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No. 475. drait la nécessité d'accepter tout ce qui peut le rattacher à l'Italie, et l'Italie, cé

Frankreich,

20. Mai 1862.

dant aux conseils d'une sage politique, ne refuserait pas d'adopter les garanties nécessaires à l'indépendance du Souverain Pontife et au libre exercice de son pouvoir. On atteindrait ce double but par une combinaison qui, en maintenant le Pape maître chez lui, abaisserait les barrières qui séparent aujourd'hui ses États du reste de l'Italie. Pour qu'il soit maitre chez lui, l'indépendance doit lui être assurée, et son pouvoir accepté librement par ses sujets. Il faut espérer qu'il en serait ainsi, d'un côté, lorsque le Gouvernement italien s'engagerait visà-vis de la France à reconnaître les États de l'Église et la délimitation convenue; de l'autre, lorsque le Gouvernement du Saint-Siége, revenant à d'anciennes traditions, consacrerait les priviléges des municipalités et des provinces de manière à ce qu'elles s'administrent pour ainsi dire elles-mêmes; car, alors, le pouvoir du Pape, planant dans une sphère élevée au-dessus des intérêts secondaires de la société, se dégagerait de cette responsabilité toujours pesante et qu'un gouvernement fort peut seul supporter. ¶ Les indications générales qui précèdent ne sont pas un ultimatum que j'aie la prétention d'imposer aux deux partis en désaccord, mais les bases d'une politique que je crois devoir m'efforcer de faire prévaloir par notre influence légitime et nos conseils désintéressés. ¶ Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.

Napoléon.

No 476. Frankreich,

31. Mai

1862.

FRANKREICH.

No. 476.

--

Min. d. Ausw. an d. kaiserl. Botschafter in Rom. Vorschläge zur Regelung der römischen Frage.

Paris, le 31 mai 1862.

Monsieur le marquis, je crois utile, au moment où vous vous préparez à retourner à votre poste, de consigner dans une dépêche le résumé de nos conversations sur les graves intérêts que l'Empereur a confiés à votre zèle et à votre dévouement, et de vous fournir ainsi le moyen d'établir, une fois de plus, le caractère invariablement amical et bienveillant de la politique du Gouvernement de Sa Majesté à l'égard du Saint-Siége. ¶ La pensée qui nous a guidés, dès le début de la crise que traversent ensemble l'Église et l'Italie, n'a pas cessé de nous animer, et si infructueux qu'aient été jusqu'ici nos efforts, nous n'en sommes pas arrivés encore à nous convaincre de l'inutilité de les poursuivre. En n'abandonnant pas l'espoir d'atteindre le but que nous nous proposons, en me refusant à admettre que la destruction de l'état de choses inauguré dans la Péninsule doive être une condition sine qua non d'existence pour le pouvoir temporel de la papauté, ou que la chute de ce pouvoir soit devenue la conséquence logique et nécessaire de l'établissement du royaume d'Italie, je suis certain d'être l'organe des intentions et des volontés de l'Empereur. Sa Majesté a daigné préciser, dans une lettre qui m'est adressée, les idées que lui ont inspirées de longues et sérieuses réflexions sur la situation respective du SaintSiége et de l'Italie. Vous trouverez ci-jointe, monsieur le marquis, une copie

Frankreich, 31. Mai

1862.

