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un grand et superbe Jordaens, Jésus parmi les docteurs; un magnifique triptyque attribué à Gaudenzio Ferrari; un Saint Jérôme, qui n'est pas de Jan van Eyck, à qui on l'attribue, mais qui peut compter comme un chef-d'œuvre de Cranach (?), une belle répétition de l'Adam et Eve, d'Albrecht Dürer, dont le Musée de Madrid possède l'original, et quelques petits hollandais excellents, par exemple un grand paysage de van Goien, un petit paysage de

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R. de Vries, un paysage de Salomon van Ruisdael, daté 1641, attribué par le catalogue à Salvator Rosa, sans doute parce qu'il porte le monogramme SVR, le V accolé à l'R.

Le Musée de Mayence possède aussi une précieuse série de pierres tumulaires et monuments avec inscriptions antiques ou du moyen âge, trouvés à Mayence et dans les environs.

En sortant du château électoral où est le Musée, il faut vite revenir à la cathédrale, place du Marché, voisine de la place où a

été érigée la statue de Gutenberg, en bronze, par Thorwaldsen. Pour la cathédrale, nous renvoyons encore à M. Victor Hugo.

S'il y a des collections particulières de tableaux anciens à Mayence, je ne sais. Je n'en connais aucune. Mais il y a quelques collections de tableaux modernes, surtout de l'école allemande.

Après avoir visité le Musée et la cathédrale, on a le temps de diner (à l'hôtel d'Angleterre, par exemple), et de partir le soir pour coucher à Francfort (1). Une heure seulement, par la sta'ion du chemin de fer à Castel, de l'autre côté du Rhin.

Francfort, une belle ville! bien aérée et bien propre par ci, bien pittoresque par là. «Elle se recommande tout à la fois à ceux qui aiment les villes neuves et à ceux qui se passionnent surtout pour les vieilles villes, dit l'intéressant Itinéraire de l'Allemagne du Nord, par Adolphe Joanne. Elle a d'anciens quartiers aux rues étroites, tortueuses, sombres, aux facades peintes ou cuirassées d'écailles, aux pignons sculptés, aux tourelles à angles, etc., et des rues neuves, larges, tirées au cordeau, bordées de riches maisons, presque semblables, dont aucun ornement extérieur ne vient gâter la plate et monotone beauté.........» Il y a surtout un quartier des Juifs, aussi pittoresque que les quartiers juifs à Amsterdam. C'est autour de la cathédrale, comme toujours, qu'on rencontre ces restes caractéristiques des temps anciens et les demeures des classes excentriques à la grande ville des banquiers. Luther a habité une des maisons de la place du Dom. Sur la principale place de Francfort, sur le Rossmarkt, est le monument-fontaine, en l'honneur des inventeurs de l'imprimerie: Gutenberg, Faust et Schoeffer. A droite du Rossmarkt est la maison où naquit Goethe; à gauche, sur une promenade plantée d'arbres, la statue de Goethe, en bronze, par Schwanthaler.

Allons, dès le matin, au Musée (près de la porte du Taunus), ou Institut des Beaux-Arts, ou Institut Stædel, du nom de son fondateur, mort en 1819, après avoir légué à sa ville natale ses collections, ses maisons et un capital considérable. Le Musée de

(1) Hôtel de l'Empereur romain, premier ordre, dans une des rues principales, la Zeil; hôtel de l'Union, second ordre; hôtel de Bruxelles, troisième ordre, non loin du Musée.

Francfort, longtemps administré par M. Passavant (1), l'auteur du Raphaël publié à la librairie Renouard par le bibliophile Jacob, n'a pas en Europe la réputation qu'il mérite (2). Il suffit d'indiquer ici quelques-unes des œuvres remarquables dans les différentes écoles :

Ecole italienne: Fra Angelico da Fiesole, une Madone, fresque sur fond d'or; Sandro Botticelli, un portrait de femme, de profil, plus grand que nature, «peut-être Lucrèce de Tornabuoni, femme

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de Laurent de Médicis, le Magnifique, et mère du pape Léon X, » un chef-d'œuvre de style grandiose; un Saint Sébastien, d'Antonello de Messine; Giovanni Bellini et Cima da Conegliano; un Saint

(1) Voir dans cet Annuaire la notice biographique sur Passavant, par notre ami M. Otto Mündler, un des connaisseurs les plus compétents en peinture italienne et même en tableaux des autres écoles de l'Europe.

