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minds prepared for any revolution whatever. We are apt to run from one extreme into another. To anticipate and prevent disastrous contingencies would be the part of wisdom and patriotism.

What astonishing changes a few years are capable of producing. I am told that even respectable characters speak of a monarchical form of government without horror. From thinking proceeds speaking; thence to acting is often but a single step. But how irrevocable and tremendous! What a triumph for our enemies to verify their predictions! What a triumph for the advocates of despotism to find that we are incapable of governing ourselves, and that systems founded on the basis of equal liberty are merely ideal and fallacious! Would to God that wise measures may be taken in time to avert the consequences we have but too much reason to apprehend.

Retired as I am from the world, I frankly acknowledge I cannot feel myself an unconcerned spectator. Yet, having happily assisted in bringing the ship into port, and having been fairly discharged, it is not my business to embark again on a sea of troubles. Nor could it be expected, that my sentiments and opinions would have much weight on the minds of my countrymen. They have been neglected, though given as a last legacy in the most solemn manner. I had then perhaps some claim to public attention. myself as having none at present.

I consider

With sentiments of sincere esteem and friendship, I am, dear sir, etc.

(c) Washington to Henry Lee, in Congress.1

MY DEAR SIR,

MOUNT VERNON, 31 October 1786.

The picture which you have exhibited, and the accounts which are published of the commotions and temper of numerous bodies in the eastern States, are equally to be lamented and deprecated. They exhibit a melancholy proof of what our transatlantic foe has predicted; and of another thing perhaps, which is still more to be regretted, and is yet more unaccountable, that mankind, when left to themselves, are unfit for their own government. I am mortified beyond 1 Writings of Washington (W. C. Ford ed.), xi. 76–8.

In

expression when I view the clouds that have spread over the brightest morn that ever dawned upon any country. a word, I am lost in amazement when I behold what intrigue, the interested views of desperate characters, ignorance, and jealousy of the minor part, are capable of effecting, as a Scourge on the major part of our fellow citizens of the Union ; for it is hardly to be supposed that the great body of the people, though they will not act, can be so shortsighted or enveloped in darkness, as not to see rays of a distant sun through all this mist of intoxication and folly.

You talk, my good sir, of employing influence to appease the present tumults in Massachusetts. I know not where that influence is to be found, or, if attainable, that it would be a proper remedy for the disorders. Influence is no government. Let us have one by which our lives, liberties, and properties will be secured, or let us know the worst at once. Under these impressions, my humble opinion is, that there is a call for decision. Know precisely what the insurgents aim at. If they have real grievances, redress them if possible; or acknowledge the justice of them, and your inability to do it in the present moment. If they have not, employ the force of government against them at once. If this is inadequate, all will be convinced that the superstructure is bad, or wants support. To be more exposed in the eyes of the world, and more contemptible than we already are, is hardly possible. To delay one or the other of these, is to exasperate on the one hand, or to give confidence on the other, and will add their numbers; for, like snow-balls, such bodies increase by every movement, unless there is something in the way to obstruct and crumble them before the weight is too great and irresistible.

These are my sentiments. Precedents are dangerous things. Let the reins of government then be braced and held with a steady hand, and every violation of the Constitution be reprehended. If defective, let it be amended, but not suffered to be trampled upon whilst it has an existence.

(d) The French chargé d'affaires at New York, to the French Minister of Foreign Affairs.1

No. 61.

MONSEIGNEUR,

September-October 1786

NEW YORK, le 10 Septembre 1786.

Ce projet 2 a essuyé une opposition vigoureuse de la part des Etats du Nord; ils ont observé que la conduite uniforme de Sa Majesté pendant la guerre et depuis la paix leur avoit inspiré la confiance la plus parfaite, mais que les pêcheries étoient un article principal du traité futur et qu'ils ne sauroient se flatter que la France voulût sacrifier ses propres avantages pour procurer aux Etats Unis un débouché facile pour leur poisson, que les derniers règlemens de la Cour prouvoient assés combien elle étoit jalouse de ses pêcheries et combien elle desiroit d'en étendre le commerce, non seulement aux Antilles, mais dans le Sud de l'Europe; qu'il n'étoit aucunement vraisemblable que Sa Majesté voulût se charger d'une pareille médiation et qu'il seroit même dangereux pour l'alliance de s'exposer à un refus. Quant à la navigation du Mississipi, ils ont remarqué que cet article, bien loin d'être avantageux à la Confédération, ne serviroit qu'à détacher des Etats-unis toutes les terres de l'intérieur; que les habitans du Kentuky ne sentant plus la nécessité d'entretenir des liaisons de commerce avec les Etats maritimes, et ayant d'ailleurs une politique tout à fait différente de celle de leurs voisins, ne songeroient qu'à se rendre entièrement indépendans du Congrès, comme d'un corps Souverain dont ils ne pouvoient tirer aucune utilité; que la fertilité de ces contrées attireroit insensiblement les habitans les plus industrieux des Etats du Nord, qui ne balanceroient pas un instant d'échanger les rochers arides du Massachussets et du Newhampshire contre

1 Archives des Affaires Étrangères, Paris, Correspondance politique, États-Unis, t. 32, ff. 65-95. The writer, Louis-Guillaume Otto, went to the United States in 1779 as secretary to the French minister, and became chargé d'affaires in 1785. New York was then the seat of the Federal Government.