de cet important document, et les considérations si pleines d'élévation, de lucidité No. 476. et de force qui y sont développées vous indiqueront, avec une autorité que tout commentaire de ma part amoindrirait, le terrain où vous aurez à vous placer dans vos entretiens avec le cardinal Antonelli et le Saint-Père lui-même. ¶ J'avais évité à dessein, en vous prescrivant la démarche dont vous vous êtes acquitté au commencement du mois de janvier dernier, de formuler le plan de conciliation pour la préparatiou duquel vous étiez chargé de réclamer avant tout le concours du Saint-Siége. J'espérais, en effet, que notre ouverture ne serait point repoussée par une fin de non-recevoir aussi catégorique, et que le cardinal Antonelli nous aiderait à rechercher les bases d'un arrangement acceptable pour le Chef de l'Église et compatible avec les événements accomplis dans la Péninsule. Devant la résistance que nous avons rencontrée, une plus longue réserve risquerait d'être mal comprise. Les tentatives du Gouvernement de l'Empereur pour amener la cour de Rome à se départir, dans l'ordre temporel, de ses doctrines absolues, pourront échouer, mais il importe que nos intentions ne soient ni défigurées, ni méconnues, et que personne n'ait le droit de nous accuser de n'avoir point articulé nettement les conditions qui, à nos yeux, garantiraient l'indépendance, la dignité et la souveraineté du Père commun des fidèles, sans remettre de nouveau en question les destinées de l'Italie. Jamais, je le proclame hautement, le Gouvernement de l'Empereur n'a prononcé une parole de nature à laisser espérer au cabinet de Turin que la capitale de la catholicité pût, en même temps, devenir, du consentement de la France, la capitale du grand royaume qui s'est formé au delà des Alpes. Tous nos actes, toutes nos déclarations s'accordent, au contraire, pour constater notre ferme et constante volonté de maintenir le Pape en possession de la partie de ses États que la présence de notre drapeau lui a conservée. Je renouvelle ici cette assurance, monsieur le marquis, mais je répète aussi, avec une égale franchise, que toute combinaison reposant sur une autre base territoriale que le statu quo ne saurait aujourd'hui être soutenue par le Gouvernement de l'Empereur. Le Saint-Père, comme il l'a fait à d'autres époques, pourrait réserver ses droits dans la forme qu'il jugerait convenable; mais un arrangement impliquerait de sa part, dans notre pensée, la résignation de ne plus exercer son pouvoir que sur les provinces qui lui restent. L'Italie, de son côté, aurait à renoncer à ses prétentions sur Rome; elle devrait s'engager, vis-à-vis de la France, à respecter le territoire pontifical et à se charger de la plus grande partie, sinon de la totalité de la dette romaine. Si le Saint-Père, dans un esprit de paix, de charité et de concorde, consentait à se prêter à une transaction de ce genre, le Gouvernement de l'Empereur ne verrait que des avantages à tâcher d'y faire participer les Puissances signataires de l'acte général de Vienne, et d'unir leur garantie à la sienne. Il prendrait également, soit auprès de ces Puissances, soit plus particulièrement auprès de celles dont le catholicisme est la foi religieuse, l'initiative d'une proposition tendant à offrir au Saint-Père, en compensation des ressources qu'il ne trouverait plus dans le nombre réduit de ses sujets, une sorte de liste civile dont les titres inaliénables seraient remis entre ses mains. Le Gouvernement de l'Empereur s'estimerait heureux, pour sa part, de contribuer, dans la proportion d'une rente

1862.

No. 476. de trois millions de francs, à la splendeur du trône pontifical et aux oeuvres de Frankreich, 31. Mai religion et de charité dont le centre est à Rome. Ainsi protégé à l'extérieur par la garantie de la France et des Puissances qui se joindraient à elle, le Gouvernement pontifical n'aurait plus qu'à se concilier l'adhésion de ses sujets par de sages réformes et, du jour où l'on s'y mettrait résolûment, en s'inspirant des principes qui président partout à l'organisation des sociétés modernes, cette tâche ne serait pas aussi difficile qu'elle le paraît. Le Saint-Père disait dernièrement, avec une haute raison, que le pouvoir temporel, tout nécessaire qu'il fût, n'était pas un dogme. Il ne l'est pas plus dans son essence constitutive que dans son étendue territoriale, et le premier devoir comme l'obligation la plus urgente des gouvernements, quelle que soit leur origine, c'est de marcher avec l'esprit de leur temps et de se bien convaincre que l'assentiment des populations est aujourd'hui, sinon la source, tout au moins le seul fondement solide de l'autorité souveraine.¶ Voilà, monsieur le marquis, l'exposé succinct, mais que je crois complet cependant, des idées que l'Empereur entend apporter au règlement de la question romaine. Ce sont ces idées que vous aurez à développer au cardinal Antonelli et à faire connaitre au Saint-Père lorsque vous aurez l'occasion de l'approcher. Vos démarches, afin de répondre aux sentiments de bienveillance qui animent Sa Majesté, n'auront naturellement rien de comminatoire. ¶ Vous aurez pourtant à laisser pressentir, si l'on vous oppose aussi catégoriquement que par le passé la théorie de l'immobilité, que le Gouvernement de l'Empereur ne saurait y conformer sa conduite, et que, s'il acquérait malheureusement la certitude que ses efforts pour décider le Saint-Père à accepter une transaction fussent devenus désormais inutiles, il lui faudrait, tout en sauvegardant autant que possible les intérêts qu'il a jusqu'ici couverts de sa sollicitude, aviser à sortir lui-même d'une situation qui, en se prolongeant au delà d'un certain terme, fausserait sa politique et ne servirait qu'à jeter les esprits dans un plus grand désordre. Vous êtes autorisé à lire cette dépêche au cardinal Antonelli. ¶ Agréez, etc.

