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No. 504 senté de nouveau chez Son Éminence à l'occasion des fêtes de Noël et l'aurait 27. Dec. informé qu'il venait de recevoir une lettre particulière de lord Russell, dans la

Frankreich,

1862

quelle ce ministre exprimait son vif regret de voir que le Pape n'était pas disposé pour le moment à accepter ses propositions, en ajoutant qu'il avait des raisons de croire que Sa Sainteté se trouverait très-prochainement dans la nécessité d'en profiter. Le cardinal Antonelli se serait abstenu de faire à cette nouvelle communication aucune réponse.

Prince de la Tour d'Auvergne.

A Mr. Drouyn de Lhuys, etc., Paris.

No. 505. Frankreich, 1. Jan. 1863.

FRANKREICH.

No. 505.

Résumé

Min. d. Ausw. a. d. kaiserl. Botschafterin Rom. einer Unterredung mit Lord Cowley in Betreff des Brigantenwesens im Neapolitanischen und der Anwesenheit Franz II. in Rom.

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Paris, le 1. janvier 1863.

Prince, M. l'ambassadeur d'Angleterre est venu me donner lecture d'une dépêche du principal secrétaire d'État de Sa Majesté Britannique ayant pour objet de nous dénoncer l'extension qu'aurait prise le brigandage dans les provinces napolitaines voisines de l'État pontifical. Après avoir signalé le fait comme constant, lord Russell n'hésite pas à l'attribuer pour la plus grande part à la tolérance volontaire, sinon à la connivence dont le Gouvernement pontifical assurerait le bénéfice aux bandes qui s'organisent sur son territoire. Et cependant, observe en passant lord Russell, le Saint-Siége, en mainte occasion, et notamment en 1848, lorsque le Pape actuel était provoqué à prendre part à la guerre contre l'Autriche, le Saint-Siége a proclamé qu'il avait en horreur l'effusion du sang, et que la guerre était contraire à ses principes de mansuétude et de charité. Or, qu'y a-t-il de plus cruel que la guerre civile et de plus odieux qu'elle ait pour auxiliaire le brigandage? Voilà pourtant, d'après les informations reçues à Londres, ce que la Cour pontificale ne craint pas d'encourager plus ou moins directement par sa propre conduite, et de plus en permettant que le roi François II continue, par sa présence et par ses menées à Rome, d'exciter le zèle de ses partisans au delà de la frontière. Enfin, la dépêche mentionne le fait qui m'avait déjà été signalé par lord Cowley de l'organisation sur le territoire romain d'une troupe de cinq ou six cents recrues, habillées d'un uniforme pareil à celui des soldats français, et qui aurait été dirigée sur les États napolitains. ¶ Ces prémisses posées, lord Russell fait remarquer que, si le Gouvernement italien se trouvait vis-à-vis du Saint-Siége dans des conditions ordinaires, il aurait à demander compte au Pape d'actes aussi contraires au droit des gens, et il lui serait facile d'en obtenir satisfaction. Mais il ne le peut, les Français étant à Rome; et, sans que la dépêche le dise expressément, elle donne cependant à entendre que le drapeau de la France à Rome protége bien un peu le brigandage tout en couvrant le Pape. C'est pourquoi le Gouvernement de Sa Majesté Britannique s'adresse à celui de l'Empereur, persuadé que, si la France voulait bien seulement

1863.

