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Frankreich,

13. Dec. 1862.

No 493. croyons fondés à attendre de sa haute sagesse dans les conjonctures actuelles. En vous indiquant le but à atteindre, le Gouvernement de Sa Majesté désire, vous le savez, vous laisser, pour l'opportunité et le choix des moyens, toute la latitude dont il comprend que vous avez besoin. J'aime à me persuader, Prince, que la Cour de Rome, appréciant les obligations qui sont imposées au Gouvernement de l'Empereur par les principes qui dirigent sa politique, et dont il est responsable vis-à-vis de l'opinion publique en France comme envers luimême, avisera dans sa sagesse à ce qu'il lui appartient de faire pour rendre plus facile la tâche imposée à notre dévouement pour des intérêts qui sont les siens et qu'elle doit nous aider à défendre.

Drouyn de Lhuys.

A Mr. le Prince de la Tour d'Auvergne, etc., Rome.

No. 494.

No. 494. Frankreich, 16. Dec.

1862.

-

FRANKREICH. Botschafter in Rom a. d. Min. d. Ausw.
erste Audienz beim Papste.

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Bericht über seine

Rome, le 16 décembre 1862.

Monsieur le Ministre, j'ai eu l'honneur de remettre hier au Saint-Père, en audience privée, la lettre de l'Empereur qui met fin à la mission de M. le marquis de Lavalette et celle qui m'accrédite en qualité d'ambassadeur de Sa Majesté auprès du Saint-Siége. Le Saint-Père m'a reçu avec la plus grande bienveillance. Après m'avoir demandé des nouvelles de l'Empereur, de l'Impératrice et du Prince Impérial, Sa Sainteté m'a exprimé dans les termes les mieux sentis sa profonde gratitude pour la protection que l'Empereur voulait bien accorder à l'Église et au Pape en les défendant à Rome contre les entreprises de leurs ennemis. Le Saint-Père a ajouté qu'il connaissait, aussi bien que qui que ce fût, les difficultés de toutes sortes qui entouraient la noble et généreuse mission de la France, et que c'était un motif pour lui de se montrer doublement reconnaissant envers l'Empereur. ¶ J'ai remercié le Saint-Père des sentiments qu'il voulait bien me témoigner en l'assurant que l'Empereur, à qui je ne manquerais pas d'en transmettre l'expression, y serait tout particulièrement sensible. Encouragé par la tournure, j'oserai presque dire amicale, que prit la conversation, je n'hésitai pas à parler au Saint-Père avec une entière franchise. Je lui exposai combien étaient effectivement grandes et sérieuses les difficultés que nous rencontrions dans l'oeuvre d'apaisement et de conciliation que nous poursuivions, ce qu'il avait fallu à l'Empereur de dévouement au Saint-Siége et à la personne du Saint-Père pour ne pas se laisser décourager. Je ne lui dissimulai pas enfin les griefs plus ou moins fondés, mais généralement admis, de l'opinion publique à l'égard du Gouvernement pontifical, et j'ajoutai que le moment me semblait venu pour le Saint-Siége de faciliter, autant qu'il dépendait de lui de le faire, notre tâche, en se montrant animé de dispositions sages et libérales. Le Saint-Père m'écoutait avec bonté, ne m'interrompant que pour donner en quelque sorte un assentiment presque complet à mes paroles. Il n'avait jamais douté,

