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d'abord les corbeaux; puis les trois vieilles femmes, et maintenant le moulin il t'arrivera sans doute un

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grand malheur. Faut-il reculer ou passer outre ? R. Oui. - Poursuis ta route et dis Moulin, va ton train, et j'irai mon chemin... Plus loin, tu arriveras dans la grande et immense forêt dont les trois vieilles femmes t'ont parlé, forêt immense et sombre; tu pâliras de crainte en la traversant, mais il n'y pas d'autre chemin; les oiseaux chanteront, grands et petits, un vent piquant et glacial soufflera sur toi, les arbres. s'agiteront, wink et wank, klink et klank, ils craque

si

ront comme s'ils allaient tomber les uns sur les autres, et tu seras dans un grand danger : Ah! diras-tu, j'étais resté chez ma mère! car enfin un arbre pourrait t'écraser en tombant, et tu en serais pour ta jeune vie, ta mère pour son fils, et moi pour mon filleul. Tu seras donc forcé de retourner? ou bien veux-tu passer outre?.. tu le dois.

Au sortir de la forêt, tu te trouveras dans une belle prairie, où tu verras s'élever un beau poirier couvert de belles poires jaunes, mais l'arbre sera bien haut.... Reste quelque temps dessous et tends la bouche, s'il vient un vent frais, les poires tomberont dans ta bouche à foison... Est-ce là ce qu'il faut faire? (L'apprenti répond oui, et on le rabote en lui tirant les cheveux

comme il faut.)... N'essaie pas de monter sur l'arbre, le paysan pourrait venir et te rouer de coups; les paysans sont des gens grossiers qui frappent deux ou trois fois à la même place. Écoute, je vais te donner un conseil : Tu es un jeune compagnon robuste : prends le tronc de l'arbre et secoue-le fortement, les poires tomberont en grand nombre....Vas-tu les ramasser toutes? R. Qui. Eh! non pas, tu dois en laisser quelques-unes et te dire : Qui sait? peut-être à son tour un brave compagnon, traversant la forêt, viendra jusqu'à ce poirier; il voudrait bien manger des poires, mais il ne serait pas assez fort pour secouer l'arbre, ce serait donc lui rendre un bon service que de lui préparer des provisions.

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En continuant ton chemin, tu viendras près d'un ruisseau coupé par un pont fort étroit, et sur ce pont tu rencontreras une jeune fille et une chèvre; mais le pont sera si étroit que vous ne pourrez manquer de vous heurter. Comment feras-tu? Eh bien, pousse dans l'eau la jeune fille et la chèvre, et tu pourras passer à ton aise: Qu'en dis-tu? R. Oui.--Eh! non pas; je vais te donner un autre conseil; prends la chèvre sur tes épaules, la jeune fille dans tes bras, et passe avec ton fardeau ; vous arriverez tous trois de l'autre côté, tu pourras alors prendre la jeune fille pour ta femme, car il te

faut une femme, et tu pourras tuer la chèvre, sa chair est bonne pour le repas de noce; sa peau te fournira un bon tablier ou une musette pour réjouir ta femme.... (L'apprenti est raboté de nouveau. )

Plus loin tu verras la ville; quand tu en seras près, arrête-toi quelques momens, mets des souliers et des bas propres.... Demande l'auberge tenue par un maître, vas-y tout droit, salue tout le monde, et dis : Père des compagnons, je voudrais vous prier de m'héberger en l'honneur du métier, moi et mon paquet, de souffrir que je m'asseie sur votre banc et que je mette mon paquet dessous; je vous prie, ne me faites pas asseoir devant la porte, je me conduirai selon les usages du métier, comme il convient à un honnête compagnon.

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Le père te dira: Si tu veux être un bon fils, entre dans la chambre et dépose ton paquet au nom de Dieu. Si tu vois la mère en entrant dans la chambre, dislui Bonsoir, bonne mère. Si le père a des filles, appelle-les sœurs, et les compagnons frères. En plusieurs endroits ils ont de belles chambres, avec des bois de cerfs attachés au mur; pends ton paquet à l'un de ces bois; s'il a plú, et que tu sois mouillé, pends ton manteau près du poêle, comme aussi tes souliers et tes bas, et fais-les bien sécher, pour être le lendemain frais et dispos, prêt à partir; le feras-tu?

R. Oui. — Eh! non pas; si le père a bien voulu t'héberger, entre dans la chambre, dépose ton paquet sous le banc près de la porte, assieds-toi sur le banc, et te tiens coi.

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Quand le soir viendra, le père te fera conduire à ton lit, mais si la sœur veut monter pour t'éclairer... afin que tu n'aies pas peur.... prends garde. Quand tu es arrivé en haut, et que tu vois ton lit, remercie-la, souhaite-lui une bonne nuit, et dis-lui qu'elle descende pour l'amour de Dieu, que tu seras bientôt couché.

Le matin, quand il fait jour et que les autres se lèvent, tu peux rester au lit, jusqu'à ce que le soleil t'éclaire, personne ne viendra te secouer, et tu peux dormir à ton aise; qu'en dis-tu? R. Oui. —Eh! non pas, mais si tu t'aperçois qu'il est temps de se lever, lève-toi, et quand tu entreras dans la chambre, souhaite le bonjour au père, à la mère, aux frères et aux sœurs; ils te demanderont peut-être comment tu as dormi; raconte-leur ton rêve pour les faire rire.

As-tu envie de travailler en ville ..... tantôt c'est l'ancien, tantôt c'est le frère, d'autres fois c'est toimême qui dois te chercher de l'ouvrage; selon l'usage différent des lieux. Va trouver l'ancien et dis: Compagnon, je voudrais vous prier selon les usages et

coutumes du métier, de vouloir bien me trouver de l'ouvrage, je désire travailler ici : l'ancien répondra : Compagnon, je m'en occuperai... Maintenant tu vas sortir pour boire de la bière, ou pour voir les belles maisons de la ville.... N'est-ce pas. R. Oui. Eh! non pas, tu dois retourner à l'auberge, jusqu'à ce que l'ancien revienne, car il vaut mieux que tu attendes, que de te faire attendre par lui. Mais, dans l'intervalle, tu verras sur ton chemin trois maîtres : le premier a beaucoup de bois et de cerceaux; le second a trois belles filles, et donne de la bière et du vin; le troisième est un pauvre maître; chez lequel travailleras-tu? Si tu travailles chez le premier, tu deviendras un vigoureux cercleur: chez le second qui donne de la bière et du vin, et qui a de belles filles, tu serais heureux, comme on dit; on y fait de beaux cadeaux, on y boit bien, on saute avec les belles filles. Et chez le pauvre maître?.. J'entends, tu voudrais faire fortune. Chez lequel veux-tu travailler? Tu ne dois mépriser pertu dois travailler chez le pauvre comme chez le riche... L'ancien te dira à son retour: Compagnon, j'ai cherché de l'ouvrage et j'en ai trouvé. Réponds: Compagnon, attendez, je vais faire venir une canette de bière. Mais si tu n'as pas d'argent, dis-lui : Compagnon, pour le moment je ne suis pas en fonds, mais

sonne,

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