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Cette occasion

l'intérêt du maintien de la tranquillité générale, elles évitèrent d'en faire un cas
de guerre, toutes deux n'en réservèrent qu'avec plus de force les droits pour
lesquels elles venaient de protester, en attendant qu'il s'offrit une occasion de
les rappeler et de les soutenir avec plus de chances de succès.
peut, Monsieur le Comte, ne pas tarder à naître et le moment est venu de se
préparer à faire du rétablissement du Royaume de Pologne, dans les conditions
stipulées par le congrès de Vienne, un des objets essentiels des négociations de
la paix, aussitôt qu'elles deviendront possibles, en même temps qu'une des bases
fondamentales de cette paix. Une demande semblable de la part de la France
et de l'Angleterre n'aurait assurément rien de nouveau ni d'inattendu : elle ne
serait que la conséquence logique des réclamations présentées, à une autre époque
en faveur de la Pologne, et viendrait attester d'une manière encore plus solennelle
les grands principes d'équité et d'équilibre politique qui les unissent et les
dirigent. En un mot, la France et l'Angleterre, pour prix de tant et de si dou-
loureux sacrifices déjà faits et qu'elles continuent de faire à la cause de l'indépen-
dance et de la sécurité de l'Europe, ont certainement le droit de vouloir qu'une
question qui s'y trouve si essentiellement liée soit ramenée à une solution plus.
conforme à ces graves intérêts, et, je pourrais ajouter, plus conforme aussi à ceux
de la Russie, qui verrait ainsi disparaître pour elle une cause incessante de
troubles et de fâcheuses complications. Le Gouvernement de l'Empereur se
plaît à espérer que celui de Sa Majesté Britannique, envisageant au même point
de vue cette importante question, n'appréciera pas moins la nécessité de la com-
prendre dans les futures négociations de la paix, et n'hésitera point à unir ses
efforts aux nôtres pour obtenir le redressement d'un acte contre lequel la con-
science des gouvernements et des peuples n'a cessé de protester, car le temps n'a
pu en affaiblir ni l'iniquité ni les funestes conséquences. Vous voudrez bien
donner lecture et laisser copie de cette dépêche à lord Clarendon et m'informer
des dispositions du Cabinet anglais. Agréez, etc., etc.

A Mr. le Comte de Persigny, etc., Londres.

Walewski.

No. 588. 15. Sept.

Frankreich,

1855.

No. 589.

Be

FRANKREICH. Min. d. Ausw. an d. kaiserl. Botschafter in London. nachrichtigung, dass England die Wiederherstellung Polens nicht zur Bedingung für das Zustandekommen des Friedens machen wolle.

Paris, le 15 octobre 1855.

Frankreich,

15. Oct.

1855.

Monsieur le Comte, lord Cowley m'a donné lecture d'une dépêche de No. 589 son Gouvernement en réponse à celle que je vous avais chargé de remettre aux mains de lord Clarendon, au sujet de la situation du Royaume de Pologne dans ses rapports avec les traités qui ont réglé sa condition légale en 1815 et avec les bases éventuelles de la paix future. Le principal secrétaire d'État aux affaires

Frankreich,

1855.

No. 589. étrangères déclare non-seulement que le Cabinet anglais désirerait comme nous 15. Oct. que les obligations contractées par la Russie envers la Pologne fussent remplies, mais qu'il verrait dans l'indépendance même de ce pays la barrière la plus sûre pour l'Europe contre les envahissements de la puissance russe. La seule question aux yeux du Gouvernement de Sa Majesté Britannique serait de savoir si le moment est opportun pour prendre l'engagement de ne traiter avec la Russie qu'à la condition de la remise en vigueur des stipulations qui concernent la Pologne dans les actes de Vienne. Il conclut que, sans nous lier les mains et sans nous imposer à nous-mêmes une ligne particulière de conduite, il nous suffit de convenir que nous profiterons des événements, dans la mesure du possible, en faveur de la Pologne. J'ai dit à lord Cowley que j'étais d'autant plus disposé à donner mon entier assentiment aux vues du Gouvernement de Sa Majesté Britannique, qu'elles me paraissaient absolument conformes à celles que nous avons nous-mêmes émises dans les communications que nous lui avons faites. En exposant les considérations générales qui nous ont semblé de nature à intéresser les Puissances alliées au sort de cette partie de la Pologne que des traités, violés depuis lors, ont conditionnellement attribuée à la Russie, nous n'avons point eu l'intention de proposer au Cabinet anglais des engagements formels à ce sujet. Il n'est point davantage entré dans notre pensée de faire de ce qui constituait l'objet de notre communication une condition absolue du rétablissement de la paix avec la Russie. Nous n'apprécions point autrement que lord Clarendon la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement placés vis-à-vis de l'Europe et vis-à-vis de nous-mêmes. Nous avons poursuivi jusqu'à présent un but déterminé sur lequel toute notre attention doit demeurer concentrée jusqu'à ce que nous soyons sûrs de l'avoir atteint. A moins d'être amenés par l'opiniâtreté de la Russie à prolonger la guerre et à mettre en avant de plus vastes prétentions pour de plus grands sacrifices, nous devons rester dans les limites de la tâche que nous nous sommes tracées et dans la mesure des exigences qui correspondent logiquement aux efforts que nous aurons dû faire. Mais il nous a paru que nous pouvions, sans en sortir, nous demander dès à présent s'il ne conviendrait pas de faire entrer parmi les intérêts à débattre, lors de la paix future, le retour obligatoire de la Russie à l'observation de ses engagements envers l'Europe par rapport à la Pologne: Dans les notes et dans les actes qui nous lient, soit entre nous, soit avec l'Autriche, il a été catégoriquement admis que nous pourrions, en dehors des principes généraux destinés à servir de point de départ aux négociations, formuler telles conditions particulières qui nous paraîtraient nécessaires dans un intérêt d'équilibre européen. Rien, à nos yeux, ne saurait mieux répondre à cette pensée que le rétablissement de stipulations européennes regardées, en 1815, par toutes les Puissances, comme indispensables pour limiter les immenses avantages que l'annexion du Royaume de Pologne assurait à la Russie. Au reste, c'est aux événements qu'il appartient en cela de décider si ce qui est juste et désirable est également possible, et la conduite que nous pouvons avoir à tenir à cet égard demeure nécessairement subordonnée aux circonstances. Nous l'avons toujours compris ainsi. Telle est aussi la conclusion qui ressort de la dépêche que lord Cowley a été chargé

