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abandonnait un fort qui aurait pu résister à une armée, a une faible troupe exténuée de fatigue, qui était sans moyens d'existence et ne pouvait plus prolonger son attaque. Les Français rentrèrent ainsi dans possession de la baye d'Hudson par une affaire qui ajouta considérablement à la gloire de d'Yberville, qui s'etait déja illustré dans un si grand nombre d'occasions et qui devait continuer à le faire jusqu'à sa mort; apres ses étonnans succés il partit pour la France et y arriva le 8 Novembre 1697, avec deux novices dont la presque totalité des equipages était atteinte du scorbut.

Mr. de Lasalle en descendant le Misissippi par le pays des Illinois, avait découvert en 1682, la vaste contrée à la quelle il donna le nom de Louisiane qu'elle a toujours conservé depuis. En 1684, il obtint du gouvernement Français d'aller par mer à la recherche de l'embouchure du Misissipi: afin d'y former des etablissemens, son entreprise echoua; il passa devant cette embouchure sans la reconnaitre et aprés de longs malheurs, il périt assassiné par les siens. Apres sa fin tragique on avait paru renoncer à son projet ; mais d'Yberville en revenant de son expedition de la baye d'Hudson réveilla l'attention du gouvernement Français sur son importance, et on arma à Rochefort les 2 batimens le Français et la Renommée, pour aller à la recherche du grand fleuve qui n'avait encore été découvert que par terre. Il eut le commandement du deuxième navire et Mr. Le Marquis de Chateaumorand, celui du premier, le 11 Decembre il mouilla au cap Français de St. Domingue, et aprés l'avoir entretenu le gouverneur de l'isle manda à Mr. De Pontchartrain ministre de la marine, que ses vues et son génie lui paraissaient répondre à sa valeur et à son habileté dans la guerre: le 27 Janvier, 1699, les deux capitaines, aperçurent la Floride et se présentèrent devant Pensacola; mais le gouverneur Espagnol refusa de les recevoir. Le 31 Janvier, d'Yberville mouilla dans la Maubile grande rivière paralléle au Misissipi, et le 2 Juillet suivant il entra dans ce fleuve et y prit possession d'une isle qu'il appela Isle Massacre, par ce qu'il y trouva plusieurs ossemens peu anciens. Cette isle a reçu plus tard le nom d'isle Dauphine, apres avoir reconnu cette embouchure si long temps cherchée, d'Yberville revient faire part de sa découverte à Mr. De Chateaumorand qui le suivait a petites voiles, et qui n'étant venu que pour l'acompagner jusques là, partit avec son batiment le Français et retourna à St. Domingue. Alors d'Yberville rentra dans le Misissipi avec l'intention de remonter le fleuve et il reconnut combien peu il devait compter sur la relation attribuée au chevalier de Tonti et sur toutes celles du père Hennepir qu'il avait déja trouvées en defaut sur le Canada et sur la baye d'Hudson.

D'Yberville batit un fort dans la Baye du Biloxi située entre le Misissipi et la Maubile, y laissa Bienville son frère et retourna en France. Il n'y resta pas longtemps; car il etait de retour au Biloxi, le 8 Janvier, 1700, il y apprit qu'en September de l'année précedente, une corvette Anglaise de 12 canons etait entrée dans le Misisipi; mais que Bienville l'avait forcée à se retirer. D'Yberville

renouvela alors la prise de possession de toute la Louisiane, faite par Mr. de la Salle vingt ans auparavant. Il construisit un 2eme fort sur le bord du fleuve où il plaça 4 canons, qu'il nomma Nouveau Biloxi, et dont il confia la garde à Bienville, le chevalier de Tonti vint l'y rejoindre en descendant le fleuve, et lui protesta que la relation qui courait sous son nom et qui était tres inexacte, n'était pas de lui, mais d'un aventurier Parisien qui l'avait composée sur de mauvais mémoires. M. d'Yberville remonta le Misissipi jusqu'aux Natchez, ou il projeta de fonder une ville sous le nom de Rosalie, projet qui ne fut pas mis à exécution; plus tard seulement, son frère Bienville y établit un fort auquel il donna ce nom.

