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No. 705. Frankreich,

1863.

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No. 705.

FRANKREICH. Min. d. Ausw. an d. kais. Botschafter in St. Petersburg.
Die Insurrection in Polen betr.

Paris, le 10 avril 1863.

Monsieur le duc, l'insurrection dont le royaume de Pologne est en ce 10. April moment le théâtre a éveillé en Europe de vives préoccupations au milieu d'un repos qu'aucun événement prochain ne semblait devoir altérer. La déplorable effusion de sang dont cette lutte est l'occasion et les douloureux incidents qui la signalent excitent en même temps une émotion aussi générale que profonde. ¶Le Gouvernement de Sa Majesté obéit donc à un devoir en exprimant à la Cour de Russie les réflexions que cet état de choses est de nature à suggérer, et en appelant sa sollicitude sur les inconvénients et les dangers qu'il entraîne. ¶Ce qui caractérise les agitations de la Pologne, monsieur le duc, ce qui en fait la gravité exceptionnelle, c'est qu'elles ne sont pas le résultat d'une crise passagère. Des effets qui se reproduisent presque invariablement à chaque génération ne sauraient être attribués à des causes purement accidentelles. Ces convulsions devenues périodiques sont le symptôme d'un mal invétéré; elles attestent l'impuissance des combinaisons imaginées jusqu'ici pour réconcilier la Pologne avec la situation qui lui a été faite. D'autre part, ces perturbations trop fréquentes sont, toutes les fois qu'elles éclatent, un sujet d'inquiétudes et d'alarmes. La Pologne, qui occupe sur le continent une position centrale, ne saurait être agitée sans que les divers États placés dans le voisinage de ses frontières souffrent d'un ébranlement dont le contre-coup se fait sentir à l'Europe entière. C'est ce qui est arrivé à toutes les époques où les Polonais ont pris les Ces conflits, comme on peut en juger par celui dont nous sommes en ce moment témoins, n'ont pas seulement pour conséquence d'exciter les esprits d'une manière inquiétante; en se prolongeant ils pourraient troubler les rapports des cabinets et provoquer les plus regrettables complications. Il est d'un intérêt commun à toutes les puissances de voir définitivement écarter des périls sans cesse renaissants. Nous aimons à espérer, monsieur le duc, que la Cour de Russie accueillera, dans le sentiment qui nous les a dictées, des considérations aussi dignes de son attention. Elle se montrera animée, nous en avons la confiance, des dispositions libérales dont le règne de S. M. l'empereur Alexandre a déjà donné de si éclatants témoignages; et elle reconnaîtra, dans sa sagesse, l'opportunité d'aviser aux moyens de placer la Pologne dans les conditions d'une paix durable. ¶ Vous voudrez bien remettre une copie de cette dépêche à S. Exc. M. le prince Gortchacow. ¶ Agréez, etc.

armes.

A Mr. le Duc de Montebello, St. Pétersbourg.

Drouyn de Lhuys.

No. 706.

RUSSLAND. - Min. d. Ausw. an d. kais. Botschafter in Paris. Antwort auf die vorstehende französische Depesche vom 10. April.

St.-Pétersbourg, le 14/26 avril 1863.

Dans la matinée du 5 (17) avril, M. l'ambassadeur de France m'a donné communication d'une dépêche de M. Dronyn de Lhuys relative à la situation du Royaume de Pologne. Je transmets à Votre Excellence une copie de cette pièce que j'ai aussitôt placée sous les yeux de Sa Majesté l'Empereur. ¶ Notre Auguste Maître y a puisé la conviction que les vues exprimées au nom de l'empereur Napoléon s'accordent entièrement avec celles qui L'animent. ག Le Gouvernement français témoigne, à l'égard des tristes événements de Pologne, des sentiments qui ne peuvent être étrangers à aucun gouvernement ami de l'humanité. Il ne saurait douter un instant de la profonde affliction que cet état de choses fait éprouver à notre Auguste Maître, de la vive sollicitude qu'il inspire à Sa Majesté, ni du désir ardent qu'Elle a de pouvoir en hâter le terme. Le Gouvernement français signale le contre-coup que ces agitations exercent sur les États voisins et l'anxiété qu'elles font naitre dans le reste de l'Europe. Notre Auguste Maitre admet le juste intérêt que les Puissances limitrophes et celles qui ont concouru à régler le sort de l'Europe doivent naturellement vouer à toutes les complications qui pourraient tendre à le troubler. Mais l'intérêt que la Russie prend à des événements qui la touchent de si près ne saurait assurément être moins profond, ni son désir de ramener la tranquillité dans le royaume et la sécurité en Europe, moins vif et moins sincère. ¶ Le Gouvernement de l'Empereur Napoléon témoigne enfin une confiance dans les dispositions libérales de notre Auguste Maître et s'inspire d'un sentiment de réserve que Sa Majesté apprécie, lorsqu'il nous signale, en terminant, l'opportunité d'aviser aux moyens de placer la Pologne dans les conditions d'une paix durable. ¶ Rien ne saurait mieux répondre aux voeux de l'Empereur. Mais c'est précisément sur le choix des moyens qui peuvent conduire à ce résultat qu'il serait désirable de s'entendre. ¶ M. le ministre des affaires étrangères de France constate la profondeur du mal et l'impuissance des combinaisons imaginées jusqu'ici pour réconcilier la Pologne avec la position qui lui a été faite. ¶ C'est un motif de plus pour ne pas recommencer des expériences qui ont été une source de malheurs pour la Pologne et pour la Russie, une cause de troubles pour l'Europe, et qui, selon toute probabilité, aboutiraient encore aux mêmes résultats. ¶ Le mal dont souffre actuellement le Royaume n'est pas un fait isolé. L'Europe entière en est affectée. Les tendances révolutionnaires, fléau de notre époque, se concentrent aujourd'hui dans ce pays parce qu'elles y trouvent assez de matières combustibles pour espérer d'en faire le foyer d'une conflagration qui s'étendrait à tout le continent. Les Gouvernements, dont la tâche est de guérir ce mal, ne sauraient donc y apporter assez d'attention, de prudence et de ménagements, afin de discerner les éléments qu'il importe d'écarter comme un danger commun, et ceux dont le développement, poursuivi avec persévérance et maturité, peut servir à fonder un avenir durable. Notre Auguste Maître S'est voué à cette

