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tions et les esquisses se rattachant à des tableaux peints ou projetés; dans la deuxième seront les portraits, et dans la troisième les études sans destination connue.

COMPOSITIONS ET CROQUIS

LA NAISSANCE DES MUSES.

Jupiter est assis sur un trône, au milieu d'un bois de lauriers. Grand par le calme même de son attitude, il assiste à la naissance de ses filles. Mnémosyne, couchée à ses pieds sur un lit, est assistée par Lucine assise auprès d'elle. La déesse met au monde la dernière des Muses qui, par une superbe audace du peintre, naît dans toute la plénitude de la grâce et de la beauté. Les huit filles de Jupiter, réunies autour du lit de leur mère, acclament la naissance de cette sœur que l'Amour leur amène.

Cette œuvre1, si admirable de composition et de charme, a été peinte sur le posticum du modèle d'un temple grec imaginé par M. Hittorff. Elle appartient à M. le prince Napoléon, et fut exposée au Salon de 1859.

PHILÉMON ET BAUCIS. '

Jupiter et Mercure se révèlent à Philémon et Baucis qui, sans les connaître, leur avaient donné l'hospitalité. Les deux vieillards, saisis de frayeur, tombent à genoux. Dans le fond, à travers la porte, on aperçoit la foudre qui sillonne les cieux, les nuages qui crèvent sur le bourg, dont Jupiter irrité fera disparaître tout vestige. La demeure seule de Philémon et Baucis sera épargnée; le roi de l'Olympe la changera en un temple de marbre, qu'il confiera à leurs soins.

Le dessin, exécuté à la mine de plomb, lavé d'encre de Chine, rehaussé de blanc, est signé à gauche : J. Ingres fecit, 1855. A droite Hommage de haute estime et d'affectueux dévouement. Ingres à M. le comte de Nieurskerke, aoust 1855.

Ce fut à Rome que M. Ingres imagina cette composition, dans laquelle on admire les belles lignes du corps de Mercure, la majesté de Jupiter et la frayeur respectueuse des vieillards; La première pensée, peu différente du dessin de M. le comte de Nieuwerkerke, a été donnée par M. Ingres à l'Académie de la ville du Puy. Elle a été gravée au trait dans le recueil de Réveil. Je me rappelle aussi avoir vu passer en vente un croquis pour ce sujet. Il était vivement tracé à la plume et de dimensions beaucoup plus petites.

L'AGE D'OR.

Notre premier travail sur les dessins exposés de M. Ingres en mentionnait quelques-uns pour cette grande composition, malheureusement laissée pour toujours ina

1. A l'exposition des dessins, il ne figurait de cette composition qu'une photographie.

chevée. Parmi les croquis nouvellement offerts aux regards du public, nous trouvons deux esquisses pour cette peinture. L'une, signée Ingres à M. Timbal, représente un jeune homme debout, le dos courbé, qui emplit à une fontaine un vase qu'il tient de ses deux mains. (Haut. 258 millim.) L'autre, appartenant à M. Gatteaux, offre une femme debout. Ses bras élevés, comme pour enlacer le cou d'un homme sur lequel elle s'appuierait, cachent en partie son visage amoureusement rejeté en arrière. (Haut., 360 millim.) Ces deux dessins, superbement traités à la pierre d'Italie, sont quadrillés des lignes de la mise au carreau.

STRATONICE.

Ce tableau fut commandé à l'artiste par M. le duc d'Orléans. A la vente du cabinet de ce prince, il fut acquis par M. le comte Demidoff pour le prix de 63,500 fr. M. Ingres possède encore dans son atelier une esquisse peinte et très-poussée de cette composition justement célèbre.

Les dessins nouvellement exposés permettent de voir, pour cette peinture, une belle étude de la figure de Stratonice. Le visage de la fille de Démétrius n'est que tracé au trait, tandis que le vêtement qui la couvre est étudié avec soin au crayon noir et à l'estompe. Les lignes de la mise au carreau indiquent que cette étude a servi pour le tableau. (Haut 480 millim.)

Il n'existe de la composition entière que la gravure au trait du recueil de Réveil. La figure de Stratonice a été lithographiée par Balze.

