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raux,

Tout en se montrant

1862.

mettait pas, toutefois, d'espérer un retour d'opinion en faveur du roi Othon, No. 555. Frankreich, dont nous ne pouvions que déplorer le malheur, et nous n'avons pas tardé à 4. Decbr. acquérir la conviction que tout effort tenté pour reporter les suffrages des Grecs sur un prince de sa dynastie échouerait infailliblement. Cet avis était partagé par le cabinet anglais comme par le Gouvernement russe. d'abord disposées à recommander la candidature d'un prince bavarois, les trois Cours n'avaient pas pensé que l'on pût l'imposer à la Grèce. Elle allait donc, selon toutes les vraisemblances, demander un souverain à une autre maison régnante. Les Puissances protectrices se trouvaient ainsi replacées dans la position où elles étaient avant d'avoir appelé le roi Othon au trône hellénique. Obéissant à une préoccupation dictée par un juste sentiment des intérêts généelles s'étaient interdit dès 1827, par des stipulations expresses, toute recherche d'avantages particuliers, politiques ou commerciaux, et, faisant au choix du souverain de la Grèce l'application de ce principe, elles avaient signé, le 3 février 1830*), un protocole qui excluait toute candidature d'un prince de leurs dynasties. Elles n'avaient désigné d'abord le prince Léopold de SaxeCobourg, aujourd'hui roi des Belges, qu'en établissant qu'il avait cessé d'appartenir à la famille royale d'Angleterre. En un sens, nous le reconnaissons, les circonstances ne sont plus absolument identiques. Alors les trois Cours étaient chargées, par une délégation formelle, de disposer elles-mêmes de la couronne. Aujourd'hui, les Grecs font directement usage de leur souveraineté, et la France, l'Angleterre et la Russie ont pu prononcer des exclusions qui les obligent encore réciproquement, sans être fondées peut-être, à les imposer en ce moment à la Grèce. Mais sans prétendre que la clause réstrictive du protocole du 3 février 1830 soit rigoureusement applicable dans les termes à l'état présent des choses, je ne crois pas me tromper en disant que cette stipulation subsiste toute entière dans son esprit, et que, sous ce rapport, elle est permanente, comme les intérêts qui l'ont dictée. Elle a eu pour objet d'empêcher que la Grèce ne se trouvât un jour livrée à l'influence exclusive de l'une des trois Cours, parce que celle qui deviendrait prépondérante sur ce point ne tarderait pas à l'être dans tout l'Orient, dont le sort serait de ce moment entre ses mains. C'est en nous inspirant de ces considérations que nous avons dû apprécier l'élection du nouveau souverain et les diverses candidatures dont il a été question. ¶ Il nous a été aisé de nous convaincre que les Grecs obéissaient avant tout à la pensée de demander un roi à une puissance assez forte pour leur apporter un appui et seconder leurs aspirations. Le Gouvernement de l'Empereur attachait, pour sa part, le plus grand prix à rester dégagé de toute vue intéressée; s'il eût été moins libre de préoccupations personnelles, s'il eût moins tenu compte des intérêts généraux et des traités qui les protègent, il pouvait offrir aux suffrages de la Grèce un nom qui n'eût pas été sans prestige. Il a préféré donner un nouveau gage de sa sollicitude pour le repos de l'Europe, et, confirmant scrupuleusement sa conduite à ses engagements, il s'est refusé à toute idée d'une candidature française. ¶ Nous n'avons eu d'abord à nous exprimer qu'en termes généraux sur celle du prince

*) Bd. III. No. 467.

No. 555. Alfred et du duc de Leuchtenberg. Frankreich,

1862.