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No. 706. Russland,

1863.

oeuvre qui se rattache à celle que, dès Son avénement au trône, Sa Majesté S'est 26. April donné pour mission d'accomplir, afin de faire entrer toutes les parties de Son Empire dans la voie d'un progrès régulier. J'ai exposé les vues de notre Auguste Maître dans la dépêche ci-jointe que je viens d'adresser à l'ambassadeur de Sa Majesté à Londres, en réponse à une communication du Gouvernement de Sa Majesté Britannique analogue à celle de M. Drouyn de Lhuys. D'ordre de l'Empereur, Votre Excellence est invitée à remettre une copie de cette pièce à M. le ministre des affaires étrangères de France. Il y verra quelle part le Gouvernement de l'Empereur Napoléon peut prendre, selon nous, afin d'accélérer la réalisation du voeu qu'il nous exprime au nom de l'humanité et des intérêts communs de l'Europe. Il reconnaîtra certainement qu'avec les éléments de révolution cosmopolite répandus dans presque tous les pays, et qui affluent de toute part sur tous les points où s'offrent des chances de désordre et de bouleversement, le soin de ramener le calme et la paix ne saurait reposer sur les efforts d'un seul Gouvernement, et que nous demander d'éteindre un incendie qui rencontre au dehors d'inépuisables aliments, serait enfermer la question dans un cercle sans issue. Le prix que le Gouvernement français attache à l'en voir sortir, la sollicitude qu'il témoigne pour les intérêts généraux de l'Europe, les bonnes relations qui subsistent entre nous, les sentiments de confiance envers notre Auguste Maître, dont la dépêche de M. le ministre des affaires étrangères de France contient l'expression, nous autorisent à espérer qu'appréciant la question d'un point de vue élevé, avec toutes les difficultés qu'elle comporte et les ménagements qu'elle réclame, l'empereur Napoléon ne refusera pas le concours moral qui peut dépendre de lui, afin de faciliter à notre Auguste Maître la tâchè que Lui tracent Sa sollicitude pour le royaume de Pologne, Ses devoirs envers la Russie et Ses relations internationales avec Ses voisins et les grandes Puissances de l'Europe. Veuillez exprimer cet espoir à M. Drouyn de Lhuys, en lui remettant copie de la présente dépêche. Recevez, etc.

A M. le Baron de Budberg, Paris.

Gortchacow.

No. 707.
Gross-

GROSSBRITANNIEN.

No. 707.

Botschafter in St. Petersburg an d. kais. russ. Min,

d. Ausw. — Uebermittlung der von seiner Regierung erhaltenen Depesche in der polnischen Angelegenheit.—

Prince,

St. Petersburgh, April 17, 1863.

Being charged on the part of my Government with the britannien, annexed despatch relative to the observations which I am instructed to present 17. April to the Imperial Cabinet, I consider that I cannot do better than transmit to Your Excellency a copy of the Document in which they are recorded. ་ I avail myself of this occasion to renew to Your Excellency the assurance, etc.

1863.

Napier.

To Prince Gortchakoff, etc.

GROSSBRITANNIEN.

No. 708.

Min. d. Ausw. an d. kön. Botschafter in St. Petersburg.

- Die Nothwendigkeit der Beruhigung Polens und die Mittel dazu betr.

My Lord,

Foreign Office, April 10, 1863.

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Gross

1863.

