourd'hui dans l'ouragan; il va si vite, si vite, que le vertige prend aux plus fermes, et que toute poitrine en est oppressée. Que puis-je dans ce beau et terrible mouvement? Une seule chose: le comprendre; je l'essaierai du moins. Mais il part de haut et de loin; ce ne serait pas trop de l'histoire du monde pour expliquer la France. Peut-être aurai-je le temps d'exposer ailleurs ce que je ne puis qu'indiquer aujourd'hui. Je voudrais dans ce rapide passage, obtenir quel

VII

ques momens du tourbillon qui nous entraîne, seulement ce qu'il en faut pour l'observer et le décrire; qu'il m'emporte après, et me brise s'il

veut !

Paris, 1er avril 1831.

INTRODUCTION

L'HISTOIRE UNIVERSELLE.

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AVEC le monde a commencé une guerre qui doit finir avec le monde, et pas avant; celle de l'homme contre la nature de l'esprit contre la matière, de la liberté contre la fatalité. L'histoire n'est pas autre chose que le récit de cette interminable lutte.

Dans les dernières années, la fatalité semblait prendre possession de la science comme du monde. Elle s'établissait paisiblement dans la philosophie et dans l'histoire. La liberté a réclamé dans la société ; il est temps qu'elle

réclame aussi dans la science. Si cette introduction atteignait son but, l'histoire apparaîtrait comme l'éternelle protestation, comme le triomphe progressif de la liberté.

Sans doute la liberté a ses limites; je ne songe pas à les contester : je ne les sens que trop dans l'action absorbante de la nature physique sur l'homme, mieux encore au trouble que ce monde ennemi jette en moi. Eh! qui n'a pas cent fois, au milieu des menaces et des séductions dont il nous obsède, maudit, nié la liberté ?... Elle se meut pourtant, comme disait Galilée; en moi, quoi que je fasse, je trouve quelque chose qui ne veut pas céder, qui n'accepte le joug ni de l'homme, ni de la nature, qui ne se soumet qu'à la raison à la loi, qui ne connaît point de paix entre soi et la fatalité. Dure à jamais le combat! il constitue la dignité de l'homme et l'harmonie même du monde.

tant que

la

Et il durera, n'en doutons pas, volonté humainese roidira contre les influences de race et de climat; tant qu'un Byron pourra

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