Nous ne pouvions entrer dans un examen

4. Decbr. plus approfondi tant que nous avions des raisons de penser que le Gouvernement de S. M. Britannique n'était pas disposé à accorder le prince Alfred aux voeux des Grecs. Tout ce que nous avons pu dire, dès l'origine, c'est que la pensée d'une royauté anglaise à Athènes, se rattachant, dans les combinaisons des Grecs, à l'abandon présumé des îles Ioniennes par l'Angleterre, réveillerait chez eux des aspirations qui pouvaient faire naître les complications les plus graves, et qui surexciteraient inévitablement encore la confiance qu'ils placeraient dans l'appui de l'Angleterre. Par son origine, le duc de Leuchtenberg avait des titres à la sympathie particulière du Gouvernement de l'Empereur. Il y aurait peut-être eu lieu d'examiner si, n'étant pas réellement admis au rang des Princes de la famille impériale de Russie ni apte à succéder à la couronne, il était atteint par l'exclusion stipulée dans le protocole de 1830 et s'il ne se trouvait pas dans une position analogue, sous plus d'un rapport, à celle où était, à l'égard de la maison d'Angleterre, le prince Léopold de Saxe-Cobourg, à l'époque où il fut choisi par les trois Puissances comme souverain de la Grèce. Nous avons mieux aimé reconnaître sans hésiter que son avènement pourrait aussi causer quelque agitation en Orient, en constatant toutefois que ces inconvénients seraient peutêtre moindres avec un prince qui, appartenant à l'église d'Orient et donnant satisfaction au sentiment religieux des Grecs, serait moins obligé de flatter l'ambition nationale et d'offrir à la Grèce des espérances immédiates d'agrandissement. En définitive, le Gouvernement de l'Empereur, en s'exprimant ainsi, émettait simplement une opinion, sans s'écarter en rien de sa ligne de conduite; il n'avait point de candidat et il était prêt à se concerter avec l'Angleterre et la Russie pour venir en aide à la Grèce, en éclairant et en dirigeant au besoin officieusement son choix, au milieu des difficultés qu'elle rencontrait à concilier ses voeux avec les intérêts de l'Europe et les dispositions des traités. ¶ Le Gouvernement de S. M. Britannique nous proposait une démarche collective ayant pour but de déclarer à Athènes que les trois Cours protectrices envisageaient comme étant toujours en vigueur les engagements résultant du protocole de Londres, et qu'elles ne reconnaîtraient pas l'élection d'un prince appartenant à l'une des trois familles de France, d'Angleterre et de Russie. La pensée de proclamer pour chacune d'elles la force obligatoire des exclusions formulées en 1830 n'avait rien que de conforme à nos propres intentions, et nous l'avions énoncée spontanément à Athènes au lendemain de la révolution. Aussi avonsnous répondu au cabinet de Londres que nous étions tout disposés à faire savoir au Gouvernement provisoire de la Grèce que nous nous considérions comme liés par nos obligations antérieures. Les principes de notre droit public ne nous autorisaient pas, il est vrai, à établir dans un document officiel que nous refuserions indéfiniment de reconnaître un souverain qui aurait été élu par le suffrage libre et spontané de la Grèce, en désaccord avec les engagements que les Puissances ont entre elles. Mais, sous cette réserve, nous n'avions aucune répugnance à nous associer aux vues du Gouvernement anglais et à nous entendre avec lui, ainsi qu'avec le cabinet russe, pour écarter toute candidature qui ne serait pas dans les conditions prévues par les actes de la conférence de Londres.

Frankreich,

1862.

¶ La même proposition ayant été portée à St.-Pétersbourg, la Russie, après No. 555. avoir décliné une démarche collective, s'était offerte également à avertir les Grecs, 4. Decbr. si le Gouvernement anglais faisait de son côté la même notification, qu'elle admettait comme étant toujours valables les stipulations de 1830; mais cette réponse n'avait pas satisfait aux préoccupations du cabinet de Londres. Il semblait voir dans l'hésitation de la Russie à s'expliquer sur la question de savoir si le duc de Leuchtenberg était compris pour elle dans les exclusions, une circonstance qui pouvait le délier lui-même de ses engagements et lui rendre l'entière indépendance de ses résolutions. La candidature du prince Alfred, que ne repoussaient plus aussi formellement les organes semi-officiels du ministère anglais, prenait dès ce moment un caractère nouveau. Interprétant le silence prolongé du Gouvernement britannique, les Grecs paraissaient croire à un assentiment implicite, et l'opinion en Europe ne se demandait déjà plus si le prince Alfred serait élu, mais si l'Angleterre accepterait pour lui la couronne hellénique.

