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NOTICES

SUR LES

BEAUX-ARTS

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Je ne sais si l'année 1861 est destinée à occuper une grande place dans l'histoire de l'art au dix-neuvième siècle; mais, à coup sûr, il en est peu qui puissent rivaliser avec elle pour ce qu'on est convenu d'appeler le mouvement artistique, et qui se soient signalées par un aussi grand nombre de productions et de manifestations. D'un bout à l'autre de son vaste territoire, d'Amiens à Toulouse, et

de Strasbourg à Nantes, la France s'est couverte d'expositions: il y en a eu à Caen, à Metz, à Lyon, à Marseille, à Bordeaux, etc.; et quelques expositions étrangères sont venues encore offrir un débouché à la fécondité de nos peintres et de nos sculpteurs. On se souviendra longtemps, en particulier, du Salon d'Anvers, des fêtes artistiques qui en ont accompagné l'ouverture, et de ce fameux congrès qui devait, par la discussion, renouveler la face de l'art, mais qui n'a abouti qu'à fournir une tribune à l'innocente faconde de quelques orateurs en disponibilité. Paris, lui aussi, a eu largement sa part de ce grand mouvement, et, du premier au dernier jour de l'année 1861, il n'a pas un instant chômé d'expositions.

Il faudrait commencer peut-être notre revue par ces expositions de l'hôtel Drouot, qui n'ont jamais été plus nombreuses et plus animées. Les ventes d'objets d'art sont devenues de véritables batailles où les amateurs s'arrachent, sous le feu des enchères, des chefs-d'œuvre trop souvent douteux, et de prétendues toiles de maîtres dont quelquefois un écolier sourirait. Les trois quarts de ces ventes, annoncées avec tant de fracas, et causes de tant de folies, ne sont que des spéculations ou des mystifications. Ai-je besoin d'ajouter que je fais les exceptions séantes, par exemple pour les ventes Albert, de Montbrun, de Monville, etc., sans parler de la collection de Soltykoff, qui a été acquise à l'amiable par M. le baron Seillière. Mais quittons ce temple de l'agiotage artistique pour entrer plus directement dans notre sujet.

Nous avons eu d'abord l'ouverture du Salon des Arts-Unis dans le joli petit hôtel de la rue de Provence, qui fut jadis habité par une des nymphes les plus célèbres du ballet, mademoiselle Fanny Essler. Le Salon des Arts-Unis s'est donné pour but d'organiser une exposition permanente de tableaux et de statues, en même temps de grouper en association les amateurs, les curieux, les virtuoses de Paris, et de faciliter entre le public et l'artiste des communications où celui-ci trouve à la fois gloire et profit. L'idée est excellente et mérite de réussir. Mais la fortune a tous les caprices d'une femme, et elle ne donne pas toujours ses faveurs à qui en est le plus digne.

Avant le Salon des Arts-Unis, l'exposition du boulevard des

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