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No. 557. déclaration fut transmise à notre ambassadeur à Londres, par la voie du téléRussland, 2/14 Dec. graphe, le 19 octobre. Une communication semblable fut adressée à notre

1862.

chargé d'affaires à Paris. ¶ Dans mes dépêches aux représentants de Sa Majesté, je m'attachai à confirmer et à développer les principes contenus dans ces communications télégraphiques. Le 18 octobre, j'écrivais à notre ambassadeur à Londres que le cabinet impérial se félicitait de s'être rencontré avec le Gouvernement de S. M. Britannique dans l'attitude qu'il avait prise dès le premier moment; que nous attendrions tranquillement le développement des événements, les combinaisons des autres cours et les dispositions des esprits en Grèce; que Sa Majesté l'Empereur était décidé à observer fidèlement les obligations des traités, et nommément celle qui interdit le trône de Grèce aux familles régnantes des trois Cours; qu'aucune démarche ni insinuation, même la plus éloignée, n'avait eu et n'aurait lieu de notre part quant au choix du futur souverain de la Grèce; que nous étions persuadés que les deux autres cours apporteraient la même fidélité à tenir leurs engagements; qu'à notre avis, ces engagements subsistaient tant que les trois Puissances persistaient à les maintenir, et qu'aucune n'avait le droit de s'en écarter sans un accord unanime; qu'enfin nous étions animés du même desir que nous entretenions sur toutes les grandes affaires européennes, celui d'une entente avec les autres puissances, sans aucune arrièrepensée ni vue personnelle; et que si les autres cours apportaient les mêmes dispositions, l'entente s'établirait sans effort, à l'avantage général. ¶ C'est dans le même esprit qu'ont été conçues les instructions dont notre ministre à Athènes a été muni. D'après ses rapports télégraphiques et ses dépêches, nous avons pu nous convaincre qu'il se conformait strictement à l'attitude qui lui était prescrite. Avant même d'avoir reçu nos premières instructions, il avait répondu à une notification du Gouvernement provisoire grec qu'il ne pouvait entretenir avec lui aucune relation officielle. Les directions que je lui transmis successivement le maintinrent dans cette voie. Il lui fut prescrit de se borner au rôle d'un observateur impartial; le cabinet impérial n'apportant dans cette question aucune vue personnelle, le calme et la réserve bienveillante de son attitude seraient le meilleur moyen de dérouter les calculs de ceux qui prêtent à la Russie des convoitises intéressées. Je l'invitai néanmoins à profiter des rapports officieux qu'il pourrait avoir avec les personnages influents dans le pays pour leur signaler le danger de tout projet d'agression ou d'une alliance avec la révolution, et leur recommander l'ordre, la modération et le maintien du principe monarchique, qui pouvait seul préserver la Grèce de l'anarchie. ¶ Cependant, malgré l'échange satisfaisant d'idées qui avait eu lieu entre les cabinets, leurs intentions avaient été préjugées, leurs dispositions commentées, leurs décisions devancées; des noms avaient été prononcés, et les partis, s'emparant de ces éléments comme d'un drapeau, avaient excité en Grèce une vive agitation. ¶ Dans ces circonstances, le cabinet impérial jugea qu'il pouvait être utile de faire faire un pas de plus à l'entente des cabinets sur la marche à suivre en commun. A cet effet, il nous parut opportun de rattacher les événements aux prévisions de la conférence de Londres au point même où les faits accomplis en avaient rompu l'enchaînement. ག Un traité avait été conclu entre les trois

