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se trouvent dans le cas d'y être réunies, soit à l'instruction et au jugement des contestations qui naissent entre les concessionnaires ou leurs ayant cause; et par l'article huit de la même déclaration, nous avons ordonné que les Parties pourront se pourvoir par appel en notre Conseil, contre les Jugemens qui seront rendus par les Sieurs Gouverneurs et Intendans des dites Colonies, sur toutes ces matières, dont la compétence leur est dévolue à l'exclusion de tous autres Juges, que les dits appels pourront être interjettés par de simples actes, et que les requêtes, qui seront présentées en conséquence, seront remises avec les productions des parties ès mains de notre Secrétaire d'Etat, ayant le département de la marine, pour, sur le rapport qui en sera par lui fait en notre Conseil, être par nous statué ce qu'il appartiendra. Mais il nous a été représenté sur ce dernier article, qu'à cause de l'éloignement des lieux, il conviendroit, pour le bien de la justice, de rendre exécutoire, par provision, les Jugemens rendus sur les dites matières par les dites Sieurs Gouverneurs et Intendans, et que cette nouvelle disposition empêcheroit beaucoup d'appels, que les parties condamnées n'interjettent que pour se maintenir dans leurs injustes possessions. A ces causes et autres à ce nous mouvant, de l'avis de notre Conseil et de notre certaine science, pleine puissance et autorité royale, nous, en interpretant notre déclaration, du dixsept Juillet mil sept cent quarante trois, avons dit, déclaré et ordonne, et par ces présentes, signées de notre main, disons, déclarons et ordonnons, voulons et nous plait, que les Jugemens, qui seront rendus en conséquence de notre déclaration, par les Gouverneurs nos Lieutenans Généraux et les Intendans en nos Colonies ou par les Officiers qui les répresenteront sur les dites matieres, dont la connoissance leur est attribuée privativement à tous autres Juges, soient exécutoires par provision, et nonobstant l'appel qui pourra en être interjetté, et sans préjudice d'icelui. Laissons néanmoins à la prudence des dits Gouverneurs et Intendans, dans les cas où ils le jugeront à propos, de n'ordonner l'exécution provisoire de leurs jugemens, qu'à la charge de donner bonne et suffisante caution par la partie en faveur de laquelle ils auront été rendus. Et sera au surplus notre dite déclaration exécutée suivante sa forme et teneur. Si donnous en mandement à nos amés et féaux les gens tenant notre Conseil Supérieur de Québec, que ces présentes ils ayent à faire lire, publier et régistrer et le contenu en icelles garder, observer et exécuter selon leur forme et teneur, nonobstant tous Edits, Déclarations, Arrêts, Ordonnances, Réglemens et autres choses à ce contraires, auxquels nous avons dérogé et dérogeons par ces presentes; car tel est notre plaisir. En témoin de quoi nous y avons fait mettre notre Scel. Donné à Versailles, le premier jour du mois d'Octobre, l'an de grâce mil sept cent quarante sept, et de notre Règne le trente troisième.

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NOTE..

The Compiler does not deem an apology necessary for adding, in an Appendix, the discourse of one of the most learned and eloquent advocates of the United States, upon the life and services of a Judge universally esteemed and lamented in Louisiana. The discourse itself is in detail a compendious history of the civil law of the state, of whose judiciary the subject of it was a distinguished ornament.

He has added, with more diffidence, a short exposition of the titles of the ancient French inhabitants.

APPENDIX.

No. I.

PANEGYRIQUE

DE

L'HONORABLE GEORGE MATHEWS,

PRÉSIDENT DE LA COUR SUPRÉME DE L'ETAT DE LA LOUISIANE,

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AVOCAT GÉNÉRAL ET DOYEN DU BARREAU,

En vertu d'une Résolution adoptée à la Nouvelle-Orleans par ses confrères assemblés le 16 Novembre, 1836.