Un sentiment de prévoyance obligeait le Gouvernement de l'Empereur à se placer en présence de cette éventualité et à en examiner les conséquences possibles. La cordialité de nos rapports nous permettait de nous en expliquer en toute franchise avec le Gouvernement de S. M. Britannique. Nous ne lui avons donc pas caché nos appréciations. ¶,,L'établissement d'une royauté anglaise à Athènes, avons-nous dit, apporterait des modifications profondes dans la position des puissances en Orient. Contraire à l'esprit des actes qui, en fondant le royaume de Grèce, ont voulu le soustraire à toute action prépondérante de l'une des trois Cours, un fait aussi considérable menacerait le sage équilibre que d'autres traités plus récents ont eu pour objet de fortifier encore. Dût-il n'en résulter aucun changement immédiat dans la politique anglaise à l'égard de l'Empire Ottoman, le cabinet de Londres aurait désormais entre les mains les moyens de faire sentir à son gré son influence sur tous les points de la Turquie; et comme, en unissant le sort d'un prince de la famille royale d'Angleterre aux destinées de la Grèce, sa pensée ne pourrait être de comprimer le sentiment national des Hellènes, il se trouverait tôt ou tard entraîné, par la force des choses, à seconder des tendances en désaccord avec la conservation de l'Empire Ottoman. La question d'Orient pourrait donc se rouvrir dans des conditions toutes nouvelles. Les intérêts des autres puissances auraient à en souffrir dès à présent et seraient gravement compromis dans l'avenir. Le Gouvernement de l'Empereur, en ce qui le concerne, ne pourrait moins faire que de prendre acte d'un semblable événement, en se réservant d'aviser, s'il y avait lieu, au rétablissement de l'équilibre altéré." Tel est en substance le langage que ¶ nous avons tenu dans la prévision qu'autorisaient les manifestations de l'opinion publique en Grèce et la réserve que le cabinet anglais gardait sur ses intentions depuis les dernières communications du Gouvernement russe. Le cabinet de Londres nous a répondu en renouvelant l'assurance de son désir de rester dans les prescriptions des traités, et en ajoutant qu'il refuserait d'accepter la candidature du prince Alfred, si la Cour de Russie prenait, de son côté, le même engagement à l'égard du duc de Leuchtenberg. Désirant contribuer, autant qu'il dépendait de nous, à prévenir les embarras et les dangers que nous avions

1862.

No. 555. signalés, nous n'avons pas hésité à conseiller au Gouvernement russe de donner Frankreich, 4. Decbr. les explications qui lui étaient demandées. Il n'avait aucune objection à se déclarer lié par le protocole du 3 février; en se prononçant en termes plus formels sur la position du duc de Leuchtenberg, il pouvait lever les difficultés qui subsistaient encore, et l'ambassadeur de l'Empereur à St.-Pétersbourg a été chargé de s'exprimer très-nettement dans le sens d'une exclusion explicite. Bien que des informations venues de Grèce parussent un moment moins défavorables à la candidature du duc de Leuchtenberg, le ministre de l'Empereur à Athènes a été invité, par ordre exprès de Sa Majesté, à s'abstenir d'y donner aucun encouragement. La Cour de Russie, qui déjà venait de prescrire à son représentant en Grèce de faire la déclaration suggérée par le Gouvernement anglais, au sujet des engagements de 1830, a bien voulu, en nous informant de cette démarche, ajouter que, sans discuter l'état civil du duc de Leuchtenberg, elle renonçait pour lui à toute candidature. Rien ne saurait s'opposer aujourd'hui à l'entente des trois Cours. Nous espérons donc que les cabinets ne tarderont pas à être en mesure de recommander un candidat aux suffrages de la Grèce, et de mettre fin à une agitation qui, après avoir été stérile, pourrait devenir dangereuse. Vous êtes autorisé à donner lecture de cette dépêche à M. le ministre des affaires étrangères de . . . . . ., et j'aime à me persuader qu'il appréciera la sollicitude que le Gouvernement de Sa Majesté a montrée pour les grands intérêts dont il avait à tenir compte et avant tout pour la conservation de l'équilibre qui en est la plus sûre garantie.

No. 556.

Drouyn de Lhuys.

