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Cette exposition générale des vues du ministère dont j'ai l'honneur d'être membre me dispense d'entrer dans de longs développements sur la direction que l'administration actuelle se propose de donner à la politique extérieure. J'aurai soin de vous faire connaître la pensée du gouvernement sur chacune des questions spéciales qui appelleront successivement mon attention. En attendant, je compte, Monsieur le Ministre, sur votre habile et active coopération pour expliquer au gouvernement aupres duquel vous êtes accrédité quelles sont les véritables intentions de l'Italie. En consacrant tous nos efforts, d'un côté à la réorganisation intérieure du royaume, de l'autre à rendre de plus en plus intimes les rapports qui nous unissent aux autres États, nous montrerons que la constitution de l'unité italienne a été un véritable progrès accompli vers la consolidation de l'équilibre européen. Les Italiens n'oublieront pas que ce grand résultat a été obtenu avec le concours et affermi par l'adhésion des Puissances les plus éclairées. C'est par la justice de sa cause, par la fermeté et la modération de sa conduite que l'Italie a obtenu cette sympathique coopération. Nous ferons en sorte de nous l'assurer à l'avenir, en développant énergiquement les forces du pays et en nous attirant par notre loyauté la confiance et le respect des puissances, sans renoncer à aucun des principes qui doivent présider à l'accomplissement de nos destinées nationales. Née de l'alliance de la monarchie et de la liberté, l'unité italienne restera fidèle à ses origines; elle gardera toujours ce caractère libéral et conservateur qui lui a valu de si vives sympathies par le passé, et qui lui procurera à l'avenir sa part légitime d'influence. ¶ Agréez, etc.

Pasolini.

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No. 500.

FRANKREICH.

Gesandter in Turin a. d. kaiserl. Min. d. Ausw.
Frankreich feindlichen Artikel der „Opinione" betr.

Einen

Turin, le 25 décembre 1862.

1862.

Monsieur le Ministre, assaillis par le parti extrême pour avoir adopté No. 500. Frankreich, une politique expectante dans la question romaine, les nouveaux Ministres ont 25. Dec. laissé expliquer, par quelques journaux, l'attitude qu'ils compteraient garder et que résume en ces termes l'Opinione du 21: „Entre la France qui nie Rome aux Italiens et l'Italie qui la veut irrévocablement, il n'y a pas d'entente possible." Bien que cette déclaration, en supposant qu'elle fût pour le compte du Ministère, ne l'engageât en rien vis-à-vis du Gouvernement de l'Empereur, comme, jusqu'à un certain point elle l'engageait vis-à-vis du pays, j'ai cru devoir incidemment consulter M. Pasolini sur la portée qu'on pouvait lui attribuer. Le Ministre des Affaires étrangères commença par déclarer qu'il n'y avait dans le pays aucun journal qui eût le droit de parler au nom du Gouvernement ou de se dire inspiré par lui; il ne fit pas difficulté de reconnaitre qu'après la déclaration faite que la question romaine devait pour l'heure être écartée, il en était infiniment trop parlé à la chambre et dans la presse; mais en même temps il admit que ses collègues et lui partageaient l'opinion du pays, celle que Rome était la