Au Marquis de La Valette, etc.

Thouvenel.

FRANKREICH.
burg.

No. 477.

Min. d. Ausw. an d. kaiserl. Geschäftsträger in St. PetersEine Unterredung mit Baron v. Budberg über die Anerkennung des Königr. Italien durch Russland betr.

Paris, le 5 juin 1862.

No. 477. Frankreich,

Monsieur, profitant de la présence à Paris de M. le baron de Budberg, 5. Juni je lui ai exposé les considérations que nous avions déjà recommandées à l'examen 1862. de son Gouvernement et qui nous faisaient attacher beaucoup de prix à voir le

cabinet de Saint-Pétersbourg renouer avec l'Italie des relations régulières qui nepourraient manquer de servir utilement les intérêts généraux d'ordre et de conservation en Europe. Les incidents qui se sont produits récemment en Lom

Frankreich, 5. Juni

1862.

bardie me fournissaient à l'appui de cette opinion des arguments que je me suis No 477. attaché à faire valoir. Le Gouvernement italien, en effet, vient d'être soumis à une épreuve qu'il a traversée à son honneur, et dans laquelle il a déployé une vigueur et une résolution dont il n'est que juste et sage de lui tenir compte. Le Gouvernement autrichien lui-même, contre lequel semblaient dirigées les folles entreprises préparées à Bergame et à Brescia, n'a pas hésité à reconnaître que l'attitude du cabinet de Turin avait été dans cette circonstance délicate pour lui, à l'abri de tout reproche, et qu'il avait rempli tous les devoirs imposés en pareil cas à tout Gouvernement régulier. Je n'ai pas à insister avec vous, Monsieur, sur les idées que j'ai développées dans le cours de mes entretiens avec M. de Budberg sur ce sujet; ce sont celles que vous avez été chargé vous-même d'exposer au prince Gortchakoff. ¶ J'ai ajouté que la perspective de la reconnaissance prochaine du royaume d'Italie par la Russie serait certainement, pour le Gouvernement italien, un encouragement puissant à persévérer dans la voie où il s'était résolûment engagé, et que, dans un moment où, par son attitude et par les mesures législatives qu'il avait présentées au Parlement, il donnait à l'Europe de sérieuses garanties de ses intentions, je serais heureux d'être autorisé à ne pas lui laisser ignorer les dispositions favorables du cabinet de Saint-Pétersbourg, en faisant valoir la force morale qui ne manquerait pas de résulter, pour le nouveau royaume, d'un succès qu'il devrait à la pratique d'une bonne et sage politique. Recevez, etc.

A Mr. Fournier, etc., St. Pétersbourg.

Thouvenel.

No. 478.

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FRANKREICH. Min. d. Ausw. an d. kaiserl. Gesandten in Turin.
Anerkennung des Königreichs Italien durch Russland betr.

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Paris, le 11 juin 1862.

Frankreich,

1862.

