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et d'objets immobiles, etc.; et beaucoup de bons tableaux dont les attributions sont à rectifier.

Depuis la publication du catalogue, il est entré dans la galerie quelques œuvres distinguées: une Madone, attribuée à Memling et qui est composée avec des figures prises aux van Eyck; un Adriaan van Ostade, bien curieux à cause de sa date 1635, anté

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rieure, je crois, à toutes les dates qu'on ait constatées sur ses peintures; deux excellents petits portraits qu'on attribue à van Dyck, mais qui sont de Gonzales Coques; un portrait de jeune garçon, de grandeur naturelle, par Terburg; un petit Ruisdael, étoffé par Adriaan van de Velde, etc.

Après le Musée, reste seulement à voir, si l'on peut, le fameux Holbein qui appartient à une des princesses de Hesse-Darmstadt, répétition du chef-d'œuvre qui est au Musée de Dresde (n° 1693):

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la Madone adorée par la famille de Jacob Meyer, bourgmestre de Bâle. On dit même qu'il serait le premier original et que le tableau de Dresde en serait la replica.

Comme Darmstadt est une triste petite ville, on fera bien d'aller coucher ou même dîner à Heidelberg: deux heures de chemin de fer. On pourrait aller à Mannheim, qui est à la même distance, mais Mannheim est encore plus mortellement ennuyeuse que Darmstadt. A Heidelberg, du moins, on aura la ressource de monter au château, qui vaut la peine qu'on le visite. — Lire encore ici les descriptions de M. Victor Hugo dans son ouvrage sur le Rhin.

Heidelberg n'a point de Musée de peinture, ni de collections particulières, que je connaisse. Sitôt fini le pèlerinage au château, il n'y a donc qu'à reprendre le chemin de fer pour Mannheim: quarante minutes. Quelques heures suffisent pour voir le Musée, assez mélangé, mais où l'on rencontre pourtant quelques bons tableaux flamands et hollandais. On peut se promener dans le beau parc attenant au château où est le Musée, et partir droit pour Carlsruhe.

Le lendemain, dixième jour, sera presque le dernier de notre tournée à l'étranger, car il n'y a guère que le Musée, qui, pour l'artiste, soit intéressant, à Carlsruhe, et le soir même on peut rentrer en France par le pont de Kehl et coucher à Strasbourg.

Le Musée de Carlsruhe est à l'Académie grand-ducale; il est trèsriche en cartons et tableaux de la moderne école allemande : Overbeck, le carton du Triomphe du Christianisme, même dimension que la peinture originale du Musée de Francfort; Veit, Hess, Schnoor, etc.; beaucoup de copies d'après Raphaël, Corrége, Claude le Lorrain, etc.; peu d'italiens acceptables; quelques français : Chardin et Boucher; en allemands: Cranach et Holbein; en flamands: Rubens, van Dyck, Gonzales Coques, Teniers, et même un portrait d'homme, attribué à Hubert van Eyck (n° 195).

Les hollandais sont nombreux: Rembrandt, son propre portrait et un portrait d'homme; Brouwer, de Hooch, Metsu, Terburg, Paulus Potter, Philip Wouwerman, Berchem, du Jardin, Ruisdael,

Wijnants, van Goien, et Jacob Gillig d'Utrecht, ce maître rare, qui a si bien peint les poissons, etc., etc.

En une longue séance on peut étudier tout cela, puis dîner tranquillement à l'hôtel d'Angleterre (Englischer Hof) ou à la Maison Rouge (Rothes Haus), en attendant le dernier convoi pour Kehl. Une fois là, vous savez le chemin. Bonne nuit à Strasbourg et le lendemain, bon retour à Paris.

Nous n'avons donc encore dépensé qu'une douzaine de jours et moins de 300 francs, et nous avons vu trois grandes villes, Cologne, Mayence, Francfort, six Musées, des collections particulières, des cathédrales célèbres, et les deux beaux ponts fixes du Rhin.

W. BÜRGER.

NOTICE NECROLOGIQUE

SUR

J. D. PASSAVANT

La critique d'art, fille cadette de ce mouvement des esprits qui, au commencement du siècle, imprima en Allemagne une direction nouvelle à la production artistique, la critique d'art vient de perdre un de ses plus actifs et de ses plus illustres représentants. J. D. Passavant, l'auteur de la « Vie de Raphaël », s'est paisiblement éteint à Francfort, le 12 août 1861, à l'âge de soixante-quatorze ans. Ceux qui dans les derniers temps ont encore pu le voir dans son cabinet de la « Mainzerstrasse », au milieu de ses livres, de ses manuscrits, de ses portefeuilles de gravures, parlant avec animation de ses travaux et de ses dernières recherches, écoutant, avec la joie dépeinte dans ses grands yeux ouverts, dans ses traits réguliers encadrés de longs cheveux blancs, le récit de quelque découverte artistique ou la description de quelque beau tableau, n'auraient point cru l'aimable vieillard si près de sa dernière heure. Et cependant, certaines défaillances de mémoire, certains allourdissements de la langue, et, plus que tout, lorsqu'il se levait, sa démarche mal assurée, frappaient ceux qui naguère l'avaient vu si ingambe et si brillant de santé. L'ardeur toute juvénile avec laquelle, dans les dernières années de sa vie, il s'était chargé d'un travail de longue haleine, l'attention soutenue et sans relâche qu'il donnait aux détails minutieux et infinis, aux recherches nombreuses nécessitées par ces sortes d'ouvrages, dépassèrent ses forces et les usèrent. Mais ce même besoin impérieux d'activité, qui dévore

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