Frankreich,

25 Dec. 1862.

No. 500 capitale naturelle de l'Italie. Il ajouta que c'était là un héritage de M. de Cavour que devait accepter tout ministère italien; que le général Durando l'avait réaffirmé; que, quand il proposait au Gouvernement de l'Empereur de négocier, c'était sur la base de Rome aux Italiens, et que la seule différence entre le programme du cabinet actuel et celui de l'ancien était l'abstention de nouvelles ouvertures à faire au Gouvernement de l'Empereur, qui croyait ne pas pouvoir accepter de négocier sur cette même base. Mais, dis-je à M. Pasolini, c'est un véritable non possumus que vous prononcez là; pendant que nous vous invitons à vous entendre avec la Cour de Rome sur le terrain de la conciliation, ne trouvez-vous pas impolitique de vous lier les mains à l'avance sans savoir si les événements ne feront pas surgir les combinaisons dont il vous serait utile de profiter pour ouvrir de nouvelles négociations?" ¶ M. Pasolini se récria contre l'interprétation, beaucoup trop absolue, selon lui, que je donnais à ses paroles, et il m'expliqua que les Ministres actuels continueraient à suivre avec le plus vif intérêt la marche des choses et que, le jour où ils croiraient possible de reprendre cette négociation, avec le Gouvernement de l'Empereur, ils s'empresseraient de le faire. M. Pasolini me reproduisit enfin les diverses considérations que connait Votre Excellence, et entre autres celle qui consisterait à laisser aux Romains, par la retraite de nos troupes, la liberté de voter pour le Souverain qui leur conviendrait, ainsi qu'il a été fait en France, en Grèce, etc. J'avais écouté M. Pasolini sans beaucoup l'interrompre; je ne pus m'empêcher cependant de lui faire observer, à l'occasion de ce dernier argument, que, si le code nouveau des droits des peuples comportait la mise aux voix d'un trône devenu vacant, il n'admettait pas toutefois la possibilité du vote d'un trône légalement occupé, et que l'Europe aurait lieu de s'étonner qu'un pays monarchique comme l'Italie proposât avec calme l'expropriation d'un souverain pour cause d'utilité publique. Le Ministre des Affaires étrangères a écouté avec attention les remarques que, dans des dispositions amicales, j'ai été amené à lui faire sur les dangers pour le Gouvernement italien d'une politique qui, par des déclarations trop absolues, gênerait son action future vis-à-vis du Gouvernement de l'Empereur. M. Pasolini s'est élevé contre la supposition que le cabinet actuel pût jamais se montrer ingrat envers la France, et il a insisté, en son nom comme au nom de ses collègues, sur leur parfaite détermination de marcher d'accord avec le Gouvernement de l'Empereur et de s'appuyer sur lui. Les paroles de M. Farini, qui est venu me voir après cet entretien, étaient de nature à confirmer plutôt les assurances amicales données par M. Pasolini. Un fait reste acquis, c'est le temps d'arrêt qui officiellement s'est produit dans la question romaine par l'arrivée du nouveau cabinet.

A Mr. Drouyn de Lhuys, etc., Paris.

Sartiges.

No. 501.

FRANKREICH. Min. d. Ausw. an den kaiserl. Gesandten in Turin.

-

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- Den

Paris, le 26 décembre 1862.

Monsieur le Comte, sans attacher plus d'importance qu'il ne convenait à la note insérée dans le journal l'Opinione, et qui tendrait à faire croire que le nouveau Ministère italien aurait pris à notre égard, au sujet des affaires de Rome, une attitude moins conciliante qu'il ne serait à désirer, vous avez bien fait de vous en expliquer avec M. Pasolini. Les dispositions qu'il vous a manifestées à cette occasion sont satisfaisantes, et nous devons croire qu'elles sont partagées au même degré par tous les membres du nouveau cabinet. Je dois vous dire, d'ailleurs, que M. Nigra m'a tenu un langage parfaitement d'accord avec ce qui vous a été dit par M. le Ministre des Affaires étrangères. ¶ Au surplus, Monsieur le Comte, l'essentiel est, pour le moment, qu'à Turin aussi bien qu'à Rome on ne prenne aucune résolution ou que l'on ne fasse aucune déclaration qui seraient de nature à enchaîner l'avenir et à écarter les chances de la conciliation à laquelle nous serons toujours prêts à employer nos efforts. En résumé, je constate avec plaisir, par l'ensemble de votre correspondance, que la situation à Turin est devenue plus calme, et je me plais à espérer que l'attitude à la fois amicale et ferme qui vous est prescrite, et que vous saurez conserver, ne contribuera pas peu à faire comprendre au Gouvernement italien la nécessité de donner aux populations et aux partis l'exemple de la modération.

A Mr. le Comte Sartiges, etc., Turin.

Drouyn de Lhuys.