No. 556.
Gross-

20. Dec.

GROSSBRITANNIEN.

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Min. d. Ausw. an d. königl. Botschafter in Paris. Eine Unterredung mit dem Marquis von Cadore, die griechische Königs

wahl betr.) —

Foreign Office, December 20, 1862.

The Marquis of Cadore called upon me this day at the Foreign Office, britannien, by appointment, to read to me the circular of M. Drouyn de Lhuys relating to 1862. the affairs of Greece. As the circular had already appeared in the newspapers, I did not require M. de Cadore to take the trouble of reading it. But I observed that while M. Drouyn de Lhuys gave, no doubt, an accurate account of the proceedings of his own Government, I could not accept as accurate the account he gave of the conduct of the British Government. But as that conduct would appear in detail in the papers to be laid before Parliament, I did not wish to enter into any discussion on the subject. The line of Great Britain upon this question has been clear and simple. She might bind herself by a Protocol or a Declaration by which the other two Protecting Powers should be equally bound; or she might, for the sake of British interests, refuse to entangle herself

*) Depeschen gleichen Inhalts sind an die übrigen Vertreter Grossbritanniens bei den europäischen Höfen gerichtet worden.

Gross

20. Decbr.

1862.

in the politics of Greece, and to separate from her own Royal Family a Prince No. 556. so near in the order of succession to the Crown. But, as Her Majesty's Go- britannien, vernment considered the Duke of Leuchtenberg as a Prince of the Imperial Family of Russia, they could not declare themselves to be bound by the Protocol of 1830, without knowing what that Protocol meant. If it was meant that Prince Alfred should be bound to refuse, and Prince Romanoffsky free to accept, the Crown of Greece, that would have been in the eyes of Her Majesty's Government a position of inferiority and inequality which Great Britain could not accept. The notes exchanged between Baron Brunnow and me, of which I in close copies **) put an end to all question upon this subject. ¶ I am, &c.

Russell.

To Earl Cowley, Paris.

No. 557.

RUSSLAND. Min. d. Ausw. an die Gesandtschaften im Auslande. Die
Stellung Russlands zur Frage der Wiederbesetzung des griechischen
Thrones betr.

St.-Pétersbourg, le 2/14 décembre 1862.

No. 557. Russland,

1862.

Le bruit qui s'est fait en Europe autour de la question grecque et les 2/14. Dec. conjectures erronées qui se sont accréditées à ce sujet m'engagent à vous faire connaître l'attitude que, pour sa part, le cabinet impérial a adoptée dès l'origine et dans le cours de cette crise. Lorsqu'elle éclata d'une manière si subite, les premières nouvelles que la télégraphie en porta à l'Europe étaient trop vagues pour qu'il fût possible d'apprécier exactement la situation. Les seules directions que, dès le 14 octobre, j'adressai par télégraphe à notre ministre à Athènes, d'ordre de Sa Majesté l'Empereur, furent de ne point séparer son action de celle de ses collègues, de rester dans le pays comme simple observateur et sans entrer en relations officielles avec le Gouvernement provisoire. Je lui annonçai qu'une frégate russe était mise à sa disposition, non comme démonstration politique, mais pour que notre représentant fût, sous ce rapport, sur le même pied que ses collègues de France et d'Angleterre. Le 18 octobre, nous étions informés, par notre ambassadeur à Londres, que le cabinet anglais avait pris en Grèce une position analogue à celle que nous venions de prescrire au comte Bloudow. Comme nous il désirait un concert entre les trois grandes Puissances garantes; comme nous il prescrivait à son représentant de s'abstenir de toute ingérence dans les événements, et mettait à sa disposition des forces navales destinées à protéger ses nationaux. Le Gouvernement français nous témoigna des intentions analogues, et ainsi se trouva posé spontanément un principe essentiel à nos yeux, celui du maintien de l'entente entre les trois Cours. Pour mieux préciser cette entente, l'Empereur m'ordonna d'informer les cabinets de Londres et de Paris que Sa Majesté restait fidèle à l'engagement commun aux trois Cours protectrices, et qui exclut du trône de Grèce les membres de leurs familles. Cette

*) No. 548 u. 549.

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