moyen de

m'a-t-il dit, et il doutait aujourd'hui moins que jamais des bienveillantes inten-
tions de l'Empereur. Il était également disposé à reconnaître que, dans la
situation donnee, le Saint-Siége pouvait, devait même faire quelque chose qui pût
être considéré tout au moins comme une preuve de sa bonne volonté; mais il
n'était pas facile au Saint-Siége, dans la position que les événements lui avaient
créée, d'agir comme il le voudrait. Cependant l'ordre avait déjà été donné d'a-
dresser une circulaire aux chefs des provinces pour les inviter, conformément aux
promesses contenues dans le motu proprio de 1849, à renouveler au
l'élection, à partir du premier mois de 1863, les conseils municipaux. Le Saint-
Père m'a fait remarquer, à cette occasion, que cette mesure aurait pour résulat de
donner pour base à toute l'organisation gouvernementale le principe électif, puis-
que c'étaient les conseils communaux qui nommaient les conseillers provinciaux,
et que les conseillers provinciaux à leur tour présentaient des listes dans lesquel-
les devaient être choisis les membres de la consulte d'État pour les finances. ¶ Le
Saint-Père n'aurait peut-être pas eu d'objection sérieuse à accorder à ceux-ci,
dans d'autres circonstances, en matière de finances, voix délibérative; mais au-
jourd'hui que le Saint-Siége était privé des trois quarts de ses revenus, que la
majeure partie de ses ressources provenait uniquement de la générosité des fidè-
les, il n'y avait véritablement plus place pour un pareil contrôle, et la concession
paraîtrait puérile. ¶ Abordant un autre ordre d'idées, le Pape a bien voulu me
citer quelques faits qui prouveraient qu'une certaine impulsion a été donnée dans
ces derniers temps aux travaux publics, et que le Gouvernement pontifical se
préoccupe plus sans doute qu'on ne le croit généralement d'augmenter le bien-
être matériel des populations restées sous son autorité. Sous le rapport des ré-
formes administratives et judiciaires, le Saint-Père s'est montré également animé de
bonnes intentions. Seulement Sa Sainteté est persuadée qu'à cet égard on est mal
renseigné à l'étranger sur le véritable état des choses dans les provinces qui font
partie du domaine de l'Église.,,On nous croit", m'a dit le Saint-Père,,,plus arriérés
que nous ne le sommes. On va même parfois jusqu'à nous conseiller certaines
réformes introduites depuis longtemps chez nous, tant on est ignorant de ce qui
s'y passe.
Aussi ai-je l'intention de prier le cardinal Antonelli d'exposer dans
une dépêche adressée au nonce, à Paris, la situation telle qu'elle est réellement,
en l'autorisant à communiquer confidentiellement ce mémoire à votre Gouverne-
ment." J'ai répondu au Saint-Père que je ne voulais en aucune façon m'associer
aux accusations passionnées et injustes des ennemis du Saint-Siége, que c'était
là un rôle qui ne saurait convenir au représentant d'un souverain qui professait
pour Sa Sainteté le dévouement le plus respectueux, que je n'étais chargé non
plus de formuler aucune demande; mais puisque le Saint-Père m'avait permis,
dès le début de notre entretien, d'exprimer librement mes impressions per-
sonnelles, je n'hésitais pas à lui avouer que je demeurais convaincu qu'aussi
bien et plus peut-être encore sous le rapport administratif et judiciaire que sous
le rapport politique, certaines réformes pouvaient être opérées avec un grand
profit pour le Gouvernement pontifical lui-même. Cette opinion, ai-je ajouté,
paraissait partagée par tous les amis dévoués et éclairés du Saint-Siége, et je
pensais dès lors qu'il serait désirable que l'exposé de la situation que Sa Sainteté

No. 494.

Frankreich,

16. Dec.

1862.

1862.

No. 494. avait l'intention d'adresser au nonce de Paris fût suivi de celui des mesures, soit Frankreich, 16. Dec. administratives, soit politiques, que le Gouvernement pontifical avait pu prendre dans ces derniers temps ou qu'il était aujourd'hui disposé à adopter. Le SaintPère n'a pas repoussé cette idée; il m'a, au contraire, assuré qu'il désirait luimême que tout ce qu'il était possible de faire fût fait et dans la meilleure forme. ¶ Durant l'audience, qui s'est prolongée au delà d'une heure, il n'est pas sorti, je dois le dire, de la bouche du Saint-Père une seule parole d'amertume à l'endroit des événements passés. Sa Sainteté n'a fait non plus aucune allusion directe aux pertes territoriales subies par le Saint-Siége; elle s'est bornée à témoigner, à différentes reprises, sa reconnaissance pour tous ceux en général qui, dans la sphère où ils se trouvaient placés, lui avaient montré quelque sympathie. Prince de la Tour d'Auvergne.