dire un mot, le brigandage cesserait bientôt. Tel est, Prince, si ma mémoire No. 505. Frankreich, est fidèle, le résumé exact et la conclusion de la communication qui m'a été faite, 1. Jan. le 26 du mois dernier, par lord Cowley. Je lui ai répondu que les informations qui servaient de base à la démarche qu'il était chargé de faire auprès de moi ne me paraissaient pas pouvoir être admises sans contestation, qu'il y avait au moins exagération dans le tableau tracé dans la dépêche de lord Russell. Le brigandage dans les provinces napolitaines n'existe pas seulement dans le voisinage de la frontière romaine, il existe surtout dans l'intérieur, et il sévit jusque dans la Basilicate. Malheureusement le brigandage est dans les moeurs et les traditions des Napolitains; c'est en quelque sorte un mal inhérent au pays, et le Gouvernement anglais ne peut ignorer combien, à toutes les époques, on a eu de la peine à le combattre. En ce qui nous concerne, nous n'avons pas attendu d'y être invités pour prendre toutes les mesures que la présence de nos troupes pouvait nous permettre, et notre correspondance avec l'ambassade de Sa Majesté à Rome aussi bien que celle de M. le Ministre de la guerre avec le commandant en chef de notre corps d'occupation sont là pour en témoigner. La vigilance de nos troupes à surveiller la frontière et à empêcher le passage des bandes ou des individus qui chercheraient à la franchir ne saurait être plus active; je pourrais dire, en vérité, que nos soldats sont bien moins à Rome pour assurer la sécurité du Pape que pour faire la police de la frontière. ¶ Quant à l'information relative aux cinq ou six cents hommes qui auraient passé des États-Romains sur le territoire napolitain, j'ai dit à lord Cowley qu'il m'était difficile d'y croire, car il n'était guère probable qu'un fait semblable se fût produit sans que l'ambassade et l'autorité militaire à Rome n'en eussent appris et mandé quelque chose; que je m'étais toutefois empressé de vous le signaler, en vous invitant à en vérifier l'exactitude, et que j'attendais votre réponse. J'ai ajouté que, conformément à vos instructions, vous n'aviez pas manqué, dans vos premiers entretiens avec le Cardinal Secrétaire d'État et avec le Pape lui-même, de rappeler le prix que nous attachons à ce que le Gouvernement pontifical s'applique de son côté, comme nous le faisons du nôtre, à empêcher les enrôlements sur son territoire, et que les assurances que vous aviez reçues à cet égard du Pape et de son ministre étaient aussi nettes que nous devions le souhaiter. Je n'ai pas caché à lord Cowley que vous aviez eu occasion d'aborder le même sujet avec le roi François II, et que ce prince, de qui on ne pouvait naturellement attendre le blâme ou le désaveu de ceux qui soutiennent sa cause, n'a pas hésité à déclarer qu'il était étranger à ce qui se passait dans le royaume de Naples, et qu'il déplorait que beaucoup de misérables se servissent de son nom pour commettre des crimes. Bien que la résidence du roi François à Rome n'ait pas sur le développement du brigandage l'influence que le Gouvernement anglais semblait lui attribuer, je n'ai pas davantage dissimulé à lord Cowley qu'elle était à nos yeux regrettable, ne fût-ce que parce qu'elle donnait lieu à des commentaires et à des récriminations fâcheuses pour la Cour pontificale. Nous désirions donc que ce prince comprît de lui-même la convenance qu'il y avait pour lui vis-à-vis du Saint-Siége à quitter les éjour de Rome; nous lui avions fait parvenir, et nous le ferions encore, les ́ observations que nous jugions les plus propres à l'y décider; mais l'Angleterre,

No. 505. qui pratique si largement chez elle les devoirs de l'hospitalité et qui en revendi1. Jan. que les droits avec un soin si jaloux, comprendra certainement que le Gouver

Frankreich,

1863.

nement de l'Empereur n'ait pas la pensée de faire usage de l'autorité dont il dispose à Rome pour amener l'éloignement du roi François, et qu'il veuille l'obtenir de la seule persuasion. En vous transmettant, Prince, ce résumé de mon entretien avec lord Cowley sur un des sujets qui préoccupent l'attention publique en Italie et ailleurs, il m'a paru que vous pourriez en faire un utile usage pour raffermir encore davantage le Saint-Siége, s'il en était besoin, dans les sages résolutions qu'il a prises en ce qui touche la tranquillité du midi de l'Italie.

Drouyn de Lhuys.

A Mr. le Prince de la Tour d'Auvergne, etc., Rome.

No. 506.

No. 506.

3. Jan.

FRANKREICH.

Min. d. Ausw. a. d. kaiserl. Botschafter in Rom.
Grundlosigkeit der englischen Reclamation [Nro. 498] betr.

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Paris, le 3 janvier 1863.

