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Anthony Vandyck, les deux Van de Velde et une foule d'autres étrangers dominer à la lettre V les maîtres anglais par la triple supériorité du génie, du talent et du nombre.

M. Redgrave, qui demande comme un service « de lui signaler ses omissions ou ses erreurs », doit réparer un oubli important en accordant une place d'honneur parmi les étrangers qui ont le plus contribué dans ces derniers temps au progrès du goût en Angleterre, à l'éminent sculpteur et orfévre français, Antoine Vechte. MM. Hunt et Roskell, les fameux orfévres de la reine, n'ont-ils point pendant dix ans accaparé les plus merveilleuses créations du moderne Cellini?

Pour en finir avec la très-courte part de la critique, nous nous permettrons d'appeler l'attention de l'auteur sur son appréciation du talent du Van der Neer anglais; il nous paraît traiter John Bernay Crome comme on jugea son père Old Crome, et cependant le jeune Crome se montre fréquemment le digne émule du vieux, que l'on prise aujourd'hui si haut; tous deux ont droit à l'admiration de la postérité qui, pour l'un et pour l'autre, a été bien lente à se montrer juste.

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Le Dictionary of Artists of the English School abonde en notices. très-vivantes; ce n'est pas un mince mérite d'avoir su éviter la sécheresse, en quelque sorte inhérente aux livres de ce genre. Nous avons lu avec un extrême intérêt les rapides et très-complètes biographies de Sir William Allan, qui fut président de la Royal Scotch Academy, de Bonington, un maître exquis que cependant ses compatriotes, il faut, bien entendu, en excepter Sir Richard Wallace, -tiennent encore en moins grand honneur que ne le font les amateurs du continent, de Charles Brooking, le mariniste mort à trente-six ans, et dont on ne connaît qu'un seul tableau sur le continent, celui qui fait partie du cabinet de M. John W. Wilson, — de Sir Augustus Calcott, un des bons paysagistes de l'École, - de l'illustre John Constable, dont la France la première salua le génie, tandis que l'Angleterre le dédaignait et qu'il était réduit à entasser ses tableaux dans sa modeste demeure et à « annoncer qu'ils y étaient à voir gratis chaque jour », - de Richard Cosway, l'éminent miniaturiste, et le plus vaniteux de tous les excentriques, du paysagiste Thomas Creswick, aquafortiste très-distingué, -d'Old Crome, cet Hobbema de Norwich, qui ainsi que son fils, John Bernay, et son beau-frère et son neveu, Robert et Henry Ladbrooke, méritent à tous égards encore « un peu plus d'écriture », — de Sir Charles Eastlake, le regretté directeur de la National Gallery et le peu regrettable peintre d'histoire, — de William Etty, dont les nobles aspirations ne furent jamais égalées par les résultats auxquels il atteignit, - de William Ferguson, un Anglais

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qui est un Flamand, tant il s'est incarné dans Johannes Fyt, de la dynastie des Fielding, dont l'aquarelliste Anthony Van Dyke (sic) Copley Fielding est le plus brillant représentant, -de Gainsborough, illustre entre tous les maîtres anglais pour les passionnés de peinture; - Reynolds est un talent éminent, cela est hors conteste, mais que ses perpétuelles préoccupations et ses recherches sans fin le placent loin de la liberté géniale de son grand rival, l'un des plus merveilleux séducteurs qui aient jamais tenu un pinceau!

Voici Gilpin, qui a fait faire tant de progrès à l'aquarelle, Sir John Watson Gordon, le portraitiste dont on se rappelle le succès à l'Exposition universelle de Paris en 1855; Hogarth, dont la renommée universelle affirmait l'École anglaise longtemps avant qu'on eût cessé de discuter son existence; Hoppner, séduisant interprète des plus séduisantes beautés des Trois-Royaumes; Sir Thomas Lawrence, son glorieux rival; JuliusCæsar Ibbetson, le Joseph Vernet et l'Hubert Robert de la Grande-Bretagne; Sir Edwin Landseer, le mort illustre le plus récent, 1er octobre 1873, -de cette longue galerie biographique; Sir Peter Lely, ce pâle clair de lune qui succéda à Van Dyck dans la faveur royale; George Morland, ce colossal viveur, qui, artiste des pieds à la tête, resta et fut constamment artiste malgré la plus impossible des existences. Un vrai peintre! C'est une bonne fortune pour la Gazette d'avoir trouvé en M. Waltner un si excellent interprète de l'un de ses tableaux : les deux Cochers. Grâce à M. Redgrave, nous apprenons que Morland avait de qui tenir, et comme passion pour la peinture et comme amant du désordre; son grand-père, George Henry, qui peignait, lui aussi, le genre, recevait en 1760 un secours pécuniaire de la Société des Artistes; son père, Henry Robert, portraitiste de mérite, fut tour à tour dessinateur, graveur, restaurateur et marchand de tableaux, pour aboutir à se ruiner; sa mère, Maria Morland, exposa à la Royal Academy en 1785; quant à lui, qui exécuta pour rien, ou autant vaut, des centaines de tableaux, la postérité s'est chargée de le venger brillamment des usuriers auxquels il livrait ses toiles. Quel contraste que cette vie échevelée avec celle de Richard Wilson, paysagiste d'infiniment de talent, dont la longue et honorable vie de travail ne connut que privations de toute nature, misère profonde et constantes déceptions!

La Gazette a obtenu de M. Albert Picard, de Bruxelles, la gracieuse autorisation de faire graver à l'eau-forte par M. Chauvel, qui l'a admirablement rendu, le Wilson qui fait partie de son cabinet: Conway Castle.

Northcote, Opie, Raeburn, Ramsay, Romney, Stanfield, Turner, West, Wilkie et, bien entendu, Reynolds, le célèbre fondateur de la Royal

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