(2) Nous publierons prochainement une étude sur ce Musée et sur celui de Darmstadt, dans un livre intitulé: Trésors d'Art en Allemagne, comprenant les Musées de Cologne, de Hanovre, de Brunswick, de Cassel, de Berlin, de Dresde, de Munich, de Vienne, etc., suite naturelle à nos Musées de la Hollande et à nos Trésors d'Art en Angleterre.

Maurice, du Giorgione, et un portrait de femme, par Sebastiano de Piombo, deux peintures superbes; un beau portrait de doge, par le Tintoretto, etc.

Ecole allemande : les douze Apôtres et Martyrs, de Stephan Lothener, volets intérieurs du Jugement dernier que possède le Musée de Cologne; une petite Madone de Jan van Eyck, provenant

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de la vente de Guillaume II de Hollande; le fameux tableau de Christophsen, petite Madone signée PETRUS XPR ME FECIT, 1417, antérieure par conséquent à toutes les peintures à l'huile qui soient connues jusqu'ici, même à celles des van Eyck, quoique Pieter Christophsen ait été élève de Hubert van Eyck; une Madone de Rogier van der Weyden le vieux; trois beaux volets, attribués à Rogier le jeune; un portrait d'homme, attribué à Memling; un magnifique portrait de Holbein, Oswald Müller de Lucerne, à ce

qu'on dit, tenant devant lui son petit garçon; trois Albrecht Dürer, un Job avec sa femme (qui est le portrait de la femme de Dürer lui-même), un portrait de jeune fille et le portrait du père.de l'auteur, peint en 1494; et bien d'autres morceaux curieux des anciennes écoles germaniques.

Ecole flamande: Rubens, van Dyck (portrait de jeune homme, de la galerie Fesch); un Stalbent, maître rare; deux bons Snyders, catalogués << Peter Snyers » (1); un Boel, d'Anvers; et David Ryckaert, et Teniers, et van Artois, etc.

Ecole hollandaise : deux portraits par Rembrandt, 1633 et 1635, ordinaires; un portrait de jeune homme, signé et daté 1644, par Ferdinand Bol, première beauté, et un autre portrait d'homme, daté 1659; le portrait de l'historien Dapper, avec une belle signature et la date 1669, par van den Eeckhout; un Salomon Koninck, David jouant de la harpe devant Saül, et un paysage de Philip Koninck, signé, mais tout repeint; un sujet biblique de Jan Victor, signé; deux Fabritius, signés et datés (2); un Theodor de Keijser, chefd'œuvre, signé du monogramme; un Intérieur d'église, par Delorme, également signé, et daté 1646; un Wijnants, de 1671; un paysage de Hobbema, signé; un Kalf singulier, signé et daté 1643; deux Bega, de 1663; un Gaspar Netscher, de 1677; un Backhuysen, de 1700; un Jan Weenix, de 1681; un Cornelis de Heem, de 1658; un Dusart, de 1687; et Jacob van Ruisdael, et son frère Salomon, et son ami Everdingen, et de Vries, et Frans Mieris, et Terburg (portrait de femme de grandeur naturelle), et Frans Hals (un

(1) Le catalogue, rédigé par M. Passavant, Francfort, 1858, in-8 de 150 pages, est en général très-louable, et il indique les signatures, dates, provenances des tableaux. (2) On pense que ces Fabritius nous ont vivement intéressé, comme aidant à débrouiller la personnalité du Fabritius que les historiens hollandais s'accordent à présenter, sous le nom de Carel, comme élève de Rembrandt et maître de van der Meer de Delft. Les signatures et les dates de ces curieux tableaux de Francfort, et aussi le style de la peinture, prouvent qu'il y a deux Fabritius: le Carel, auteur du nouveau tableau (signé) acquis par le Musée de Rotterdam, et mort en 1654, lors de l'explosion de la poudrière à Delft, et un Bernard Fabritius, son fils peut-être, et pareillement sectateur de Rembrandt, lequel a signé ces tableaux et d'autres, avec l'initiale B et des dates postérieures à 1654. Nous rassemblerons tous ces détails, concernant les Fabritius et se rattachant à la fois à Rembrandt et à Delftsche van der Meer, dans notre travail sur les Musées Allemands.

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