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Θ

LIVRES POPULAIRES.

NOËLS ET CANTIQUES

IMPRIMÉS A TROYES

DEPUIS LE XVII SIÈCLE JUSQU'A NOS JOURS,

AVEC DES

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES ET BIOGRAPHIQUES SUR LES IMPRIMEURS TROYENS,
OUVRAGE ORNÉ DE VINGT GRAVURES ORIGINALES,

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CHEZ AUGUSTE AUBRY, ÉDITEUR,
L'un des Libraires de la Société des Bibliophiles françois,

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7.422 26243,35

1878, Dec. 12 Shapleigh rund.

Tiré à 192 exemplaires numérotés, sur papier vergé de fil dit

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LS sont donc réunis ces Noëls anciens, ces naifs et vieux chants populaires qui charmèrent jadis nos aieux.

J'ai oublié les fatigues que j'ai éprouvées, et je ne me souviens plus de mes nombreuses démarches pour arriver à joindre la collection que je présente ici.

Tantôt je les recouvrais par lambeaux incomplets du commencement ou de la fin, tantôt en fragments salis

ou maculés de graisse ou de fumée.

Dieu sait quelle joie, quand le volume avait tous ses membres, et qu'il n'était que taché!

Quelle joie plus grande encore, quand une édition inconnue, ou non encore vue, me tombait sous la main!

De toute nécessité il les fallait trouver pour les connaître, et il les fallait connaître pour les décrire et les analyser. C'était justement là que gisait la difficulté: car, chercher des renseignements, ou simplement des titres, dans les Recueils bibliographiques, il n'y fallait pas songer. Le Manuel du Libraire reste muet à l'endroit de nos Bibles de Noëls, aucune édition de Troyes n'y est citée.

M. Charles Nisard n'a pas connu tous les Noëls Troyens, et les eût-il connu, il ne pouvait grossir son ouvrage outre mesure, en analysant toutes nos éditions.

M. Champfleury, qui déjà a abordé la littérature populaire par plusieurs endroits, n'est pas encore arrivé, que je sache, à parler de nos Noëls de Troyes. Il a délaissé, dit-on, la Bibliothèque de Colportage, pour se rejeter sur les faïences de Nevers et de Rouen, ces autres produits populaires d'un genre différent.

En son Romancero de Champagne, d'ailleurs si amplement rempli, M. P. Tarbé n'a cité des Noëls et Cantiques Troyens, que les derniers arrivés, et partant les plus connus.

Pour son beau travail sur les Progrès de la Langue Française en Champagne, M. l'abbé Etienne Georges a complétement dédaigné nos recueils de Troyes. Cet auteur n'a pas voulu y chercher des modèles à suivre, cependant il y aurait trouvé de nombreux exemples de la façon de parler de nos pères.

La Bibliothèque Impériale ne possède qué trois éditions de Bibles de Noëls; et notre Bibliothèque communale n'a que le même nombre à offrir à ses rares visiteurs.

C'est pour suppléer à ces lacunes que j'ai mis cet opuscule au jour.

Je l'ai dit quelque part, et je ne m'en dédis point, les Noëls troyens, par leur qualité et par la quantité des exemplaires répandus, absolvent tous les méfaits bibliographiques qu'on pourrait reprocher aux imprimeurs de Troyes.

Qui dit Noëls troyens, dit Noëls français, et je le prouve en affirmant qu'eux seuls avaient droit de bourgeoisie, etaient seuls admis dans nos provinces où le français se parle sans patois.

La Beauce, l'Orléanais, le Gâtinais, la Brie, la Champagne et une grande partie de la Bourgogne n'en chantèrent jamais d'autres.

Les Noëls mâconnais ne sont guère connus au-delà des murs qui les virent éclore.

Les Noëls bourguignons de Gui Barôzai, eurent un succès de localité, et s'ils sont admis dans les bibliothèques et chez les savants, c'est au nom et au talent de l'auteur qu'ils doivent cet honneur. Malgré cela, ou peut-être même à cause de cela, les volumes d'Abranlyron de Modène n'atteignirent jamais à la popularité que Pierre Garnier de Troyes donna aux Noëls de . Françoise Paschal de Lyon.

Peut-être ai-je involontairement omis une ou deux éditions des Bibles dé Noëls, des premiers Oudot, imprimées de 1600 à 1650? Cette omission n'est pas impossible; car on peut croire que Nicolas Oudot 1er du nom, l'inventeur de tant d'éditions nouvelles, n'a pas dû rester indifférent en face d'une vente assurée, comme devait l'être en son temps la Grande Bible des Noëls.

Si donc, comme il n'en faut point douter, Nicolas Oudot a donné quel-` ques éditions de Noëls, leur état de rareté actuelle, en rendant les exemplaires introuvables, m'excuse de ne les avoir ni connus ni décrits.

En publiant ceci, je n'ai d'autre désir ni d'autre but que de mettre en évidence nos livrets troyens si délaissés, de faire ressortir autant que possible les naïves et vieilles poésies qu'ils contiennent, et surtout pendant qu'il en est temps encore, de provoquer le sauvetage des derniers exemplaires près de disparaître.

Mais qu'on ne les cherche point, ces vieux Noëls, sur les rayons des riches bibliothèques, ils n'y sont pas encore arrivés. Il faut, pour les trouver, qu'on fasse une visite domiciliaire chez les paysans, qu'on furette dans les chaumières, qu'on mette la main sur les tablettes des cheminées, sur les dressoirs ou achelles des vignerons de l'Aube ou de l'Yonne. On les trouvera là, souvent graisseux, toujours jaunis et enfumés, attendant qu'une main amie les lave, les nettoie et les habille à neuf. Et pour en finir à leur sujet, je dirai: c'est ce que je leur souhaite, car c'est ce qu'ils méritent.

Troyes, Mars 1865.

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