Puissances protectrices de la Grèce; il avait appelé au trône le roi Othon et consacré différentes éventualités relatives à la dynastie de Bavière. Il nous sembla que le premier pas à faire était une démarche collective près la cour de Munich pour lui demander si, dans les circonstances actuelles, elle maintenait les droits dérivant des prévisions de la conférence de Londres, et si elle était en mesure de présenter un candidat remplissant les conditions posées par la constitution hellénique et confirmées par le traité de Londres. ¶ Sans avoir en vue de faire découler de cette ouverture aucune coërcition ni même aucune injonction péremptoire envers la Grèce, nous avons pensé qu'une pareille démarche pouvait néanmoins servir de point de départ utile à une action collective officieuse des trois Cours, basée sur les engagements résultant des transactions diplomatiques antérieures et destinée à concilier autant que possible les intérêts existants avec les droits reconnus. Sur ces entrefaites, le 6 novembre, M. l'ambassadeur d'Angleterre me communiqua une proposition de sa cour ayant pour objet : d'abord de déclarer, par une démarche collective des trois Cours auprès du Gouvernement provisoire grec, qu'aucun des princes alliés aux trois familles régnantes n'était apte à l'élection au trône de Grèce; ensuite, de nous demander si nous considérions Monseigneur le duc de Leuchtenberg comme compris dans cette exclusion. Quant au premier point, nous avions déjà fait connaître aux cabinets de Londres et de Paris la détermination de Sa Majesté l'Empereur de rester fidèle à l'engagement contracté en commun entre les trois Cours, et qui exclut du trône de Grèce les membres de leurs familles. Nous n'avions dès lors rien à ajouter à une déclaration aussi catégorique. L'opportunité d'une démarche collective à faire dans le même but auprès du Gouvernement provisoire à Athènes ne nous parut pas suffisamment démontrée. ¶ La Grèce était en proie à une vive agitation, résultat inévitable de la crise qu'elle traversait. Dans ces circonstances, il pouvait être dangereux d'ajouter un nouvel élément de trouble à l'effervescence des passions déjà surexcitées, en plaçant la nation hellénique entre des déclarations contradictoires, dont les unes tendaient à lui reconnaître, comme nation indépendante, une pleine liberté quant au choix de son souverain, tandis que les autres auraient apporté à l'exercice de ce droit des restrictions très-étendues. Il pouvait résulter de là un découragement qui pousserait le peuple grec aux partis extrêmes et le jetterait dans l'anarchie. Or, de tous les périls qui le menaçaient, celui-là n'était pas le moindre à notre avis. ¶ Le Gouvernement provisoire avait fait appel aux élections pour une assemblée nationale qui devait se réunir au mois de décembre et prononcer sur les destinées du pays. Cette marche régulière avait rencontré l'approbation unanime des cabinets. Il importait de ne point la troubler prématurément. Lorsque cette assemblée serait réunie, le moment viendrait naturellement, selon nous, où les trois grandes Puisssances, déjà d'accord en principe et ayant eu le temps de compléter leur entente sur les détails, se trouveraient en mesure de guider les Grecs par leurs conseils bienveillants, dans cette crise si importante pour leur avenir. ¶ Je répondis en conséquence à M. l'ambassadeur d'Angleterre que, dans un moment où les passions étaient exaltées, la démarche qu'il nous proposait auprès du Gouvernement provisoire nous paraissant de nature à troubler les esprits et à les

Nr. 557. Russland, 214. Dec.

1862.

Russland,

Nr. 557. jeter, par le découragement, dans l'anarchie, le cabinet imperial ne croyait pas 214 Dec. pouvoir y adhérer sous la forme solennelle d'une action collective. ¶ Quant à

1862.