Monsieur, vous connaissez depuis longtemps les démarches que le No. 478. Gouvernement de l'Empereur a tentées pour engager les cabinets de Saint-11. Juni Pétersbourg et de Berlin à sortir de l'attitude de réserve dans laquelle ils se sont tenus à l'égard de l'Italie, et à reprendre avec le Cabinet de Turin des rapports réguliers. Je me félicite de pouvoir vous annoncer que ces négociations confidentielles paraissent devoir aboutir prochainement à un résultat conforme à nos désirs, et, nous le croyons, aussi aux intérêts généraux de l'Europe. J'ai profité de la présence à Paris de M. le baron de Budberg, Ministre de Russie à Berlin, pour insister sur les considérations que j'avais souvent développées à M. le comte Kisséleff, et vous trouverez ci-jointe une copie de la dépêche que j'ai écrite à ce sujet au chargé d'affaires de l'Empereur à Saint-Pétersbourg. M. le baron de Budberg, de son côté, s'était empressé de faire connaître par le télégraphe à son Gouvernement la substance de notre entretien, et il est venu me communiquer hier la réponse, également ci-annexée, de M. le prince Gortchakoff. Vous verrez, Monsieur, que le Cabinet de Saint-Pétersbourg admet en principe la reconnaissance du nouveau titre de S. M. le Roi Victor-Emmanuel, en la

No. 478. subordonnant à des conditions dont l'accomplissement ne saurait, à mon avis, Frankreich, 11. Juni soulever de sérieuses difficultés. L'attitude prise par le cabinet de Turin, à

1862.

No. 479. Frankreich,

1862

la suite de l'incident de Brescia, et les mesures qu'il a récemment proposées aux Chambres, témoignent de sa ferme volonté de demeurer maître de la situation, et de ne pas souffrir que des influences irrégulières se substituent nulle part à l'action gouvernementale. Les déclarations de M. le Président du Conseil, que la majorité parlementaire a sanctionnées de son vote, fournissent déjà à M. le, prince Gortchakoff les assurances générales qu'il demandait, et M. le baron de Budberg, sur la remarque que je lui en ai faite, a bien voulu en convenir. Il ne me reste donc plus à examiner que les conditions particulières indiquées par M. le Ministre des Affaires étrangères de S. M. l'Empereur Alexandre. On ne demande pas à l'Italie de refuser l'hospitalité aux émigrés polonais, ni de prendre à leur égard des mesures de rigueur; la seule prétention de la Russie, et elle est légitime, c'est qu'on n'autorise plus, sur le territoire italien, des démonstrations ou des actes incompatibles avec l'état de paix qui existe et les relations normales qu'il s'agit aujourd'hui de rétablir entre les deux Puissances.

Quant à la promesse de ne tolérer la formation d'aucune force armée destinée à servir d'instrument à la révolution, elle me paraît découler trop naturellement du programme exposé par M. Rattazzi devant la chambre des Députés pour qu'il doive, ce me semble, hésiter à la donner. Je me plais donc à croire, Monsieur, que le cabinet de Turin, comprenant tous les avantages d'une prompte décision, ne tardera pas à adresser au Ministre de Sa Majesté de Roi l'Italie à Paris une dépêche officielle, et conçue en termes assez explicites pour pouvoir être utilement communiquée à Saint-Pétersbourg par l'intermédiaire de notre ambassade.

A Mr. Benedetti, etc., Turin.

No. 479.

Thouvenel.

FRANKREICH. Botschafter in Rom a. d. kaiserl. Min. d. Ausw. - Bericht über eine Unterredung mit dem Cardinal-Staatssecret. Antonelli bei Uebermittlung der französischen Vorschläge [No. 476] und über die Ablehnung der Letzteren seitens des heil. Stuhls.

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Rome, le 24 juin 1862.

Monsieur le ministre, Dans sa dépêche du 31 mai*), Votre Excellence, 24 Juni s'inspirant des sentiments de profonde bienveillance qui n'ont cessé d'animer le Gouvernement de l'Empereur à l'égard du Saint-Siége, a bien voulu préciser les conditions qui lui semblaient les plus propres à garantir, en face de l'état de choses récemment inauguré dans la Péninsule, l'indépendance, la dignité et la souveveraineté du Saint-Siége. Ces conditions, que je ne crois pas inutiles de rappeler, se résumaient dans les quatre points suivants :

1o Le maintien du statu quo territorial, le Saint-Père se résignant, sous toutes réserves, à n'exercer son pouvoir que sur les provinces qui lui restent,

*) No. 476.

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