Die

Prince, les renseignements que vous avez recueillis concernant l'enFrankreich rôlement prétendu des reactionnaires qui, au nombre de cinq ou six cents, 1863 auraient franchi la frontière romaine pour entrer dans les provinces napolitaines, sont aussi concluants que possible et nous autorisent à considérer comme tout à fait erronée l'information que M. Odo Russell avait transmise à son Gouvernement. M. le général de Montebello en a écrit de son côté à M. le Ministre de la guerre, et il dément en termes énergiques un fait que la surveillance de nos troupes n'eût pas manqué d'empêcher, en supposant que d'autres que nous eussent pu le tolérer. ¶ J'ai eu, du reste, occasion de revenir sur cet incident avec lord Cowley depuis la réception de votre dépêche, et je m'en suis expliqué de manière à ce qu'il pût éclairer à son tour le principal Secrétaire d'État de S. M. Britannique sur le peu de confiance qu'il convient d'attribuer aux informations qui lui sont venues de Rome. Comment pourrait-il se faire que l'auteur de ces informations eût été le seul à savoir ce qu'auraient ignoré le Gouvernement pontifical et le commandant en chef des troupes françaises, dans une circonstance où ils eussent été inévitablement les premiers informés? Enfin, si l'on veut admettre que cinq ou six cents hommes aient été enrôlés, organisés et équipés, et qu'ils aient traversé les postes français sans être aperçus, comment se fait-il que le nombre total des brigands dans les provinces napolitaines s'élève à peine au même nombre, d'après le rapport que M. le général de la Marmora a adressé au Gouvernement italien? J'aime à penser que ces considérations sur lesquelles j'ai principalement insisté dans mon nouvel entretien avec lord Cowley, et que l'ambassade de Sa Majesté à Londres sera chargée de présenter aussi à lord Russell, auront pour effet de démontrer au Gouvernement anglais tout au moins l'invraisemblance du fait qu'il a cru devoir accueillir, et de le mettre en garde contre les bruits analogues que des personnes moins amies de l'Italie qu'ennemies du SaintSiége ne craignent pas de propager. Drouyn de Lhuys. A Mr. le Prince de la Tour d'Auvergne, etc., Rome.

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ITALIEN.

No. 507.

Aufforderung zur Eröff

Min. d. Innern an die Präfecten. nung einer Subscription zur Unterstützung der durch das Räuberwesen in den neapolitan. Provinzen Beschädigten.

[Uebersetzung.]

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Turin, le 1er janvier 1863.

Le brigandage, qui travaille plusieurs des provinces napolitaines, est une plaie générale pour l'Italie. Il enlève de la vigueur à tout le corps; s'il n'attaque principalement que quelques membres, il souille la pureté de ce mouvement national qui a tiré l'Italie de l'humble condition où elle se trouvait pour la faire entrer dans la voie d'un avenir indéfini de prospérité et de grandeur. Le brigandage ne peut être imputé cependant aux populations des pays qu'il désole; sans qu'il y ait de leur faute, c'est pour elles un nouveau malheur, malheur qui est comme la somme et le résultat de tous ceux qu'a fait peser sur elles le gouvernement déchu, en négligeant, de propos délibéré, de répandre parmi les classes les plus infimes ces lumières de l'éducation, ces semences de civilisation, ces principes féconds de liberté qui propagent chez les peuples le sentiment de leur propre valeur et de la dignité du travail. ¶ Dans le désordre qu'un changement quelconque, au milieu de pareilles conditions, devait engendrer, le gouvernement déchu n'a vu dans l'avenir que ce qu'il y avait trouvé dans le passé, un moyen de restauration. Les populations napolitaines ont déjà, à cette heure, désillusionné ceux qui nourrissaient cette espérance, en concourant, non à grossir, mais à combattre les bandes des brigands qui, par la dissolution de la force publique et par l'or venu d'où l'on devait attendre une parole chrétienne de bénédiction et de paix, se sont formées au milieu d'elles. Toutefois ces bandes si disséminées et si isolées, campées ou errantes comme des ennemis sur un terrain ennemi, servent aux adversaires de l'unité italienne de prétexte pour la combattre, préférant laisser croire qu'ils ont trouvé sur le sol de l'Italie un allié qui les déshonore, que de déclarer qu'ils n'en trouvaient point. nité de l'Italie resplendit de son propre éclat, et, née de la volonté unanime des peuples, elle n'a pas besoin de confirmation. Le Gouvernement doit néanmoins veiller, parce que là où manquent les motifs manquent aussi les prétextes, parce qu'il faut que le feu soit éteint même avant que son foyer, qui est à Rome, n'en ait disparu; et il est résolu à prendre les mesures les plus promptes et les plus efficaces pour que la mauvaise herbe du brigandage, qui frappe de stérilité le sol de tant de provinces, soit entièrement fauchée et arrachée. Les moyens que le Gouvernement doit employer de son chef et dès à présent, pendant même que les études de la commission d'enquête continuent, vous les connaissez déjà en partie, et vous en serez plus tard particulièrement instruit. Toutefois il est une chose que le Gouvernement croit ne pas pouvoir accomplir tout seul, et pour laquelle il provoque, par l'intermédiaire de MM. les préféts, le concours de la nation. Les populations napolitaines, qui depuis deux ans subissent un fléau dont les autres provinces sont exemptes, ont pourtant le besoin de savoir, par un témoignage évident, que ce mal, qui leur est particulier, est regardé en fait comme un mal pour tous, ce qu'il est réellement. Un fait nouveau dans les

