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traduisit Pétrarque en vers français, et sa traduction fut assez goûtée pour être réimprimée à Douai en 1606. Ces panneaux ornaient, suivant toute probabilité, la chapelle de la famille des Maldeghem, attenante à une église des Frères-Prêcheurs, actuellement détruite, et ils seraient de Porbus.

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pénibles, pour décrire les richesses d'un cabinet si important par lité et la variété des objets qui le composaient.

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Au XVII et au XVIIIe siècle, les amateurs de tableaux, de dessins et

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d'antiquités se plaisaient à faire paraître les catalogues illustrés de leurs collections. De nos jours, ces publications semblent être devenues l'apa

nage exclusif des amateurs d'antiques, et, pour ne point remonter au delà du musée Denon, citons le musée Blacas, dont les monuments musulmans furent décrits par M. Reinaud, et les vases peints par M. Théodore Panofka; le cabinet Durand, avec un texte de M. de Witte; le catalogue des objets antiques et de la Renaissance du musée Pourtalès, et enfin les terres cuites de M. le vicomte de Janzé, reproduites tout dernièrement par la photographie. On conçoit aisément l'importance de semblables ouvrages, dans lesquels un texte concis et clair résume les connaissances du jour, en même temps que le burin d'artistes consciencieux procure aux savants des sujets de comparaisons fécondes. Espérons donc qu'un si noble exemple sera suivi, et que bientôt nous verrons nos grands amateurs reprendre goût à ces sortes de publications, et suppléer ainsi, dans la mesure de leurs forces, à l'action du gouvernement, trop souvent sollicité en dehors des arts par des besoins qu'il juge plus impérieux.

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LA PHOTOGRAPHIE

EN 1861.

Trente mille curieux ont visité, en 1859, l'exposition à laquelle la Société française de photographie avait convié pour la troisième fois ses adhérents parisiens, provinciaux et étrangers'. C'est dire assez l'intérêt que porte le public à cette merveilleuse conquête de l'homme sur la plus capricieuse et la plus immatérielle des forces de la nature, la lumière. La photographie est arrivée, grâce aux efforts d'hommes ardents et réfléchis, à rendre des aspects de la nature tellement particuliers et personnels, qu'on doit se demander aujourd'hui où finit la volonté pure, où commence la manipulation.

La préférence accordée à certains procédés ou à certains instruments, en créant parmi les nations des écoles véritables, prouve donc encore cette tendance commune aux différentes familles de l'humanité de poursuivre l'expression d'un idéal particulier. Les photographes de l'Angleterre cherchent, ainsi que ses peintres, le rendu précieux, le contour arrondi, et dans le tirage des épreuves obtiennent, comme ses graveurs, des noirs veloutés, des effets tranchés. Leurs objectifs piquent mieux, suivant un terme expressif des laboratoires, c'est-à-dire qu'ils pénètrent en quelque sorte les pores de la peau, le grain de la pierre, le pelage des bêtes, l'écorce des arbres. En France, au contraire, les épreuves sont d'un aspect plus gras il est visible qu'on se préoccupe surtout de l'éclairage des plans du visage ou des valeurs relatives des masses dans le paysage.

Les photographes semblent même emporter leur patrie dans les parois de leur chambre noire. M. Camille Sylvy et M. Claudet opèrent à Regent Street avec autant d'esprit et d'entrain que sur une terrasse du boulevard des Italiens. Ils obtiennent à Londres des clichés parisiens. En revanche, un Allemand, M. Hanfstængl a fait de la maison militaire impériale un

1. Gazette des Beaux-Arts du 15 mai 1859, t. II, p. 209.

véritable état-major prussien. C'est parce que l'assimilation du goût indigène ne s'opère que bien lentement. M. Hanfstængl n'a-t-il point encore en lui l'idéal du militaire qui, à Vienne ou à Berlin, éblouissait son imagination d'enfant, charmait les yeux de sa jeunesse? Il était sincère en recommandant à son modèle de prendre « la pose la plus naturelle; » mais ce n'est qu'après avoir redressé une épaulette, hérissé une moustache, tiré un pli de la tunique, brossé le chapeau galonné, en un mot modifié un mouvement, corrigé dans d'imperceptibles détails la nature, jusqu'à ce qu'elle se rapprochât de son idéal allemand.

Les plus beaux portraits sont, cette année, ceux de M. Alophe. Ils n'exagèrent point la physionomie du modèle, et n'en amoindrissent pas les traits caractéristiques. On s'arrête devant ceux de M. Yvon et celui de M. Hébert qui regarde avec des yeux mélancoliques et profonds. Celui d'une jeune femme debout qui croise ses mains avec une gracieuse afféterie est d'une élégance de bon aloi. En général, les vêtements s'harmonisent largement avec les chairs, et tous nous ont semblé vierges de toute retouche.

Ceux de M. Bilordeaux sont d'une bonne exécution en tant que métier, mais les poses sont communes, les expressions grimacières. Il y a un grand danger à toujours choisir des acteurs. La vie factice de derrière la rampe imprime à l'épiderme une fatigue précoce, aux traits une mobilité exagérée, aux yeux une fièvre inguérissable, aux mouvements la tendance à la charge, et, dans la vie réelle, qui n'est faite que d'atténuations, on reconnaît toujours, à sa pâleur, à sa tournure agitée, l'artiste dramatique. Au contraire, M. Ken cherche dans ses modèles les ajustements de bon goût et les gestes de bonne compagnie; quelques têtes, qu'il détache sur le fond par des demi-teintes dégradées, sont d'un aspect harmonieux.

Les Groupes et Études de M. Wegner d'Amsterdam créeraient à nos artistes pour la décision du rendu un rival des plus redoutables, s'ils n'étaient point gâtés par le pire des défauts: la prétention. Ses femmes méditent avec la froideur minaudière de la Lolotte de Werther, et ses jeunes hommes, drapés dans des manteaux à trois plis, interrogent l'infini avec cette anxiété propre aux âmes qu'agitent les terribles problèmes du non-moi.

L'exposition de 1859 comprenait, sous 1295 numéros, les envois de 148 exposants; celle-ci n'en contient que 1260, répartis sous le même nombre de noms. Elle a donc restreint, non pas le nombre des appelés ni des élus, mais celui de leurs œuvres. Mais pourquoi le jury n'a-t-il point dit à M. Nadar que ses envois n'étaient peut-être point au niveau de sa réputation? Que n'a-t-il élevé une digue contre le débordement de cette

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