A Mr. Drouyn de Lhuys, etc., Paris.

No. 495.

No. 495. Frankreich, 16. Dec.

1862.

FRANKREICH. Botschafter in Rom an den Min. des Ausw.
trative Thätigkeit der päpstlichen Regierung betr.

Die adminis

Rome, le 16 décembre 1862.

Monsieur le Ministre, j'ai eu l'honneur de faire connaître à Votre Excellence des modifications assez essentielles introduites dans le régime des passeports à Rome; je crois devoir l'informer également que le Gouvernement pontifical vient de prendre une décision qui autorise les sujets romains qui avaient émigré comme compromis dans les événements des dernières années à rentrer dans leur pays, sous la condition d'exposer aux autorités pontificales des frontières les motifs de leur départ et ceux de leur retour; il y a lieu d'espérer que ces autorités apporteront une certaine indulgence dans l'appréciation des raisons qui leur seront exposées. ¶ J'ai appris que le Saint-Père avait approuvé, le 15 novembre dernier, les plans qui lui ont été soumis pour l'agrandissement de la ville de Civita-Vecchia, dont l'enceinte fortifiée nouvellement reconstruite double l'étendue. L'ouverture du chemin de fer qui relie ce port à Rome et à Naples l'appelle à un développement dont il était opportun de lui donner les moyens de profiter. Le chemin de fer qui se dirige sur Ancône sera ouvert au mois de janvier jusqu'à Orte, située à dix-huit lieues de Rome, et le Gouvernement est en négociations assez avancées, à ce que l'on m'assure, avec plusieurs compagnies pour la concession du chemin de fer de Civita-Vecchia à la frontière du Nord, qui réunira cette ville à Livourne en longeant la côte et en traversant les maremmes de Toscane. Je ne signale ces faits à Votre Excellence que parce qu'ils prouvent que le Gouvernement pontifical apporte en ce moment une certaine activité dans l'administration du territoire restreint sur lequel elle peut s'exercer. Pendant le long séjour que j'ai déjà fait à Rome, j'ai remarqué que s'il y avait à s'étonner de l'inaction de l'administration romaine, il y avait souvent aussi lieu d'être

Frankreich,

16. Dec.

1862.

surpris du silence qui est gardé et qu'elle garde elle-même sur des actes adminis- No. 495. tratifs qui lui vaudraient certainement quelque approbation si, après avoir pris la peine de les faire, on prenait celle de leur donner une certaine publicité. Prince de la Tour d'Auvergne.

A Mr. Drouyn de Lhuys, etc., Paris.

No. 496.

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Das von

FRANKREICH. Min. d. Ausw. a. d. kaiserl. Botschafter in Rom.
der grossbritann. Regierung dem Papste gemachte Anerbieten eines
Asyles in Malta betr.

Paris, le 20 décembre 1862.

[Extrait.] J'ai su, par une voie indirecte, que M. Odo Russell, étant reçu par le Pape, aurait donné à Sa Sainteté, au nom du comte Russell le conseil de quitter l'Italie, ajoutant qu'en pareil cas le Gouvernement de Sa Majesté Britannique lui offrirait volontiers l'ile de Malte pour y résider; que les vaisseaux anglais seraient à sa disposition, et qu'enfin le Pape pourrait compter sur l'empressement de l'Angleterre à lui assurer, dans l'asile qu'il aurait accepté, toutes les conditions d'un établissement digne de lui. Ces propositions auraient été faites dans une forme officielle, adoptée pour la première fois dans les rapports que M. Odo Russell entretient avec le Saint-Siége. Mgr. Chigi étant venu me voir, je lui ai dit, en faisant allusion à ce qui précède, que j'avais appris que nous avions de nouveaux auxiliaires et des concurrents dans la protection que nous donnions au Saint-Siége. M. le Nonce m'ayant confirmé l'information qui m'avait été donnée, j'ai ajouté, en évitant de prendre la chose plus au sérieux qu'il ne fallait, que nous espérions bien que si le Pape, ce qu'à Dieu ne plaise, était obligé de quitter l'Italie, Sa Sainteté nous accorderait la préférence sur l'Angleterre et que nous la lui demanderions.