sa seconde demande concernant Monseigneur le duc de Leuchtenberg, quoique la position civile de ce prince pût offrir matière à quelques doutes juridiques, appeler la discussion sur ce sujet aurait été poser en quelque sorte sa candidature. Or, Sa Majesté l'Empereur avait résolu de n'en poser aucune. ¶ C'est dans ce sens que je répondis à lord Napier, en lui renouvelant d'ailleurs positivement l'assurance que nous n'avions ni convoitises ni arrière-pensées; que notre ministre à Athènes n'avait pas prononcé un seul mot ni fait la plus légère allusion quant au choix du futur souverain de la Grèce, et que les instructions du cabinet impérial le maintenaient scrupuleusement dans cette réserve. ¶ Je fis en même temps part à M. l'ambassadeur d'Angleterre de la démarche collective que nous jugions utile de proposer aux deux autres puissances garantes près la cour de Munich, et j'adressai la même communication à M. l'ambassadeur de France. Toutefois cette proposition ne rencontra point l'assentiment des cabinets de Paris et de Londres. ¶ Cependant les réponses que j'avais faites aux ouvertures qui venaient de m'être transmises par M. l'ambassadeur d'Angleterre avaient produit à Londres une impression à laquelle nous étions loin de nous attendre. Lors même que le Gouvernement anglais n'aurait point partagé notre opinion sur les ménagements réclamés par l'état des esprits en Grèce, nous ne pensions nullement qu'après les declarations si catégoriques que nous avions faites au nom de Sa Majesté l'Empereur, quant au maintien du principe d'exclusion des membres des familles régnantes des trois Cours, les doutes que nous entretenions sur l'opportunité d'une déclaration collective dans ce sens à Athènes pouvaient être interprétés comme une intention de nous dégager d'obligations contractées en commun, et donner aux autres puissances le droit de s'en prévaloir pour se considérer comme déliées de ces mêmes obligations.¶Tel est néanmoins le sens qui paraît y avoir été rattaché. La marche rapide des choses en Grèce semblait avoir inspiré la conviction que si l'Angleterre enlevait au peuple hellénique tout espoir quant à la candidature d'un prince anglais, l'opinion publique se porterait inévitablement sur un prince russe, et dès lors le Gouvernement de Sa Majesté Britannique s'est cru autorisé à ne point décourager les sympathies qui se manifestaient en Grèce pour la candidature de Mgr. le prince Alfred. Le mouvement qui se produisait dans ce sens avait acquis un caractère tel que l'entraînement populaire, devançant l'époque de la réunion de l'assemblée nationale, semblait au moment de trancher par un plébiscite une question dont la solution avait été primitivement remise aux délégués du pays. ¶ Dans cette situation qui s'éloignait visiblement en fait de l'entente convenue en principe entre les trois Cours, le cabinet impérial, désirant écarter pour sa part toute cause de malentendu, s'empressa de confirmer, par un télégramme adressé le 13 novembre au ministre de Russie à Athènes, les précédentes communications qui l'informaient du maintien en pleine vigueur du principe interdisant le trône de Grèce aux membres des familles régnantes des trois Cours protectrices, en ajoutant que le cabinet anglais ayant cru utile de rappeler à Athènes l'existence de cet engagement, M. le comte Bloudow était invité à se prononcer dans ce sens,

Russland, 1862.

après s'être concerté avec son collègue de France, si M. le ministre d'Angleterre No. 557. recevait l'ordre de s'acquitter de cette démarche. Nous avons été informés 2/14. Dec. qu'en effet notre représentant à Athènes et M. le ministre de France ont fait au Gouvernement provisoire une déclaration conçue dans cet esprit. M. le ministre d'Angleterre paraît avoir reçu l'ordre de s'y joindre plus tard, c'est-à-dire après la signature des notes échangées entre les cabinets de Russie et d'Angleterre, le 22 novembre. Pour achever d'écarter toute espèce de doute quant à notre attitude, non-seulement le cabinet impérial avait porté à la connaissance du cabinet de Londres les directions dont M. le comte Bloudow venait d'être muni, mais encore les représentants de Sa Majesté l'Empereur à Paris et à Londres reçurent, le 18 novembre, par la voie du télégraphe, l'ordre de déclarer que nous n'avions jamais posé la candidature de Monseigneur le duc de Leuchtenberg; que, pour nous, cette candidature n'existait pas politiquement, quelle que fût l'interprétation que le traité pût recevoir juridiquement, et qu'en conséquence rien ne s'opposait à ce que les trois Cours délibérassent sur le choix de candidats possibles au trône de Grèce. Le Gouvernement de Sa Majesté Britannique s'étant montré pleinement satisfait de cette déclaration, notre ambassadeur proposa de la formuler dans un engagement réciproque. Des notes à cet effet ont été signées et échangées le 22 novembre entre l'ambassadeur de Russie à Londres et le principal secrétaire d'Etat de Sa Majesté Britannique. Elles rappellent l'engagement qui exclut du trône hellénique les membres des trois familles régnantes, et constatent qu'il est mutuellement convenu de déclarer nulle et non avenue l'élection de Monseigneur le duc de Leuchtenberg ou celle de Son Altesse Royale le prince Alfred, si l'un ou l'autre était appelé au trône de Grèce par le vœu de la nation. Le cabinet français a été invité par les deux cours à adhérer à cet engagement. Telle est, monsieur, la marche que le cabinet impérial a suivie depuis l'origine de cette crise jusqu'à son développement actuel. Elle s'est inspirée, comme vous pourrez vous en convaincre, du principe général qui préside à la politique de notre auguste maître, c'est-à-dire qu'une entente franche et loyale des grandes puissances, en dehors de toute rivalité politique et de tout calcul intéressé, est le seul moyen d'écarter les complications menaçantes pour le repos de l'Orient et la paix de l'Europe, qui, depuis la guerre de 1856, sont devenues plus nombreuses et plus pressantes. Si difficile que soit cette tâche, nous persistons à ne pas la croire au-dessus des efforts des cabinets, si tous y apportent les mêmes vues conciliantes et désintéressées. ¶ Recevez, etc.