ROMULUS REMPORTANT LES PREMIÈRES DÉPOUILLES OPIMES.

La gravure de M. Rosotte est un fac-simile réduit du dessin de notre collection. On sait que cette composition a vivement préoccupé notre grand artiste, qui s'est complu à la chercher dans ses moindres détails, et qui dans ce dessin a dit son dernier mot. Nous avons longuement parlé de cette œuvre dans notre premier travail', et nous y revenons aujourd'hui à propos de quatre nouvelles feuilles récemment expcsées. La première offre deux projets pour le serviteur qui relève le cadavre d'Acron. Le projet définitivement suivi est précisément celui qui, sur cette feuille, a le moins d'importance. (Larg., 347 millim.) La deuxième présente la figure entière d'Acron avec des études très-sérieusement cherchées pour la tête et le torse, ainsi que pour les jambes de ce même personnage. (Larg., 365 millim.) La troisième est une étude pour l'écuyer qui porte le bouclier de Romulus. Sa main, posée sur la poitrine, indique que M. Ingres ne pensait pas alors à lui faire porter de bouclier; sa chevelure, traitée d'une manière originale et précieuse, est libre de toute coiffure; sa main droite tient un bâton posé sur son épaule, de laquelle tombe un péplum à peine indiqué. Sur ce même papier se trouve encore une esquisse de main pour cette figure. (Haut., 340 millim.) La quatrième feuille est couverte d'esquisses de jambes, soit pour l'écuyer dont nous venons de parler, soit pour celui qui porte le casque du héros. Ce morceau de papier contient encore une étude pour le mouvement à donner au torse du deuxième écuyer. (Haut., 465 millim. Larg., 297 millim.)

Les quatre dessins, exécutés à la mine de plomb, appartiennent à M. Gatteaux.

4. L'explication du sujet se trouve dans le tome IX, à la page 346.

VIRGILE LISANT L'ÉNÉIDE.

La première série des dessins exposés de M. Ingres contenait une aquarelle qui pouvait être regardée comme la dernière pensée du maître sur ce sujet1. La deuxième série renferme un dessin qui, sans être conforme au tableau détruit, s'en rapproche davantage.

La composition est en largeur. Les personnages, placés comme dans la gravure de Pradier, diffèrent légèrement dans leurs attitudes. Livie, plus rapprochée d'Auguste, soutient la tête d'Octavie évanouie. Sa coiffure élevée lui forme un diadème naturel. La main gauche d'Octavie tombe à terre. Mécène et Agrippa n'assistent point à cette scène. La statue de Marcellus, qui ne se trouvait pas dans le tableau, se voit ici; mais elle a beaucoup moins d'importance que dans le projet gravé. Sur le piedestal on lit : DIVVS. C.ES. AVGVST. MARCELLVS. L'ornementation du palais a la sévérité du type dorique; tout détail gracieux en est banni. Ce curieux dessin, fait sur un papier brun foncé, appartient à M. Alexandre Hesse. Il est exécuté à la plume, lavé de bistre, et rehaussé de blanc. La feuille sur laquelle il est collé est signée: Ingres, pinxit et delineavit à Rome, 1815. J. Ingres fec. (Larg., 318 millim. — Haut., 228 millim.)

Pour cette composition, nous trouvons encore à cette seconde exposition une feuille couverte d'études pour les mains et le torse d'Octavie. Les jambes d'Auguste sont également indiquées sur ce papier, mais leur position diffère essentiellement de celle adoptée plus tard par le peintre. Ce dessin, exécuté à la mine de plomb, appartient à M. Reiset. Sa largeur est de 270 millimètres.

A M. Gatteaux appartient une belle étude, faite à la mine de plomb, pour la figure du Virgile, qui, dans ce dessin, tient de ses deux mains abaissées le parchemin sur lequel est écrit l'Énéide. Ce personnage est nu et vu jusqu'à mi-corps. Des notes manuscrites, l'esquisse d'un candélabre extrêmement différent de celui adopté par la suite, couvrent le restant de la feuille. (Haut., 240 millim.)

FRANCESCA DA RIMINI.