Drouyn de Lhuys.

A Mr. le Prince de la Tour d'Auvergne, etc., Rome.

No. 496.

Frankreich,

20. Dec.

1862.

No. 497.

FRANKREICH.

Botschafter in Rom a. d. kaiserl. Min. d. Ausw. Bevorstehende Reformen im päpstlichen Gebiet betr.

Rome, le 20 décembre 1862.

dans un

[Extrait.] L'Osservatore Romano d'hier soir annonce, article qui a toute l'apparence d'un communiqué, que le Saint-Père vient de prendre la résolution de remplacer dans chaque commune, au moyen de l'élection, les conseillers municipaux dont le mandat doit expirer au commencement de l'année prochaine. C'est, en effet, chose décidée, et la circulaire qui en fait part aux gouverneurs des provinces leur sera expédiée demain ou après-demain. Le cardinal Antonelli se propose de faire figurer cette mesure dans l'exposé de

No. 497. Frankreich, 20. Dec. 1862

Frankreich,

1862.

la situation administrative, judiciaire et politique des États pontificaux qu'il doit 20. Dec. adresser au Nonce de Paris et qui partira de Rome, m'assure-t-on, dans les derniers jours de la semaine prochaine. Il sera aussi fait mention dans ce même document des mesures récemment adoptées au sujet des passe-ports et des émigrés volontaires qui désirent rentrer dans leur pays; de la publication plus ou moins prochaine des Codes de commerce et d'instruction criminelle; du Code civil (ce dernier travail n'est pas terminé), ainsi que des améliorations matérielles accomplies ou en voie d'exécution. En un mot, toutes les concessions ou améliorations d'un intérêt quelconque sous le rapport politique ou administratif que le Pape a déjà accordées ou serait disposé à accorder seront indiquées.

Prince de la Tour d'Auvergne.

A Mr. Drouyn de Lhuys, etc., Paris.

No. 498.

FRANKREICH.

Min. d. Ausw a. d. kaiserl. Botschafterin Rom. Eine Beschwerde Englands über den Einfall von spanischen und bayerschen Soldaten in neapolitanisches Gebiet betr.

Paris, le 20 décembre 1862.

No. 498. Frankreich,

1862.

Prince, M. l'Ambassadeur d'Angleterre m'a communiqué une information 20. Dec. transmise par M. Odo Russell et de laquelle il résulterait que cinq ou six cents soldats, espagnols et bavarois pour la plupart, auraient quitté le territoire pontifical pour se rendre dans les États napolitains. Ils auraient un uniforme composé d'une jaquette bleue et d'un pantalon rouge, de telle sorte qu'on pourrait les prendre pour des Français. Je vous prie de ne rien négliger pour vérifier cette information, et, dans le cas où elle vous paraîtrait fondée, d'appeler sur un fait aussi grave la plus sérieuse attention de l'autorité pontificale. Nous ne saurions admettre, comme vous le savez, que le territoire garanti par la protection de nos armes serve à abriter des préparatifs destinés à alimenter la guerre civile dans un pays voisin; et s'il était vrai que l'on cherchât à compromettre l'uniforme français dans des entreprises de cette nature, il ne nous serait pas possible de le tolérer. Je me plais à espérer que vous trouverez le Gouvernement pontifical disposé à prendre, de concert avec l'autorité française à Rome, les mesures qui seraient jugées nécessaires.

No. 499.
Italien,

20. Dec.
1862.

ITALIEN.

Drouyn de Lhuys.

A Mr. le Prince de la Tour d'Auvergne, etc., Rome.

No. 499.

Die vom neuen

Min. d. Ausw. a. d. Vertreter im Auslande.
Ministerium (Pasolini) einzuhaltende auswärtige Politik betr.

Monsieur le ministre,

Turin, le 20 décembre 1862.

en annonçant au Parlement la formation du

nouveau cabinet, M. Farini a prononcé un discours dont vous trouverez ci-joint

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