No. 501. 26. Dec.

Frankreich,

1862.

No. 502.

FRANKREICH. - Min. des Ausw. an den kaiserl. Botschafterin Rom.

römische Frage betr.

Paris, le 27 décembre 1862.

Die

Prince, l'Empereur a été sensible aux témoignages de reconnaissance pour Sa Majesté et de sympathie pour l'Impératrice et le Prince Impérial que le Pape vous a exprimés dans votre première audience. Sa Majesté a également apprécié le langage constamment bienveillant et modéré avec lequel le Pape vous a entretenu de quelques-unes des questions qui sont à Rome l'objet de notre préoccupation. Vous ne manquerez pas, Prince, d'encourager ces dispositions de la Cour de Rome, et je me persuade que cette tâche vous serait facile le jour où les membres les plus influents du Gouvernement pontifical et du Sacré-Collége se rendraient un compte plus et des obligations qui en résultent pour nous. pas encore fait la communication qui vous a été l'exposé des mesures préparées pour appliquer le principe électif dans la formation des municipalités et introduire dans l'administration pontificale certaines

exact des situations respectives
Le Nonce apostolique ne m'a
annoncée et qui doit contenir

No. 502.

Frankreich,

27. Dec.

1862.

Frankreich,

1862.

No. 502 améliorations. Je n'ai pas besoin de vous dire que nous recevrons ce document 27. Dec. avec beaucoup d'intérêt et le sincère désir de tenir compte au Pape et à son Gouvernement de tout ce qui sera fait pour répondre aux voeux et aux besoins légitimes de la population, et nous aider ainsi à protéger d'autant mieux les intérêts au nom desquels nous restons à Rome. Les dépêches que j'ai déjà reçues de M. le comte de Sartiges sont de nature à me faire considérer la situation à Turin comme étant devenue plus calme.

No. 503. Frankreich,

1862.

Drouyn de Lhuys.

A Mr. le Prince de la Tour d'Auvergne, etc., Rome.

No. 503.

FRANKREICH. Botschafter in Rom a. d. kaiserl. Min. d. Ausw. Die englische Reclamation [No. 498] betr.

Rome, 27 décembre 1862.

Monsieur le Ministre, Votre Excellence a bien voulu me faire part 27. Dec. d'une information transmise par M. Odo Russell à son Gouvernement, et de laquelle il résulterait que cinq ou six cents soldats, espagnols ou bavarois pour la plupart, auraient quitté le territoire pontifical pour se rendre dans les États napolitains *). Ces soldats auraient, toujours d'après le dire de M. Odo Russell, un uniforme composé d'une jaquette bleue et d'un pantalon rouge; de sorte qu'on pourrait les prendre pour des soldats français. ¶ Je m'empresse d'annoncer à Votre Excellence qu'il résulte des recherches auxquelles je viens de me livrer que le fait signalé par M. Odo Russell est ignoré de tous ceux qui seraient en situation d'en avoir connaissance, ce qui m'autorise à en contester l'exactitude. Comment admettre sérieusement, en effet, Monsieur le Ministre, qu'une expédition aussi importante ait pu s'organiser sur un territoire occupé par dix-huit mille de nos soldats, à l'insu de la police et de la gendarmerie française, et sans que le général qui commande ces troupes et l'ambassadeur de l'Empereur aient pu concevoir le moindre soupçon? Et, cette expédition eût-elle même été organisée, comment admettre encore qu'elle soit parvenue à franchir la frontière très-sévèrement surveillée par nos troupes, du côté précisément de Naples? Tout cela, je n'hésite pas à le dire, est plus qu'invraisemblable. Il convient, d'ailleurs, d'observer que de pareils faits, que la vigilance de nos troupes suffirait, je le répète, à rendre impossibles, ne pourraient pas se produire sans une complicité entière de la part des autorités pontificales; or je me suis déjà trouvé dans le cas, depuis mon arrivée à Rome, de m'expliquer très-nettement à cet égard, aussi bien avec le Saint-Père et le cardinal Antonelli qu'avec M de Mérode lui-même. Je m'empresse d'ajouter que dans le moment actuel l'attitude du Gouvernement pontifical est aussi correcte, sous ce rapport, que nous avons le droit de l'exiger. Prince de la Tour d'Auvergne.