Dans les trois années qui suivirent la découverte de l'embouchure du Misissipi, d'Yberville fit deux nouveaux voyages à la Louisiane, pour y consolider, les établissemens Français, et reconnaitre les avantages que l'ou pourrait retirer des découverte faites dans sa derniere campagne. En 1702, il attrapa la fievre jaune, il en guérit, mais il fut long temps souffrant par suite de l'affaiblissement de sa santé, occasionné par les fatigues inouies qu'il avait éprouvées pendant un grand nombre d'années. Il ne put reprendre un service actif qu'en 1705. Il eut à la fin de cette année la le commandement d'une division de 6 batimens de guerre, avec les quels il se rendit à la Martinique où il arriva le 7 Mars, 1706. Il y prit ouze cents matelots et plusieurs flibustiers; et s'étant joint au comte de Chavagnac, ils attaquèrent le 2 Avril l'isle de Niéres chassèrent dabord les Anglais de l'isle de la pointe où ils s'étaient retirés. Ceux ci se retranchérent ensuite dans un endroit dont les avenues étaient presque impracticables; mais d'Yberville qui ne se laissait effrayer par aucuns dangers, les y attaqua et les força à capituler. Les officiers, les soldats, et tous les habitans furent faits prisonniers de guerre, et l'on remit entre les mains des Français tous les negres de l'isle, qui étaient au nombre de plus de 7000, et trente navires les uns armés en guerre, les autres chargés de marchandises, ce qui fit aux Anglais, un tort de plus de quatre millions. Ces deux actions firent d'autant plus d'honneur a MMrs. d'Yberville et de Chavagnac, quils n'y perdirent que 50 hommes.

Peu de temps aprés cette expedition, d'Yberville fut atteint par une maladie grave dont il mourut à la Havane de 9 Juillet de la même année 1706. "La marine Française et les colonies, dit Mr. de Sacy, firent en lui une perte digne de leurs regrets. Il avait été le conquérant de Terre Neuve, le restaurateur, ou pour mieux dire, le créateur de la colonie de la Louisiane, et peu de temps avant sa mort, il rassemblait des flibustiers et d'autres troupes pour conquérir la Jamaïque."

En 1700, Louis Quatorze, pour récompenser les services qui avaient été rendus à la France par Charles Lemoyne de Longueil et par ses nombreux enfans, érigea en baronnie, en faveur de son fils ainé et de ses descendans par primogéniture, la propriété qu'il avait établie prés de Montréal et a laquelle il avait donné son nom de Longueil.

Ce premier Baron de Longueil est mort gouverneur de Montréal aprés 58 ans de services, il a eu deux fils: l'ainé qui a été le deuxieme Baron de Longueil, a servi pendant 45 ans, et il est mort comme son pére, gouverneur de Montréal, le Chevalier Longueil frére puiné du précédent a été gouverneur des trois rivières jusqu'au moment où le Canada a été cedé à l'Angleterre en 1763, il est venu alors s'établir en France et il est mort dans les environs de Tours, en 1772. Il avait un fils qui est retourné en Canada où il est mort sans posterité, avec lui, s'est eteinte la branche des Lemoyne de Longueil. Le second Baron de Longueil avait bien eu trois fils mais ils etaient morts jeunes et au service tous les trois, dans l'année 1756, l'ainé dans l'attaque du fort Carillion, et les deux autres qui étaient l'un enseigne de vaisseau et l'autre garde de la marine ont peri dans le naufrage du bateau du roi la Province de Guyenne. Lemoyne d'Yberville n'a laissé qu'un fils qui est mort sans postérité.

Lemoyne de Bienville seconda, comme on l'a vu, son frère Lemoyne d'Yberville, dans plusieurs de ses opérations; il a rempli avec habileté et courage plusieurs missions auprés des sauvages; il a passé une grande partie de sa vie à la Louisiane où il a formé les premiers établissements, il en a été gouverneur général pendant un tres grand nombre d'années, tant sous la Compagnie d'occident que sous la domination du roi, c'est lui qui a déterminé l'emplacement de la Nouvelle Orleans et qui en a jeté les premiers fondemens en 1717. Il a été la premiere cause de l'immense prospérité dont jouit aujourd'hui ce vaste pays, il est mort sans postérité à Paris le 7 Mars 1767.

Lemoyne de Chateauqué second du nom est mort gouverneur de Cayenne. Il a laissé un fils qui, aprés avoir servi dans la marine, s'est retiré à la Martinique où il a été assassiné dans les troubles du commencement de la révolution Française, il avait trois fils dont deux étaient au service, ils sont morts tous les trois sans postérité.

