Page images
PDF
EPUB

» été chérie, ceffez vos gémiffemens & ne » répandez plus de larmes. Avec tant de graces » & de beauté, il étoit naturel qu'elle habitât » l'Ether avec les Dieux immortels. Ajoutez » foi à mes difcours; car ce n'est point la » mort, mais ce font les Naïades qui ont » enlevé l'autre jour cette belle enfant. Sa » Nourrice Hygée a élevé ce Monument à fon cher nourriffon, pour en conserver la » mémoire. »

Ibid.

De crainte que la maladie ne lui fit perdre Ja beauté. ] Il y a dans le texte 'va u vinon, ne fentiret, comme l'a très-bien rendu Mr. Reiske. » Elle n'eft morte fi fubitement, que » de crainte qu'elle ne s'apperçût du deffein qu'avoit fans doute fur elle Pluton. Mais, quand même elle s'en feroit apperçue, qu'auroit-elle pu oppofer à la volonté de ce Dieu ? Cela ne préfente aucun fens raifonnable; auffi j'ai mieux aimé fuivre dans ma Traduction, la correction de M. d'Orville, qui lit va un vooroy.

Ibid.

Ainfi Bacchus enleva Ariadne à Théfée. ] Chariton s'accorde avec Diodore de Sicile,Iv. 61. La plupart des autres Auteurs racontent que Bacchus eut pitié d'Ariadne, que Thé

fée avoit abandonnée. Suivant Catulle, fi Ariadne eft délaiffée par Théfée dans l'Isle de Dia, Bacchus brûlant d'amour pour elle, la cherche, fans doute, dans l'intention de la lui enlever :

At parte ex alia florens volitabat Iacchus, Cum thiafo Satyrorum, & Nyfigenis Silenis, Te quærens, Ariadna, tuoque incenfus

amore.

Catull. Epith. Thet. & Pel. Verf. 251.

Pag. 153.

Lorfque mon amour eft dans toute fa force & dans toute fa vivacité. ] J'ai tâché de rendre l'expreffion Grecque v dnμ pros, longque mon amour est à fon plus haut point, à fon dernier période. Axu fignifie proprement la pointe ou le tranchant d'un inftrument; métaphoriquement, le fommet, la hauteur, ou Lexcellence d'une chofe. Καὶ δὲ ἐλαχίστε καιρό τύχης ἅμα ἀκμή της δόξης μᾶλλον ἢ το δέος åλλánov. Et en un inftant ils étoient délivrés, avec la gloire la plus relevée, des dangers plutôt que de la frayeur (1).

(1) Thucyd. Edit. de Duker. pag. 124, & pag. 11, Ile. Vol. de l'Edit. de Glasgow. 179. 8 Vol. in-8°. Celui qui a donné à Oxford en 1746 in-8°. une Idition des raifons funebres, tirées de Thucydides

Euripide l'a employé pour la pointe de la
flamme dans les Pheniciennes (1), quxipre
axuas. On l'a enfuite appliqué à l'âge, quand
il eft dans fa plus grande vigueur, å×μÙ TỸ
Bír Tйs λxías; à la maladie, quand elle
eft à fon plus haut période, &c. Ce mot fe
prend encore en plufieurs autres fignifications
qui reviennent à celles que nous venons de
voir.

[ocr errors][merged small]

Chereas paffe en Afrique.] Chariton fait
voir, comme l'a très-bien obfervé M. d'Or-
ville, une très-grande connoiffance des lieux
dont il parle. L'Afrique étoit en ce tems-là
par rapport à la Sicile, ce qu'eft aujourd'hui
la Grande-Bretagne par rapport à la France.
Il fe fefoit un commerce continuel entre ces
deux pays, & l'on paffoit tous les jours de
Fun dans l'autre. Les Efclaves fugitifs & les
Pirates Siciliens alloient chercher un afyle en
Afrique.

Platon & Lyfias n'a point entendu ce, paffage,
comme fa Note & fon Index le font aflez voir. Il fait
rapporter ἀκμή avec τύχης, au lieu que τύχης eft régi
par ἀπηλλάγησαν &
?
que e dos fe rapporte à ax
() Vers 1261 de l'Edit. de Valckenaer. Frane-
quera 1755. in-4°. & de celle de Barnes. Mais c'eft
le 1271 de l'Edit. de Morell, Lond. 1748. deux Vol.
512-894

Pag. 136.

Et principalement d'eau. Cela eft jufte. Car dans les voyages de long cours, la provision d'eau manque toujours la premiere. Voici une Epigramme de l'Anthologie:

כ,

» Ce n'eft, ni une tempête, ni le coucher >> des (1) Pléiades, qui ait fubmergé Nico»pheme dans les flots de la Mer d'Afrique. » L'infortuné se voyant, hélas ! retenu au mi» lieu de fa navigation par un calme, éprou» va toutes les horreurs de la foif. Voilà l'ou» vrage des vents! Oh! que de maux n'éprou >vent point ceux qui courent les Mers, foit » qu'ils foufflent, foit qu'ils ne foufflent » point (2).

Ibid.

Mais admirez les deffeins de la Providence.] Le texte est manifeftement corrompu. MM. d'Orville & Reiske lifent où dé au lieu de 70 di Alors il faut interpréter, mais voyez la colere de la Providence ; ce qui me paroît dur, J'aime mieux faire un léger changement, & lire

(1) Dans le Grec : des Aftres. Mais ces Aftres font les Pléiades dont le coucher eft fort orageux.

(2) Dans le Grec : * μevries, foit qu'ils ferment la bouche. Il les repréfente comme des êtres animés.

Tò d'è äpa...... Eprov v; Ce fut le deffein l'ouvrage de la Providence.

Pag. 138.

Hélas! chere Epoufe! ceci vous appartenoit ; voilà la couronne, &c.] Ces expreffions font extrêmement touchantes, & propres à émouvoir les paffions. Shakespear (1), le Poëte le plus fublime, & connoiffant mieux la Nature, qui ait peut-être jamais existé, met dans la bouche d'Antoine des expreffions pareilles, qui font tout l'effet qu'il en attendoit:

-

[ocr errors]

You all do know this mantle; i remember
The first time ever Cæfar put it on,
'Twas on a fummer's evening in his tent
That day he overcame the Nervii.
Look! in this place, ran Caffius' dagger through.
See, what a rent the envious Cafca made.
Through this, the well-beloved Brutus ftabb'd;
And as he pluck'd his curfed fteel away
Mark, how the blood of Cæfar follow'd it!

De pareilles expreffions ne pouvoient manquer d'émouvoir le Peuple; auffi continue-t-il

: (1) On ne juge communément en France Shakespear, que fur les défauts, qui font, il faut l'avouer, très-confidérables; & très-peu de François fçavent affez l'Anglois pour porter un jugement fûr de cet Auteur, qui est très-difficile.

d'une

« PreviousContinue »