A Mr. Drouyn de Lhuys, etc., Paris.

*) No. 498.

FRANKREICH.

No. 504.

- Botschafter in Rom an d. kaiserl. Min. d. Ausw. Papste von England angebotene Asyl auf Malta betr.

Das dem

Rome, le 27 décembre 1862.

Monsieur le Ministre, je m'empresse de vous transmettre les informations que j'ai recueillies et que j'ai lieu de croire exactes concernant la proposition récemment faite au Saint-Siége par lord John Russell, de mettre l'île de Malte à la disposition du Pape pour le cas où ainsi que le lui conseillait l'Angleterre, il consentirait à abandonner Rome à l'Italie. ¶ Dans le courant de l'été, M. Odo Russell, qui se disposait à prendre un congé, sollicita une audience du Pape. M. Russell, admis à l'audience, plaida comme d'habitude, mais dans des termes très-convenables, la cause de l'unité italienne, pour le succès de laquelle, dit-il, son Gouvernement faisait les voeux les plus ardents. Au moment où il prenait congé de Sa Sainteté, lorsqu'il était déjà sur le seuil du cabinet occupé par Elle, le Saint-Père lui adressa, sans y attacher, paraît-il, la moindre importance, ces paroles: ,,Adieu, cher Monsieur Russell; qui sait si un jour je ne serai pas forcé d'aller vous demander l'hospitalité ?" A ces mots M. Russell rentra immédiatement dans le cabinet du Saint-Père, et lui demanda si en effet il craignait d'être obligé de quitter Rome, et si, dans ce cas, il serait réellement disposé à venir en Angleterre. Le Pape rassura bien vite M. Russell, en ajoutant qu'il ignorait les épreuves que la Providence lui réservait, mais que, pour le moment, il n'avait aucune appréhension et ne songeait nullement à s'éloigner de Rome. M. Odo Russell, qui sans doute rendit compte de cette conversation à son Gouvernement, en lui donnant peut-être plus d'importance qu'elle n'en avait réellement, fut bientôt, assure-t-on, appelé à Londres par le télégraphe. A son retour à Rome, au mois de novembre dernier, M. Odo Russell se rendit chez le cardinal Antonelli et lui remit une note dans laquelle lord John Russell, après avoir soutenu la cause de l'unité italienne et le droit de l'Italie de posséder Rome, conseillait au Pape d'abandonner la ville éternelle, et annonçait que, dans le cas où le Saint-Père serait disposé à suivre ce conseil, la flotte anglaise de la Méditerranée se tiendrait à ses ordres pour le transporter soit en France, soit en Espagne, soit à Malte où un palais serait mis à sa disposition et où il pourrait attendre librement que l'Italie se fût prononcée relativement à sa souveraineté. M. Odo Russell, en remettant au Secrétaire d'État de Sa Sainteté la note de Son Gouvernement, l'autorisa à en faire confidentiellement l'usage qu'il croirait convenable. Le Cardinal s'empressa de lui répondre qu'il n'avait à en faire aucun usage, attendu que le Saint-Père ne songeait pas le moins du monde à quitter Rome. L'intention de Son Eminence était même, assure-t-on, de garder à ce sujet un silence complet, pour ne pas donner à la démarche de M. Odo Russell une importance qu'elle ne devait pas avoir; mais on ne tarda pas à apprendre au Vatican que M. Odo Russell en avait parlé lui-même avec l'un des envoyés diplomatiques accrédités auprès du Saint-Siége. Les choses en restèrent là cependant, et le cardinal Antonelli considérait l'incident comme fini, lorsque, d'après ce qui m'a été dit, M. Odo Russell se serait pré

No. 504. 27. Dec.

Frankreich,

1862.

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