La seule branche de la famille Lemoyne qui ait continué ses services en France, est celle des Lemoyne de Sérigny. Le chef de cette branche a partagé la gloire que s'est acquise son frère d'Yberville en s'emparant du fort Bourbon en 1697. Il a été chargé depuis d'un grand nombre de missions dont il s'est tiré avec beaucoup d'honneur, il a eu plusieurs beaux combats. Le 14 Janvier, 1719, il a pris aux Espagnols le fort important de Pensacola, comme il avait été repris et que sa garnison avait été considérablement augmentée, on envoya une escadre commandée par le comte de Champaulin, pour l'attaquer de nouveau. M. de Champaulin et son conseil balançaient pour faire entrer leurs vaisseaux dans le port, Sérigny seul se prononça pour l'affirmative. Il avait été chargé de sonder l'entrée, et comme il ne pouvait pas ramener les autres commandans à son opinion par de simples raisonnemens, il osa répondre sur sa tête des succés de l'entreprise, alors toute hesitation cessa; l'escadre passa: ou prit le fort et on fit 1,500 prisonniers.

Sérigny partit pour la France le 27 Juin, 1720, et il apprit en arrivant à Brest que le roi l'avait nommé capitaine de vaisseau. "Recompense, dit Charlevoix, qui était bien due à sa valeur, à sa bonne conduite et au zéle avec lequel il avait servi son prince depuis l'enfance, n'ayant jamais monté à aucun grade dans la marine, qu'aprés s'être distingué par quelqu'action marquante ou par quelque service important."

Il a été nommé gouverneur de Rochefort en 1723, et il y est mort en 1734, commandant de la marine par interim.

On ne sera pas surpris que ce brave officier qui avait consacré toute sa vie à la glorie, soit mort sans aucune fortune, ses deux fils ont été reduits à n'accepter sa succession que sons bénéfice d'inventaire. Tous les deux sont entrés au service. L'ainé est parvenu au grade de capitaine de vaisseau: il est mort en 1753, major de la marine à Rochefort. Le second a été capitaine dans le regiment du roi. Il a fait toutes les campagnes de Bohême et y a reçu deux blesseures, les descendans des deux branches de Sérigny ont tons servi dans la marine et tous les membres de cette famille ont été décorés de la croix de St. Louis.

SKETCH

OF THE LIFE AND CHARACTER

OF

JOHN LAW

CONTROULLER GENERAL OF FINANCES, AND AUTHOR OF THE INDIA COMPANY.

Notice Sur Jean Law, ancien Directeur Général de la Compagnie des Indes et Contrôleur Général des Finances.

Si la derniére regence n'a pas été troublée par la guerre, si elle a entretenu le calme chez nos voisins, il n'y a pas eu la même tranquillité au dedans: toutes les passions qui agitent avec le plus de violence le cœur humain se sont réveillées et ont cru être libres aprés la mort du roi qui les avait sagement contenues par son ancienne et puissante autorité, on gémissait, sous son règne, de la liberté perdue: chacun crut, aprés sa mort, avoir acquis le droit le de blâmer, de conduire, de réformer et de juger le gouvernement selon les projets d'ambition et de cupidité qu'on avait dans cœur. Voilà la situation où étaient les esprits aprés que le Duc d'Orléans eût pris les rênes du gouvernement quelle était alors celle des finances?

Deux guerres pendant vingt six ans avaient occasionné des dépenses extraordinaires pour les quelles le roi avait été obligé d'emprunter à des conditions qui devenaient plus dures à proportion que ses besoins augmentaient, il n'avait pas été heureux dans le choix de ses ministres des finances et on peut dire hardiment que la maniéres dont elles avaient été administrées depuis Mr. Colbert a fait plus de tort à l'etat que la guerre même, à bien prendre les ministres n'ont eu que l'air de gouverneur les finances: au fond c'est le corps des gens d'affaires qui les a conduites et qui a ôté aux ministres la liberté de disposer des revenus du roi, sans se servir d'eux pour les recevoir.

Ainsi les ministres n'ont été maitres que de la dépenses et ils ont dépendu des gens d'affaires pour la recette, la quelle passant dans leurs mains n'a passé qu'en partie dans celles du roi, quoique le peuple ait été accablé d'impositions, et le choix des nouvelles impoVOL. II.

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