Staatsarchiv IV. 1863.

5

L'u

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No. 507.
Italien,

1863.

sociétés actuelles, un fait dont l'Angleterre, dans toutes les parties de son imJar mense territoire, donne aujourd'hui un exemple si splendide, en concourant à secourir les ouvriers du Lancashire laissés sans travail à cause de la guerre d'Amérique; un fait nouveau, c'est que toutes les parties qui constituent un État, que toutes les provinces qui le composent, que toutes les classes qu'il embrasse, que tous les citoyens qu'il compte dans son sein sentent maintenant plus intimement que par le passé le besoin de former un seul tout réuni par un lien d'affection intime, un lien commun d'intérêts, de façon que le mal de l'un devient le mal de chacun; et la libéralité des particuliers suffit là où l'État, sans élargir excessivement ses attributions ou appliquer des principes reconnus jusqu'à présent comme funestes, ne pourrait suffire pleinement par lui-même. En Italie, ce concours du pays aurait, outre cette signification sociale et morale, une signification politique. La douleur des longues vexations, des malheurs répétés, des souffrances continues, a pu causer chez quelques-unes des populations napolitaines un préjudice funeste à la réputation de stabilité qui est le premier fondement de tout État et le premier principe de tout État nouveau. Ces populations ont pu se croire délaissées par les provinces leurs soeurs et moins aimées que les autres. Quel meilleur moyen de dissiper un préjudice aussi funeste que de montrer la sollicitude de toute l'Italie accourant spontanément pour panser les plaies que le brigandage ouvre dans les familles, et récompenser le courage de ceux qui, en affrontant les brigands, défendent leurs personnes, leurs familles, leur patrie, et lavent le nom napolitain de toute accusation injuste? Le Gouvernement n'entend pas non plus, de ce côté, rester inactif dans la sphère de son action légitime. Dès à présent les actes de courage reçoivent de lui ces récompenses que, dans les limites des fonds dont il dispose, et dans les modes consentis par les lois, il peut accorder. Il se propose de formuler un projet de loi qui sera présenté dans la prochaine session du parlement, afin de pouvoir agir avec plus de latitude sur ce sujet. Mais tandis que le Gouvernement médite ce projet, on ne peut se dissimuler deux choses: 10 que pour formuler et discuter ce projet de loi, il faudra du temps; 2o qu'il ne pourra venir en aide à ces malheurs domestiques qui méritent de la pitié des citoyens autre chose qu'une commisération stérile, ni embrasser dans sa prévoyance tous les actes inspirés par l'amour de la patrie et tous les actes de courage qu'il serait juste de récompenser, comme saurait admirablement le faire la charité privée. ¶ D'autre part, le Gouvernement sent combien la consolation descendrait plus douce au sein des familles désolées ou dans l'âme de ceux qui ont bien mérité du pays, s'il était manifeste que les récompenses sont le produit de la volonté spontanée de leurs concitoyens plutôt que le produit forcé de l'impôt. ¶Le Gouvernement sent bien qu'en suivant le premier système, plusieurs effets moraux en résulteraient, et que, d'après le second, il n'atteindrait pas son but; il sent, dis-je, combien il importe que pendant qu'il demande comme un devoir la vertu du sacrifice, la reconnaissance et la sollicitude du pays, il se hâte de la récompenser par un prix convenable. ¶Sans renoncer par conséquent à la part qui lui incombe, le Gouvernement juge à propos de vous inviter à provoquer, à la réception de la présente circulaire, une souscription, dans toutes les communes de la province confiée à vos soins, de la

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