Her Majesty's Government think it incumbent upon them No. 708. to state once more to the Government of His Majesty the Emperor of Russia the britannien, 10. April deep interest which, in common with the rest of Europe, they take in the welfare of the Kingdom of Poland. The general sympathy which is felt for the Polish nation might of itself justify Her Majesty's Government in making, in favour of the Polish race, an appeal to the generous and benevolent feelings of His Imperial Majesty, who has of late by various and important measures of improvement and reform, manifested an enlightened desire to promote the welfare of all classes of his subjects. But with regard to the Kingdom of Poland, Her Majesty's Government feel that the Government of Great Britain has a peculiar right to make its opinions known to that of His Imperial Majesty, because Great Britain having, in common with Austria, France, Prussia, Portugal, Spain and Sweden, been a party to the Treaty of Vienna of June 1815, Her Majesty's Government are entitled to interpose with regard to any matter which may appear to them to constitute a departure from the provisions and stipulations of that Treaty. By the first Article of that Treaty the Grand Duchy of Warsaw was erected into a Kingdom of Poland, to be inseparably attached to the Empire of Russia under certain conditions specified in that Article; and Her Majesty's Government are concerned to have to say that although the union of the Kingdom to the Empire has been maintained, the conditions on which that union was distinctly made to depend have not been fulfilled by the Russian Government. The Emperor Alexander, in execution of the engagements contracted by the Treaty of Vienna, established in the Kingdom of Poland a national representation and national institutions corresponding with the stipulations of the Treaty. It is not necessary for Her Majesty's Government now to observe upon the manner in which those arrangements were practically administered from that time down to the revolt in 1830. But upon the suppression of that revolt by the success of the Imperial arms, those arrangements were swept away, and a totally different order of things was by the Imperial authority established. ¶ Prince Gortchakoff argues, as his predecessors in office have on former occasions argued, that the suppression of that revolt cancelled all the engagements of Russia in the Treaty of Vienna with regard to the Kingdom of Poland, and left the Emperor of Russia at full liberty to deal with the Kingdom of Poland as with a conquered country, and to dispose of its people and institutions at his But Her Majesty's Government cannot acquiesce in a doctrine which they deem so contrary to good faith, so destructive of the obligation of Treaties, and so fatal to all the international ties which bind together the community of European States and Powers. If, indead, the Emperor of Russia had held Poland as part of the original dominions of his Crown, or

will.

Gross

1863.

No. 708. if he had acquired it by the unassisted success of his arms, and unsanctioned britannien, by the consent of any other Power, he could have contended that might was 10. April equivalent to right, and, without listening to the dictates of generosity and justice, he might have punished a temporary revolt of a portion of his Polish subjects by depriving the whole of them and their descendants for ever of those privileges and institutions which his predecessor had deemed essential to the welfare and prosperity of the Polish Kingdom. But the position of the Russian Sovereign with regard to the Kingdom of Poland was entirely different. He held that kingdom by the solemn stipulation of a Treaty made by him with Great Britain, Austria, France, Prussia, Portugal, Spain, and Sweden; and the revolt of the Poles could not release him from the engagements so contracted, nor obliterate the signatures by which his Plenipotentiaries had concluded, and he himself had ratified, those engagements. The question, then, having arisen whether the engagements taken by Russia by the Treaty of Vienna have been and are now faithfully carried into execution, Her Majesty's Government, with deep regret, feel bound to say that this question must be answered in the negative. With regard to the present revolt, Her Majesty's Government forbear to dwell upon that long course of action, civil, political, and military, carried on by the Russian Government within the Kingdom of Poland, of which the Poles so loudly complain, and to which they refer as the causes which occasioned, and in their opinion justified, their insurrection. Her Majesty's Government would rather advert to the much-wished-for termination of these lamentable troubles. What may be the final issue of this contest it is not, indeed, for Her Majesty's Government to foretell; but whether the result shall be the more extended spread of the insurrection, and its assumption of dimensions not at present contemplated, or whether, as is more likely, that result shall be the ultimate success of the Imperial arms, it is clear and certain that neither result can be arrived at without a calamitous effusion of blood, a great sacrifice of human life, and an extensive devastation of property; and it is evident that even if Poland shall be reduced to subjection, the remembrance of the events of the struggle will long continue to make it the bitter enemy of Russia, and a source of weakness and of danger, instead of being an element of security and of strength. Her Majesty's Government, therefore, most earnestly entreat the Government of Russia to give their most serious attention to all the foregoing considerations; and Her Majesty's Government would be, moreover, to submit to the Imperial Government that, besides the obligations of Treaties, Russia, as a member of the community of European States, has duties of comity towards other nations to fulfil. The condition of things which has now for a long course of time existed in Poland is a source of danger, not to Russia alone, but also to the general peace of Europe. The disturbances which are perpetually breaking out among the Polish subjects of His Imperial Majesty necessarily produce a serious agitation of opinion in other countries of Europe tending to excite much anxiety in the minds of their Governments, and which might, under possible circumstances, produce complications of the most serious nature. Her Majesty's Government, therefore, fervently hope that the Russian Government will

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