Frankreich, 15. Oct. 1855.

de me communiquer, et nous ne pouvons que nous féliciter de l'accord qui existe No. 589. entre le Gouvernement de Sa Majesté Britannique et nous, relativement à cette importante éventualité. ¶ Agréez, etc.

A Mr. le Comte de Persigny, etc., Londres.

No. 590.

Walewski.

GROSSBRITANNIEN. Min. d. Ausw. (als Bevollmächtigter beim Pariser
Friedenscongress) a. d. königl. Premier-Minister. - Bericht über eine
Unterredung mit dem Grafen Orlow, Concessionen an die Polen betr.

Paris, April 15, (received April 17) 1856.

My Lord, Since the commencement of the Conferences I have not failed to bear in mind the deep interest which Her Majesty's Government have always taken in the condition of Poland; and I have been most anxious to bring that question before the Congress in order to obtain some expression of opinion on the subject from that body, or some assurance from the Representatives of the Emperor of Russia that His Majesty intended to adopt a more conciliatory policy towards his Polish subjects. On the 9th instant, at the request of Count Walewski, I held a conversation with Count Orloff on this subject. I said that the condition of Poland had been discussed, and its future organization determined, by the Congress of Vienna, and that the present Congress could not view the question with indifference; but that, to the best of my belief, the Poles would be tolerably well satisfied if national institutions were restored to them, if their religion were respected, if they were allowed to use the Polish language, and if all their children were educated at Polish schools, instead of, as now, a limited number of them only at Russian schools. I suggested at the same time to his Excellency that he should volunteer some assurance to this effect, or should be prepared to declare it in answer to a question put to him by the Congress. Count Orloff replied that the Emperor had determined to restore to his Polish subjects everything I had suggested, but that the announcement could not be made to the Congress, as that would be misrepresented in Russia, and His Imperial Majesty would be thought to have yielded to foreign pressure, which would deprive him of the grace of the spontaneous acts he meant to perform. Count Orloff said to me in a friendly manner,,,Do not, in the interest of the Poles, bring the subject forward in the Congress; for I can tell you nothing there, nor admit your right to interrogate me. My answer, therefore, must be disheartening to the Poles, and the Emperor may perhaps think it a matter of dignity to postpone what he intends to do." ¶ I said that the question seemed to rest between a voluntary declaration on the part of the Emperor to the Congress, or a Proclamation at some future period to Poland, and that I thought that the former would be the more gracious course, and at the same time be advantageous to the Emperor as an earnest to Europe of the policy which His Majesty intended to adopt; and I urged that

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Gross

No. 590. such a declaration could not be derogatory to His Majesty's dignity, nor lead to britannien, misinterpretation. ¶ Count Orloff answered, that knowing, as he did, the 15. April 1856. Emperor's views respecting Poland, he had determined not to write to His Majesty on the subject, but that he would make known by telegraph what I had then suggested. His Excellency yesterday, in answer to my inquiry respecting the answer he had received from St. Petersburgh, informed me that he must decline to make any declaration respecting Poland. He said that the Emperor had determined to do everything that had been suggested, and that the amnesty would be comprehensive, but that he wished to signalize his coronation by these and other acts of grace, and that their good effect would be destroyed if His Majesty's intentions were declared beforehand. His Excellency repeated that, if I persisted in bringing the matter before the Congress, he should be compelled to give an unfavourable answer, and to say that foreign intervention would probably lead to a postponement or a diminution of the favours which His Majesty meant to bestow on his Polish subjects. Count Walewski and I have agreed that the more to bring forward the question in the Congress.