MESSIEURS ET ESTIMABLES CONFRERES :

CHEZ nos ayeux Européens, il n'y a pas très long tems encore qu'à la mort du prince, ou des grands que le "droit de naissance" plaçait à la tête des peuples, un usage antique voulait, lors même que l'histoire, fidèle à sa mission, leur burinait des pages peu faites pour les recommander au respect des générations futures, que les plus grands orateurs les représentassent, dans des panégyriques de la plus haute éloquence, sous les traits de demi-dieux qui n'avaient marqué leur trop court passage sur la terre que par des actions héroïques ou par des bienfaits dignes de l'admiration et de la reconnaissance des hommes. Là le simple magistrat préposé à l'administration de la justice, quels que fussent les droits qu'il avait acquis à l'estime et à l'amour de ses contemporains; quels que beaux et sublimes exemples qu'il eût laissés à suivre pour le bonheur des sociétés, ne pouvait descendre au tombeau qu'ignoré ou inapperçu de ceux qui n'habitaient pas le lieu circonscrit où il avait exercé ses augustes fonctions. L'usage ne permettait pas que la renommée publiât ailleurs ses vertus ou ses services, ni qu'il fût le sujet d'un discours funèbre destiné à en perpétuer le souvenir. Considéré comme la créature ou l'instrument du prince ou d'un seigneur haut-justicier, il n'avait aucun mérite éclatant qui lui fût propre: c'était à ceux-ci que s'attribuaient l'amour et le

respect qu'il avait su inspirer pour la justice et pour les lois, ainsi que l'union et la concorde que sa sagesse avait fait régner dans son pays. Ces maîtres des peuples étaient les héritiers de sa gloire. Ils recueillaient comme un tribut légitime les éloges et les hommages qui n'étaient dûs qu'à ses vertus et à sa conduite exemplaire.

Chez nous, Messieurs, il n'en est heureusement point ainsi. Chez nous les vertus et les vices, les bonnes et les mauvaises actions des individus, quels qu'ils soient, leur sont entiérement personnels: le mérite ou le blâme leur en appartient exclusivement. Le plus haut placé dans l'exercice du pouvoir n'est et ne peut être, aux yeux de la société entière, qu'une simple créature de la loi, qu'un mandataire comptable de tous ses actes envers le peuple son souverain, source unique de toute autorité, de tout pouvoir légitime. Nous l'honerons quand il s'est rendu digne de louanges: Il est consigué à l'oubli lors qu'il n'a pas justifié la confiance dont il avait été investi: Et les mérites, les services et les vertus d'aucun autre fonctionnaire ne sauraient le faire vivre lui-même dans notre mémoire, ui lui servir de passeport vers la postérité.

Aussi, Messieurs et confrères, pouvons-nous dire sans hyperbole que l'assemblée que vous composez en ce moment a quelque chose de vraiement édifiant, si nous la comparons à ces pompeuses cérémonies, à ces brillans concours obligés de courtisans superbes, où pour, me servir des expressions d'un écrivain célèbre, "Un orateur que personne ne croyait venait parler de vertus qu'il ne croyait pas d'avantage, tâchait de se passioner un instant pour ce qui était quelquefois l'objet du mépris public et le sien, et entassant avec harmonie des mensonges mercenaires, flattait longuement les morts pour être loué lui-même ou recompensé par les vivans."*

Réunis dans cette enceinte par votre seule volonté, vous n'avez qu'un désir; c'est de rendre un juste hommage à la vérité; c'est d'acquitter autant qu'il est en vous de le faire, une dette sacrée, en honorant la mémoire d'un bon citoyen qui a servi votre pays avec zèle, que vous avez tous connu, que vous avez tous été en position de bien apprécier; qui, en remplissant au milieu de vous, les devoirs épineux, les fonctions délicates de la magistrature, pendant un tiers de siècle fécond en évènemens dont l'influence s'est fortement fait sentir, sur les hommes, leurs mœurs et leurs fortunes, a dû nécessairement mécontenter plus d'un plaideur, froisser l'amour propre et frustrer les espérances de plusieurs d'entre nous, et qui a cependant emporté dans la tombe notre estime et l'estime et les justes regrets de tous les honnêtes gens, de tous les bons citoyens.