« Nous lisions un jour par passe-temps les aventures de Lancelot, et comment il fut épris d'amour; nous étions seuls et sans défiance.

« Plusieurs fois cette lecture fit nos yeux se chercher et notre visage changer de couleur; mais ce fut un seul passage qui décida de nous.

« Quand nous vîmes le doux sourire de l'amante couvert par le baiser de son amant, celui-ci, qui jamais ne sera séparé de moi,

<< Me baisa la bouche, tout tremblant; le livre et celui qui l'écrivit furent pour nous un autre Galléhaut; ce jour-là nous ne lûmes pas davantage. » (Enfer du Dante.)

Tel est le simple et touchant récit du Dante que M. Ingres a plusieurs fois fixé sur la toile ou tracé sur le papier. Francesca est assise sur un banc, devant une tapisserie armoriée. Paolo, son beau-frère, embrasse sa joue frémissante. Elle laisse échapper le livre de sa main, et ne se défend point des baisers de son amant. Le difforme Lancilotto Malatesta, mari de la belle Francesca, sort de derrière la tapisserie qui le cachait, et tire son épée pour les punir de mort. Signé : J. Ingres, 1857. (Haut., 225 millim. - Larg., 170 millim.)

Ce dessin, que l'illustre artiste a plusieurs fois répété en le modifiant,

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est quadrillé des lignes de la mise au carreau. Sa date n'indique que l'année en laquelle M. Ingres le retoucha légèrement, car il a dû servir pour le tableau qui appartenait à M. le comte Turpin de Crissé. Il n'offre avec cette toile aucune différence sensible. Cette peinture, exécutée à Rome en 1819, exposée, en 1846, dans les galeries Bonne-Nouvelle et au Salon de 1855, est actuellement la propriété du musée de Nantes. Elle fut, dit-on, proposée à la Société des amis des arts, qui refusa d'en donner 500 francs, et qui, honteuse d'offrir à ses membres une semblable toile, l'échangea à M. Turpin de Crissé contre une de ses œuvres. Ce tableau n'était que la répétition modifiée d'une toile possédée par le prince de Salerne. Dans une exposition faite au boulevard des Italiens, en 1860, nous avons eu l'occasion de voir une autre variante appartenant à M. le vicomte du Taillis. Francesca et Paolo seuls y sont représentés un peu plus bas que mi-corps. M. Camille Marcille, à Chartres, possède de ce sujet un fort beau dessin à la mine de plomb.

Gsell, dans la France littéraire, a donné une lithographie du tableau de M. Turpin de Crissé, qui a été aussi gravé au trait dans le recueil de Réveil. Aubry-Lecomte en a lithographié, en 1834, le groupe des deux personnages principaux.

LE VOEU DE LOUIS XIII.

Au sujet d'une première pensée de ce tableau, nous avons, dans notre article precédent1, parlé de cette peinture. La seconde série des dessins de M. Ingres nous offre de nouvelles études pour cette toile. Ce sont des esquisses pour les mains de la Vierge, exécutées sur deux papiers lilacés (haut., 135 et 195 millim.), puis de charmants croquis pour les anges qui entourent la Mère de Dieu. Ces derniers sont tracés sur une feuille rose, qui ne contient pas moins de huit têtes d'anges plus ravissantes les unes que les autres, et quelques études de bras et de jambes. Collection de M. Gatteaux. (Haut., 285 millim. Larg., 247 millim.)

APOTHÉOSE DE NAPOLÉON 1er.

Nous avons décrit, dans notre premier article 2, deux figures pour les voussures du plafond de l'Hôtel de Ville. Parmi les nouveaux dessins exposés, nous trouvons une grande étude pour les chevaux de l'apothéose de Napoléon Ier. (Haut., 485 millim.)

Ce morceau montre toute la connaissance que M. Ingres a du cheval, et l'étude attentive qu'il a faite des superbes modèles laissés par l'antiquité. Cette esquisse quadrillée des lignes de la mise au carreau a servi pour l'exécution du plafond.

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Ingres Del.

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ROMUIUS

KIMPORTANT LES PREMIERES DEPOUILLES OPIMES.

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