To Lord Palmerston, London.

I

Under these circumstances, prudent course would be not have, &c.

Clarendon.

No. 591.

No. 591.

britannien, 17. April

1856.

GROSSBRITANNIEN.

Premierminister a. d. königl. Min. d. Ausw. (z. Z. Be-
Billigung des Ver-

vollmächtigter beim Pariser Friedens congresse).

haltens des Letztern dem Grafen Orlow gegenüber.

Foreign Office, April 17, 1856.

My Lord, I have the honour to acknowledge the receipt of your Gross Lordship's despatch of the 15th instant, reporting your conversations with Count Walewski and with Count Orloff on the question of Poland; and I have the honour to acquaint your Lordship that Her Majesty's Government entirely approve the course pursued by you, both in bringing the subject into discussion with Count Orloff, and in abstaining, in consequence of what Count Orloff said, from mooting the matter in the Congress. I have, &c.

To Lord Clarendon, Paris.

Palmerston.

No. 592.

FRANKREICH. Min. d. Ausw. an d. kaiserl. Botschafter in Berlin. - Die
Gefahren des Preussisch-Russischen Uebereinkommens bezüglich des

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No. 592. Frankreich,

Monsieur le Baron, le Gouvernement de l'Empereur s'était renfermé

17. Febr. jusqu'ici, à l'égard des troubles survenus en Pologne, dans une réserve dont il

1863.

1863.

n'est sorti un instant que par suite de la nécessité où il s'est trouvé d'exprimer No. 592. Frankreich, sa première impression devant le Corps législatif. Nous suivions avec un 17. Febr. douloureux intérêt les conflits armés qui se sont produits sur plusieurs points et nous cherchions, avant tout, à nous rendre un compte exact de la portée de ces événements. ¶ J'étais loin de penser que j'aurais sitôt l'occasion d'examiner avec vous la situation du Cabinet de Berlin dans une question où il ne paraissait point directement intéressé et où aucune considération pressante ne l'invitait à s'engager. Mais il nous appelle lui-même sur ce terrain par l'arrangement qu'il vient de conclure avec la Russie et dont M. l'Ambassadeur de Prusse m'a fait connaître les dispositions. M. le Comte de Goltz m'a dit, ainsi que M. le Baron de Budberg me l'avait annoncé de son côté, que l'objet de cet acte était de maintenir la sûreté des relations commerciales et d'empêcher le pillage des caisses de la douane. Les troupes de chacune des deux Puissances, afin d'atteindre ce but, pourront respectivement franchir la frontière commune et poursuivre, au besoin, les bandes armées sur le territoire de l'autre, jusqu'à la rencontre d'une force nationale suffisante. Le bruit public est aujourd'hui que les deux Cabinets se seraient de même entendus pour assurer le passage par les chemins de fer prussiens aux renforts qui seraient dirigés des provinces baltiques sur Varsovie; mais la communication de M. de Goltz ne m'autorise point à penser que la convention signée à Saint-Pétersbourg renferme une clause de ce genre explicitement formulée. Sous le prétexte d'intérêt douanier, Monsieur le Baron, il n'est que trop facile de discerner le caractère politique de l'entente établie. La nature en est suffisamment indiquée par la stipulation qui ouvre la frontière aux troupes des deux pays et qui implique, dans un rayon vaguement défini, une véritable coopération militaire de la Prusse. L'existence même d'un accord écrit à ce sujet est, à elle seule, un événement d'une gravité incontestable, et, sans entrer dans l'examen des dispositions consenties par le Cabinet de Berlin, je n'ai pu dissimuler à M. l'Ambassadeur de Prusse les observations que me suggérait une résolution si précipitée. Je me félicitais récemment encore avec M. le Comte de Goltz du calme qui n'avait pas cessé de régner dans le grand-duché de Posen. Les informations que j'ai reçues depuis lors de notre consulat de Dantzig, celles que vous m'avez vous-même transmises, ne me signalent aucun symptôme d'agitation dans cette province, et j'ai peine à me rendre compte des considérations qui ont pu déterminer le Cabinet de Berlin à sortir de la neutralité que les circonstances lui permettaient de garder. ¶ L'intérêt de la Prusse était, ce nous semble, de se maintenir dans cette attitude d'observation, tant que d'impérieuses nécessités ne l'obligeraient pas à en prendre une autre. Plus elle eût montré de réserve, plus elle eût réussi à circonscrire et à refouler l'influence que la lutte engagée de l'autre côté de sa frontière serait de nature à exercer sur les populations de la Posnanie. ¶ Quels peuvent être, au contraire, les effets de l'arrangement que le Cabinet de Berlin a conclu, sinon d'agiter les esprits et de susciter des dangers réels là où il n'existait, quant à présent du moins, aucune difficulté sérieuse? ¶ Mais, à nos yeux, Monsieur le Baron, l'inconvénient le plus grave de la résolution prise par la Prusse, c'est d'évoquer en quelque sorte la question polonaise elle-même.

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