Il ne vous manque ici, Messieurs, pour bien remplir vos vues, qu'une bouche assez éloquente pour célébrer convenablement les hautes qualités et le rare mérite de ce vertueux magistrat, ainsi que les importans services qu'il a rendus à l'Etat

Daignez, en entendant ces dernières paroles, ne pas m'accuser de

* Thomas. Essais sur les éloges.

l'intention puérile de cacher sous le voile d'une feinte modestie, une confiance que, plus jeune, j'aurais pû avoir dans mes propres forces. Arrivé à mon douzième lustre, après avoir consommé près des deux tiers de ma laborieuse éxistence dans la poursuite ou la défense de droits litigieux rarement susceptibles d'inspirer de beaux mouvemens oratoires, et souvent capables de glacer l'imagination la plus poetique, je ne saurais, en vérité, avoir la faiblesse de me croire, soit les talens, soit le genre d'éloquence nécessaires pour m'acquitter avec honneur du panégyrique d'un homme illustre.

Je le sentais, Messieurs et confrères, lorsque (probablement afin de me donner une marque de déférence comme votre doyen) vous me désignates pour être l'un des organes de vos sentimens-envers l'excellent Judge dont nous déplerons la perte: et, vous vous en souvenez encore, ce ne fut qu'après beaucoup d'hesitation que je me décidai à accepter cette tâche honorable qui effrayait ma faiblesse, mais audevant de laquelle on m'aurait vu courir, si elle eût été moins imposante ou plus analogue aux talens que je puis avoir reçus de la nature, ou à ceux que j'ai en l'occasion de cultiver dans l'exercice de notre profession.

Je le sens encore en ce moment, Messieurs; et, quels que disposés que vous puissiez être à me traiter avec indulgence, je ne vous-dissimulerai point que les inquiétudes de mon amour propre sont loin d'être dissipées. Mais, témoin de la manière distinguée dont notre honorable George Mathews a, pendant trente ans, rempli tous les devoirs de sa place; ainsi que des nombreuses vicissitudes que, dans cette longue période, notre législation civile a subies; observateur attentif et souvent alarmé des écueils que l'amour des innovations semait continuellement sous ses pas et sous ceux de ses estimables collègues; pénétré, comme je le suis, des services importans dont notre Louisiane est redevable à sa rare impartialité, à son excellente judiciaire, à son zèle soutenu pour la justice; si j'ai dû ne pas songer à vous faire entendre un de ces discours brillans qui charment par les grâces du style et la richesse de l'élocution, un de ces panéyriques conformes aux règles du genre, dans lesquels la chaleureuse et féconde imagination de l'orateur exerce, deploye noblement ses trésors, dans l'intérêt de sa propre gloire autant que dans l'intérêt de la gloire de son héros; je manquerais de sincérité, si je ne vous avouais pas que, simple narrateur, j'ai l'espoir de vous intéresser en vous rappelant quelques uns des titres que ce magistrat justement regretté a constamment su se faire, par sa conduite et par ses doctrines, au respect et à la reconnaissance de tout bon citoyen Louisianai.

Puissent, au surplus, Messieurs, les réflexions qui jailliront des faits que je vais tâcher de grouper, et de quelques vérités que plusieurs d'entre vous vont entendre pour la première fois, peut-être, avoir le double effet de stimuler les belles ames qui se sentent disposées à marcher sur les traces de cet illustre fonctionnaire public, et d'exciter quelques employés de l'Etat qui, je le crains; n'ont que de l'insouciance pour ce qui n'est pas une récompense tangible de leurs services, à faire

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