2 Of French mediation in the dispute between Spain and the United States over the latter's southern boundary, and the navigation of the Mississippi. Compare the ideas on the western problem reported by Otto with those in the Plan of 1768, above.

les plaines riantes de l'Ohio et du Mississipi; qu'une population bornée, répandue sur une surface immense, affoibliroit les ressorts du Gouvernement, et que l'anarchie et la discorde naîtroient inévitablement de cet état des choses; que la politique du Congrès devoit être de fortiffier de plus en plus les Etats maritimes et d'attendre qu'une population surabondante s'écoule dans la suite des tems vers l'intérieur des terres; qu'indépendamment de tous ces motifs on devoit éviter avec soin d'exciter la jalousie des hordes sauvages qui infestent encore ces terreins, qu'une guerre avec ces nations perfides seroit une des plus grandes calamités dans l'épuisement actuel des finances; que les possessions des Etats Unis n'étoient déjà que trop étendues et qu'il falloit plutôt resserrer leurs territoires que les augmenter au delà de toute proportion; que d'ailleurs la Cour d'Espagne ne paroissoit aucunement disposée à abandonner la navigation du Mississipi, qu'en insistant sur cet article on ne feroit qu'irriter Sa Majesté Catholique et la rendre moins indulgente à l'égard des points les plus essentiels du traité; qu'en conséquence de ces principes il falloit non seulement rejeter le plan de médiation proposé par les Etats du Sud, mais rapeller l'article de l'Ultimatum qui proposoit l'ouverture du Mississipi comme une condition Sine qua non.

No. 62.

MONSEIGNEUR,

NEW YORK, le 20 Septembre 1786.

Le défaut d'énergie dans les gouvernemens individuels des Etats avoit jusqu'ici occasionné peu de commotions prejudiciables au repos et à la sûreté des Citoyens, et l'on se flattoit que le Congrès prendroit insensiblement la consistance qu'on croyoit observer dans l'organisation intérieure des Etats; mais la licence d'une populace avide vient d'ébranler la base du Gouvernement, qui avoit été regardé jusqu'ici comme le plus solide et le plus parfait de toute la confédération, et l'on s'aperçoit trop tard que les Constitutions américaines, si généralement admirées, sont bien loin d'être exemptes de défauts. Le bas peuple du Massachussets, indigné de n'avoir pu obtenir l'émission d'un papier monnoyé, vient de s'attrouper dans plusieurs districts, les armes à la main, pour suspendre les cours de justice et pour empêcher le recouvre

ment des dettes. Le Gouverneur Bowdoin, ayant négligé de rassembler sur le champ la milice, les insurgens sont parvenus à disperser les juges et les avocats. Ils demandent à hauts cris l'abolition des cours de justice, la tenue de l'Assemblée Législative dans toute autre ville qu'à Boston, la réduction des salaires accordés aux Officiers publics, l'émission d'un nouveau papier monnoye, l'élargissement des prisonniers pour dettes, l'apurement des comptes des Etats Unis, la prohibition de tout objet de luxe importé de pays étranger, la diminution des taxes, la liberté absolue de la presse, et l'abolition du Sénat ou de la chambre haute. Ce dernier article attaque la basse même de la Constitution, et tend à établir à l'instar de l'Etat de Pensylvanie, une démocratie parfaite. Les cours de justice sont actuellement protégées par des troupes et par plusieurs compagnies d'artillerie. Le Congrès étant informé que les séditieux s'étoient raprochés de Springfield, et que les arsenaux des Etats Unis étoient en danger, le Général Knox, ministre de la guerre, a reçu ordre de s'y rendre sur le champ, et d'y faire marcher un corps respectable de milice. La proclamation du Gouverneur du Massachussets, les lettres circulaires de la ville de Boston et des autres villes principales, les procédés des différentes Assemblées municipales, et les mesures prises par les séditieux pour disperser les cours de justice, se trouvent dans les gazettes que j'ai l'honneur de vous adresser. Je me borne à ajouter à ces details les reflexions que cet événement fâcheux a fait faire aux patriotes les plus éclairés. Ils s'aperçoivent qu'en formant les différentes constitutions ils avoient eu un trop grand besoin de l'assistance du bas peuple pour ne pas lui accorder beaucoup plus que le repos de la république, la sûreté du citoyen et l'énergie du gouvernement ne pouvoient comporter; qu'une liberté entière et illimitée est un phantôme qui n'a jamais pu exister qu'aux dépens de la tranquillité publique; que la théorie des trois pouvoirs, également distribués, est sublime, mais que la pratique offre mille difficultés qu'on auroit dû prévoir; que le pouvoir exécutif est beaucoup trop foible en Amérique, que la simplicité des chefs les rend méprisables aux yeux d'une multitude qui ne juge que d'après ses sens; et qu'il faut des coups d'authorité, des armes, des luteurs, pour faire respecter le gouvernement.

Ces principes, Monseigneur, se trouvent confirmés par une scène pareille à celle du Massachussets, qui vient d'avoir lieu

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