Gortchacow.

No. 558.

GROSSBRITANNIEN.

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- Botschafterin St. Petersburg an d. kön. Min. d. Ausw. Unterredung mit dem Fürsten Gortschakow die Candidatur des Königs Don Ferdinand von Portugal betr.

St. Petersburgh, December 15, (received December 22) 1862. My Lord, I called on Prince Gortchakoff this forenoon, and impar- No. 558. ted to his Excellency the substance of your Lordship's telegraphic message of britannien, this date, to the effect that overtures had been made to Ferdinand King of Portu- 1862.

Gross

15. Decbr.

Staatsarchiv IV. 1863.

10

No. 558. gal, in reference to the Throne of Greece; that His Majesty's reply had not britannien, been encouraging, but that it was not definitively in the negative.

Gross

15. Decbr. 1862.

Prince

Gortchakoff requested me to thank your Lordship for this communication. His
Excellency spoke with respect of the character and capacity of the King, but
said that he could give no opinion on the subject of his nomination. I asked
the Vice-Chancellor whether he had any proposal of an original character to
submit to the Governments of England and France. ¶ Prince Gortchakoff
replied that he had not. Russia had no candidate; and he was ill-prepared to
discuss the qualifications of Princes who might be offered to the Greek nation,
in consequence of the absence of His Majesty the Emperor. The question was
one which demanded personal conference with his Sovereign. I have, &c.

To Earl Russell, London.

Napier.

No. 559.
Gross-

21. Decbr.

1862.

GROSSBRITANNIEN.

-

No. 559.

Botschalter in St. Petersburg an d. kön. Min. d. Ausw.
Den Wunsch des Königs von Bayern, den griechischen Thron seiner
Familie zu erhalten, betr.

St. Petersburgh, December 21, (received December 26) 1862. My Lord, The Minister of Bavaria at this Court has been instructed britannien, to state to Prince Gortchakoff that His Bavarian Majesty attaches great importance to the preservation of the Crown of Greece in his family, and will be happy to entertain any overtures which may be made to him with a view to the selection of a Sovereign for Greece in his House. It is hinted in such a case the ex-King Otho might be disposed to make a formal act of abdication. Prince ག Gortchakoff has not given any decided reply to the overtures of Baron Perglas. I have, &c.

To Earl Russell, London.

Napier.

4

No. 560.

Gross

und

No. 560.

FRANKREICH, grossbritannIEN und RUSSLAND. - Die Minister der drei Gross-
mächte in Athen an die provisorische Regierung von Griechenland.
Erklärung, dass weder der Prinz Alfred von England noch der Herzog
von Leuchtenberg-Romanowsky die griechische Krone annehmen könne.

Les soussignés, ministres de France, de Grande-Bretagne et de Russie,
Frankreich, ont l'honneur de porter à la connaissance de M. Bulgaris l'engagement pris le 4
britannien de ce mois par les trois Cours, et revêtu le même jour de la signature de leurs
Russland, plénipotentiaires. La France, la Grande-Bretagne et la Russie se déclarent

1862. liées par l'engagement qu'aucun membre des familles impériales et royales,
régnant sur les trois États, ne pourraient accepter ou porter la couronne de
Grèce. En conséquence, ni S. A. R. Me le prince Alfred, membre de la

13. Decbr.

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